Les 3 R pour cultiver l’intelligence émotionnelle et relationnelle à l’école : réflexion, relation, résilience.
Les 3 R pour cultiver l’intelligence émotionnelle et relationnelle à l’école : réflexion, relation, résilience.`
Daniel Siegel, neuroscientifique et auteur de Le cerveau de votre enfant et La discipline sans drame, propose de compléter les compétences dites fondamentales à l’école (lire, écrire, compter) par trois autres compétences qu’il nomme les 3 R de l’éducation : réflexion, relation, résilience.
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Réflexion
Réfléchir, c’est avoir une pensée propre, mettre des informations en perspective, faire des associations d’idées, faire preuve de souplesse d’esprit, appliquer des connaissances à un problème de manière appropriée, analyser un problème ou des informations, faire des hypothèses, expérimenter, comparer, trier les connaissances pertinentes pour tel ou tel problème, savoir où chercher une information fiable, vérifier les sources des informations, développer une opinion critique, accepter de se tromper, recommencer autrement, apprendre des autres et de ses erreurs…
Au quotidien, une attitude qui favorise la rigueur intellectuelle, l’humilité et le jugement personnel est d’aider les enfants à trouver leurs propres réponses plutôt que les leur donner pré mâchées :
- Entendre les questions de l’enfant (ne pas les censurer ou les ignorer)
- Encourager la recherche des enfants par des questions : et toi, qu’est-ce que tu en penses ? es-tu d’accord ?
- Ne pas donner d’emblée le point de vue des adultes ou des professionnels
- Inciter à approfondir les idées en reformulant
- Demander où trouver des ressources pour préciser les réponses
- Donner l’exemple : se poser des questions, raisonner pour y répondre, faire des hypothèses, chercher des réponses auprès de plusieurs sources
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Relation
On ne peut pas aborder la notion des relations avec les autres sans aborder en parallèle la relation avec soi-même. On en vient alors à parler d’intelligence émotionnelle.
1. Les compétences intrapersonnelles (ce qui se passe à l’intérieur de soi-même)
Michel Claeys Bouüaert définit l’intelligence émotionnelle comme “le degré de maturité émotionnelle d’un individu, sa capacité à être en paix avec lui-même, à rester émotionnellement en équilibre, conscient de ses émotions mais sans se laisser emporter par elles.” Une personne faisant preuve d’intelligence émotionnelle sera capable de maintenir son équilibre intérieur et de gérer son existence efficacement, de se réaliser.
Ainsi, l’intelligence émotionnelle passe par la conscience de son corps, la gestion de ses émotions, le développement de la pensée optimiste, l’identification des atouts et ressources personnelles ou encore la prise de décision assumée.
2. Les compétences interpersonnelles (les relations de la personne avec son environnement et les autres)
L’intelligence émotionnelle inclura également les “capacités de l’individu à établir avec le monde qui l’entoure des relations harmonieuses, créatives, assurées en même temps que respectueuses.” Une personne faisant preuve d’intelligence émotionnelle sera capable de s’intégrer socialement.
Elle est liée à un ensemble de compétences qui vont de l’intelligence sociale au sens de la coopération, du sens des responsabilités envers la nature à l’empathie.
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Résilience
La résilience est définie comme « l’art de naviguer dans les torrents » par Boris Cyrulnik. C’est la capacité à rebondir après des événements douloureux et à surmonter les épreuves de la vie. La résilience est un processus entre des caractéristiques individuelles et l’environnement dans lequel l’individu évolue. On peut voir le concept de résilience comme une balance entre les expériences positives et les expériences négatives avec les gênes en guise de pivot. Les gênes peuvent rendre plus ou moins vulnérables au stress : le pivot peut donc être déplacé à gauche ou à droite selon les personnes.
Les expériences positives ou négatives peuvent recouvrir plusieurs formes :
- une relation bienveillante avec un adulte, la sécurité affective et financière, une bonne santé
- la pauvreté, l’exposition à la violence, un faible niveau d’éducation…
Le cumul d’expériences de même nature va faire pencher la balance à droite ou à gauche. Les expériences de nature opposée vont en contre balancer les effets.
Quand les expériences positives s’accumulent et que les enfants apprennent des compétences de résilience telles que la régulation du stress, la résolution de problèmes, la gestion des émotions ou encore la capacité à prévoir et à anticiper, le pivot bouge et la capacité de résilience croit.
Martin Seligman, professeur en psychologie positive, estime que le bien-être est un « sous-produit » de la réussite. Plutôt que d’intervenir pour que les enfants se sentent mieux dans une perspective de bien-être, ce psychologue américain propose une « approche de la réussite ». Les adultes s’appuyant sur cette approche de la réussite des enfants interviennent :
- pour modifier la façon de penser des enfants à propos de l’échec,
- pour encourager la persévérance plutôt que la simple réussite.
A cette fin, deux clés peuvent nous guider :
- changer le pessimisme en optimisme,
- changer l’impuissance en maîtrise.
Ainsi, on le voit, la résilience est liée à un état d’esprit et à un entourage bienveillant.
La résilience dépend de relations encourageantes et ouvertes ainsi que de la maîtrise d’un ensemble de compétences qui nous aident à répondre et à s’adapter à l’adversité de manière saine. Ce sont ces compétences et ces relations qui peuvent transformer un stress toxique en stress tolérable. – Jack Shonkoff, directeur du Center on the Developing Child at Harvard
La psychologie positive reconnaît 4 muscles de la résilience :
- Être entouré de personnes bien attentionnées et bienveillantes
- Connaître ses forces, ses talents
- Pouvoir s’appuyer sur des preuves du dépassement des obstacles dans le passé
- Intégrer les émotions agréables et la gratitude dans la vie de tous les jours