Le chamboulement cérébral des adolescents explique leurs comportements parfois désorientants. 

Le cerveau des adolescents est remodelé comme un jardin qui fructifie.

Le chamboulement cerebral des adolescents

David Gourion, médecin psychiatre français, estime que le cerveau des adolescents est un « magnifique jardin ». Le temps de l’adolescence est la seconde période de plasticité cérébrale (après celle qui se déroule dans le ventre de la mère) pendant laquelle des réseaux de neurones apparaissent ou disparaissent. En filant la métaphore, David Gourion estime qu’il y a quatre étapes dans le développement du cerveau humain, semblables à celles d’un jardin qui fructifie :

  • Etape n°1 : « planifier et planter ». Dès la croissance in utero, les gènes à l’origine de la constitution du cerveau humain constituent les grandes lignes de la personnalité.

 

  • Etape n°2 : la « germination des jeunes pousses ». Le câblage neuronal travaille durant toute l’enfance jusqu’à la pré-adolescence. La matière grise (qu’on peut définir comme les corps cellulaires des neurones) et la matière blanche (les fibres nerveuses qui transmettent les messages) sont en croissance jusqu’à la puberté. Cette croissance n’est pas linéaire et varie selon les individus (elle ne commence pas toujours exactement au même âge et ne se termine pas toujours au même âge).

 

  • Etape n°3 : « mettre des tuteurs et faire des boutures ». La myéline se développe autour des fibres nerveuses (c’est-à-dire les gaines de transmissions), ce qui renforce les connexions entre les neurones. La myéline est une substance formée de plusieurs couches de membrane cellulaire et enveloppant, telle une gaine, les fibres prolongeant certains neurones. La gaine de myéline permet d’augmenter la vitesse de propagation de l’influx nerveux. En acquérant des compétences et des connaissances, l’adolescent développe de nouvelles connexions et même de nouveaux neurones. Une fois ces nouvelles connexions synaptiques établies, le cerveau fabrique de la myéline pour rendre le circuit de transmission plus rapide. L’information circule donc plus vite dans le cerveau.

 

  • Etape n°4  : « saison de la taille ». Le cerveau humain va élaguer l’arbre nerveux, c’est-à-dire que le cerveau réduit le nombre de ses cellules de base, de ses neurones, et de leurs connexions, les synapses. L’élagage ne se fait pas au hasard : plus un circuit neuronal est emprunté, plus il se renforce. Moins il est utilisé, plus il risque d’être éliminé au cours de l’élagage au cours de l’adolescence. A l’adolescence, le cerveau élimine des synapses inutiles (des connexions entre neurones), afin de débroussailler. Après l’adolescence, le cortex diminue.

 

Le chamboulement cérébral des adolescents explique leurs comportements parfois désorientants. 

Les processus d’élagage et de myélinisation des connexions opèrent une restructuration complète des circuits cérébraux. Les neuroscientifiques parlent de « remodelage dans les zones frontales du cortex ». Ce remodelage permet à l’adolescent de devenir conscient de lui-même, de réfléchir à la vie de manière conceptuelle et abstraite. L’adolescent commence alors à s’interroger sur sa propre personnalité et à explorer avec créativité le sens profond de la vie, de l’amitié, des apprentissages scolaires, etc.

Comme la zone en chantier est surtout celle du cortex préfrontal, les nombreuses fonctions assurées par ce dernier – contrôler les émotions, prévoir l’avenir, être lucide et empathique – sont les premières à être affectées par les émotions intenses et par l’influence des camarades. Ces fonctions sont plus fragiles et plus facilement perturbées à l’adolescence qu’à l’âge adulte.

A l’adolescence, l’esprit supprime les informations devenues inutiles (c’est l’élagage). En parallèle, des connexions neuronales plus précises et plus efficaces (la myélinisation des connexions restantes) contribuent à développer une aptitude à juger non plus uniquement d’après des détails, mais selon une vision globale et intuitive des choses.

En matière de prise de décision, l’adolescent se focalise sur des détails sans avoir le recul que confère l’expérience, et, raisonnant en termes de probabilités, il se dit qu’il a toutes les chances que tout se passe bien (sauf que parfois ce n’est pas le cas).

Les émotions intenses et leur souci d’être acceptés par leurs camarades déclenchent chez les adolescents des comportements impulsifs ou des prises de décision hyperrationnelles, motivées par la soif de récompense.

Pourtant, l’adolescence a une vraie fonction vitale dans l’évolution de l’espèce humaine (sur le plan individuel et collectif). Cette période de la vie pousse les adolescents à prendre les risques nécessaires à leur émancipation. Le pouvoir de l’esprit adolescent est avant tout sa capacité à résoudre des problèmes de manière inédite et novatrice à travers le développement d’une pensée conceptuelle et abstraite. L’adolescence n’implique pas seulement une attitude innovante, mais aussi des prises de risque et de la rébellion.

En tant qu’adultes, il existe un juste milieu possible pour accompagner les adolescents, où le besoin de nouveauté et d’exploration des ados peut être respecté et satisfait. Ce juste milieu se trouve dans une compréhension empathique et des échanges respectueux pour faciliter l’intégration entre les générations.

Pour aller plus loin : Accompagner l’adolescence : un livre optimiste avec des ressources pour des relations parents/ ados apaisées

Ainsi, comprendre les étapes du développement du cerveau peut aider à adopter une attitude positive et bienveillante envers les adolescents de la part des adultes. C’est d’autant plus important que les adolescents humains totalement isolés des adultes sont privés de ressources dont ils ont pourtant besoin (expérience, sécurité affective, attachement sécurisant, soutien).

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Source :  Le cerveau de votre ado de Daniel Siegel (éditions Les Arènes). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.

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