L’importance de l’accueil pour un climat scolaire de qualité (et pour la prévention du décrochage)
L’importance de l’accueil pour un climat scolaire de qualité (et pour la prévention du décrochage)
Un accueil de qualité participe à l’amélioration du climat scolaire
Dans leur ouvrage Décrochage scolaire, Frédérique Weixler et Christian Enault rappellent qu’un des premiers facteurs d’un climat scolaire de qualité est le soin qu’apportent les adultes à l’accueil qu’ils réservent aux élèves et parents.
Lorsqu’un élève peine à identifier de « bonnes » raisons de venir à l’école, le sourire régulier et appuyé de l’agent d’accueil, le bonjour plus personnel du chef d’établissement croisé dans un couloir ou du professeur à l’entrée de la classe revêtent alors une importance considérable. – Frédérique Weixler et Christian Enault
Ils déconstruisent d’ailleurs l’idée selon laquelle un accueil bienveillant serait synonyme de perte d’autorité. Au contraire, un accueil de qualité préserve et renforce « l’autorité » de l’équipe éducative car les élèves respectent les adultes qui leur démontrent du respect.
L’accueil pour consolider le sentiment d’appartenance
Frédérique Weixler et Christian Enault écrivent que les êtres humains, en particulier à l’adolescence, veulent tisser des liens sociaux forts et attachent de l’importance à l’acceptation, à la bienveillance et à l’appui d’autrui.
Non seulement, l’accueil peut réellement participer à l’amélioration du climat scolaire, mais il peut aussi consolider le sentiment d’appartenance des élèves à l’école. Or le sentiment d’appartenance constitue un facteur de protection contre le décrochage scolaire et contribue à l’engagement dans les études et la réussite des élèves fragiles.
« Les élèves sont plus susceptibles d’avoir de bons résultats scolaires et d’être plus motivés à l’idée d’apprendre s’ils ont le sentiment de faire partie d’une communauté scolaire. […] Par sentiment d’appartenance, on entend le fait d’avoir l’impression d’être membre d’une communauté, de s’y sentir accepté et apprécié par les autres membres, et d’être en phase avec eux » – Frédérique Weixler et Christian Enault
Le sentiment d’appartenance donne aux élèves l’impression d’être en sécurité, d’avoir une identité et d’être membres d’une communauté. En ce sens, porter une attention particulière à l’accueil favorise le développement cognitif, psychologique et social des élèves.
Accueillir en classe les élèves absentéistes
Il vaut mieux éviter les retours dévalorisants en classe. Quand la scolarité est fragilisée, les élèves se présentent irrégulièrement et à des moments auxquels il est difficile de leur faire le meilleur accueil. Frédérique Weixler et Christian Enault soutiennent que reprocher à ces jeunes de n’avoir pas été là lorsqu’ils reviennent, c’est associer au moment de leur retour à la honte et à l’humiliation. Au contraire, faire comme s’il n’y avait pas eu l’absence serait leur signifier que leur présence n’a pas d’importance, ou pire, qu’ils ne comptent pas.
Il faut que les choses soient dites lors du retour. Il faut qu’ils puissent dire eux aussi quelque chose de ce qui s’est passé, qui ne soit pas nécessairement ce qui est attendu. Et il faut absolument, en même temps que le problème est posé, que soient exprimés la satisfaction de les retrouver. – Frédérique Weixler et Christian Enault
En parallèle, il apparaît important de prendre le temps de donner les cours manqués à chaque élève, de trouver, le plus souvent possible, des moyens de l’aider à les récupérer. Pour Frédérique Weixler et Christian Enault, l’effort des enseignants permet de signifier à l’élève qu’il a toujours sa place dans la classe et qu’il est capable de suivre ce qui se passe en cours, qu’il était attendu lorsqu’il n’est pas venu, et que tout est fait pour qu’il reste dans le groupe. L’important est de mettre en place des mots et des gestes qui donnent à l’élève absentéiste la certitude qu’il sera toujours le bienvenu, qu’il sera accueilli au sein de la classe. Même si les efforts paraissent vains, inutiles à court terme, ces jeunes se souviendront que tel ou tel enseignant s’est vraiment inquiété d’eux.
L’exemple d’un collège qui a collectivement repensé son accueil
Frédérique Weixler et Christian Enault prennent l’exemple d’un collège qui a totalement repensé la manière dont sont accueillis les élèves. Ce travail a été effectué en incluant les élèves, les agents, les professeurs et les assistants d’éducation. Tous ensemble, ils ont élaboré une fiche qualité « Accueil » intégrée au projet d’établissement.
Dans un premier temps, un recensement des lieux, des moments et des postures d’accueil pouvant être améliorés a été dressé :
- l’espace d’attente des parents,
- l’accueil téléphonique des parents ou celui des élèves en classe,
- la relation entre les agents et les élèves au restaurant scolaire,
- l’attention portée aux élèves potentiels décrocheurs et à leur famille ont notamment
Dans un second temps, ce sont des projets spécifiques qui ont été menés. Frédérique Weixler et Christian Enault relatent le fait que l’espace d’accueil a été réaménagé par les élèves du CVC (conseil de la vie collégienne) en y intégrant des potentiels décrocheurs – avec l’installation de nouveaux fauteuils, l’achat de plantes, ou encore un affichage repensé. Par ailleurs, les agents d’accueil ont reçu des formations pour améliorer la qualité de l’accueil physique et téléphonique et mieux gérer les conflits. Les rencontres avec les familles ont également fait l’objet d’un soin particulier avec par exemple des soirées conférences et des cafés-parents, des espaces spécifiques, dédiés aux rencontres individuelles professeurs-parents ou professeurs-élèves, aménagés de manière spécifique.
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Source : Décrochage scolaire : Anticiper et franchir les obstacles de Frédérique Weixler et Christian Enault (éditions Réseau Canopé). Disponible en médiathèque, en librairie ou en ecommerce.
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