Les images sont très efficaces pour mémoriser : à quelles conditions ?

Les images sont très efficaces en mémoire : à quelles conditions ?

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La supériorité des images sur les mots pour la mémorisation.

La mémorisation des images n’est pas synonyme de visualisation, mais elle est le résultat de nombreux mécanismes, notamment d’interprétation de l’image et de mise en correspondance avec un mot. En effet, la supériorité de l’image en termes de mémorisation n’est pas liée à une supériorité intrinsèque des images. En réalité, les dessins sont mieux rappelés grâce aux mots. La supériorité des images est expliquée par un double codage (imagé + verbal). Ce double codage comprend deux composantes, le codage sémantique (identifier l’image) et le codage lexical.

La mémoire lexicale stocke la morphologie des mots, leur forme, leur « carrosserie ». Lors d’une simple lecture non imagée, l’unité orthographique du mot est codée en mémoire lexicale, mais l’interprétation sémantique n’est pas systématique. C’est d’ailleurs pour cela qu’il est possible de lire sans comprendre. La mémoire sémantique est la mémoire des connaissances sur soi et sur le monde : le sens des mots y est stocké.

Accompagner l’analyse de l’image est nécessaire.

La mémoire imagée n’est donc pas une mémoire photographique, mais plutôt le produit d’une synthèse d’image. En d’autres termes, la vision n’est pas une « photographie » : c’est une exploration oculaire. Or les recherches sur les enfants ont montré que ces derniers n’ont pas encore développé de stratégies oculaires systématiques. Cela signifie que la mémorisation des images complexes, comme les dessins, les photographies, les cartes de géographie ou les schémas des manuels scolaires nécessitent une analyse guidée de l’image par l’enseignant. 

Le double codage imagé + verbal a des conséquences pédagogiques.

La présence d’un titre et d’une légende favorise la mémorisation.

On a vu que les dessins, images ou schémas sont mieux rappelés parce qu’ils sont à la fois codés dans un mode imagé, mais aussi parce que les mots sont codés verbalement. Les couleurs ne sont pas déterminantes : des contours en noir et blanc sont aussi bien mémorisés que les dessins colorés et réalistes.

Un titre et une légende (ou un commentaire écrit) sont indispensables pour mémoriser efficacement une image ou un schéma. La lecture est un mode autorégulé de prise d’informations et lire rend possible la perception de l’orthographe, permettant de constituer la fiche lexicale du mot. La lecture peut se faire sur un livre, mais aussi sur un ordinateur ou une tablette.

Présenter les images lentement.

Le mécanisme du double codage implique que le cerveau a besoin de temps pour coder l’image (non seulement sémantiquement, c’est-à-dire lui donner du sens, mais aussi lexicalement). Il faut donc présenter des images lentement (ce qui n’est toujours le cas dans les vidéos). Des pauses ou arrêts sur images peuvent être proposés lors de la diffusion de vidéos en classe, afin de procéder à l’analyse de l’image, du schéma ou de la carte dont des éléments devront être mémorisés. L’enseignant peut baliser les éléments essentiels à mémoriser, les expliciter pour activer le double codage, les expliquer pour les faire passer dans la mémoire sémantique, et laisser du temps aux élèves pour qu’ils s’en fassent une image mentale commentée.

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Source : Mémoire et réussite scolaire de Alain Lieury (éditions Dunod). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet. 

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