Du bon usage de l’angoisse (gérer le stress avec la gestion mentale)
Du bon usage de l’angoisse (gérer le stress avec la gestion mentale)
Dans son livre Réussir, ça s’apprend, Antoine de la Garanderie propose de distinguer angoisse et peur. Pour lui, l’angoisse et la peur décrivent les différents états de malaise physique et psychique accompagnant la prise de conscience d’un danger réel ou imaginé. Cependant, les réalités que ces mots recouvrent sont de nature différente. Antoine de la Garanderie donne une connotation positive à l’angoisse mais une connotation négative à la peur.
L’angoisse : le bon trac
Antoine de la Garanderie compare l’angoisse au trac qu’éprouvent les acteurs de théâtre avant de monter sur scène. Cela fait partie intégrante de ce métier. Ce type d’angoisse apparaît dans notre vie quotidienne à tous avant une échéance importante avec des enjeux qui nous tiennent à coeur : rendez-vous décisif, entretien d’embauche, réunion professionnelle, rencontre amoureuse… Même les personnes les plus performantes (comme les élèves de classe préparatoire) éprouvent cette forme d’angoisse avant des devoirs sur table.
L’une des caractéristiques de cet état est la conscience aiguë d’être seul.e au monde face à l’épreuve. Cette conscience fait partie du processus de préparation à l’examen ou au concours et il ne faut pas essayer de la chasser. C’est l’énergie liée à cette conscience qui permet de revoir les cours, s’entraîner sur les sujets des années précédentes, se mettre en projet de réussite à l’examen.
Les personnes qui éprouvent du trac sont capables de se donner des images mentales de la situation telle qu’elles se l’imaginent : images visuelles de la salle, de la distribution des sujets, images verbales des consignes qu’elles se donnent (“Lis tranquillement le sujet, cherche à bien comprendre tous les éléments, dégage les idées principales, fais un plan…”).
La caractéristique de ces images mentales est le rôle de la personne qui les évoque : elle est partie prenante et l’angoisse est justement génératrice de liberté, dans le sens où la personne joue pleinement son rôle dans toutes les hypothèses (sujet plus ou moins difficile, examinateur plus ou moins sévère à l’oral…). Tout son projet mental est imprégné de la conscience qu’elle a d’être l’actrice principale de sa réussite (ou de son échec).
L’angoisse est indissociable du projet mental de réussite : serai-je à la hauteur ? comment je peux m’en donner les moyens ?
L’angoisse apparaît donc comme une face de la médaille, l’autre face étant la conscience de la responsabilité personnelle et la capacité d’adaptation au service de la réussite.
Le soutien le plus efficace que nous pouvons apporter à une personne en proie au trac est donc de l’aider à identifier cette manifestation de l’angoisse dans le corps (sensations telles que mains moites, accélération du rythme cardiaque…) et à l’accueillir comme un élément indispensable et constitutif de la réussite.
La peur : le stress paralysant
A l’inverse de l’angoisse mobilisatrice de ressources internes et libératrice, la peur est paralysante et la personne qui en souffre ne peut pas la maîtriser. Elle l’étouffe et détruit chez elle toute volonté d’agir et de réussir. La personne a alors l’impression de ne plus vivre réellement la situation, d’en être spectatrice et de n’avoir aucun pouvoir, aucun contrôle sur les événements.
Sous le coup de la peur, la personne peut perdre tous ses moyens ou, au contraire, la personne interrogée va répondre n’importe quoi, de manière précipitée et irréfléchie. Comment alors sortir de cette peur qui, contrairement à l’angoisse, n’a que des effets négatifs ? En la transformant justement en angoisse, au sens défini dans le premier paragraphe.
En effet, quand une personne est en proie au stress, elle évite de se donner des images mentales de la situation dans laquelle elle sera interrogée… parce que ces images lui sont désagréables. Or on a vu que le moteur de la réussite est l’évocation mentale de la réussite et des moyens d’y parvenir.
La personne qui stresse ne peut évoquer la situation dans sa tête dans un projet d’avenir : soit elle refuse de la voir, soit elle la voit comme une image fixe représentant son échec (si bien qu’elle la rejette très rapidement).
Comme la peur provoque un refus de penser, Antoine de la Garanderie propose de rendre leur mobilité aux évocations mentales. Pour cela, il faut que, dans la tête des personnes paralysées par la peur, elles évoquent d’autres situations que celle où elles se présentent en échec, même si elles peuvent paraître absurdes dans un premier temps. Pourquoi ne pas jouer avec l’hypothèse dans laquelle la personne quitterait la classe si elle était interrogée ? Ou imaginer qu’elle répond en anglais ? Antoine de la Garanderie affirme que l’humour et la détente sont excellents pour la santé émotionnelle des évoqués. L’essentiel est que la personne soit face à plusieurs possibilités pour remplacer une image mentale désespérément fixe par une série d’évocations différentes. L’idée est d’arriver à envisager, dans cette série d’évocations, une hypothèse de réussite (répondre brillamment à l’enseignant, écrire une dissertation dans le sujet du concours…). Une fois que cette hypothèse est formuler, il reste à encourager la personne à s’en donner des images mentales précises (visuelles, auditives et/ou verbales).
Cette évocation va créer une angoisse chez la personne et c’est bien le but recherché. C’est parce qu’il y a angoisse que la personne peut à nouveau se donner un projet mental de réussite et effectuer les gestes mentaux nécessaires à l’apprentissage des leçons, des cours dans ce projet de réussite. Au sens d’Antoine de la Garanderie, les gestes mentaux sont au nombre de cinq :
- l’attention
- la mémorisation
- la compréhension
- la réflexion
- l’imagination créatrice
Plus on se prépare à une échéance en s’en donnant des images mentales, plus on entre dans son angoisse, plus on est apte à accueillir l’imprévu. Pour éviter de subir la peur, acceptons aujourd’hui l’angoisse en nous donnant un projet mental de réussite pour demain. – Antoine de la Garanderie
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Source : Réussir, ça s’apprend de Antoine de la Garanderie (éditions Bayard). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.
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