Faut-il interdire aux enfants de compter sur les doigts ?

Faut-il interdire aux enfants de compter sur les doigts ?

Faut-il interdire aux enfants de compter sur les doigts

Le calcul sur les doigts au-delà des premières années de l’école élémentaire.

Nolwenn Guedin est une ancienne enseignante spécialisée et désormais psychologue. Dans son livre Maintenant, j’aime les maths, elle écrit que le calcul sur les doigts est une stratégie que certains enfants en difficulté utilisent au-delà des premières années de l’école élémentaire. Cela s’explique par le fait que ces enfants manquent de confiance en eux et qu’ils ont du mal à utiliser des procédures nouvellement apprises, même si elles sont plus performantes et plus rapides. Par exemple, certains enfants continuent à faire des additions itérées comme 6 + 6 + 6 plutôt que d’utiliser la multiplication 3 × 6.

Ils préfèrent rester dans le confort d’une technique qui a toujours fonctionné pour eux, plutôt que de risquer d’autres façons de faire qui, pourtant, s’avèreraient plus adaptées, plus efficaces et plus économiques sur le plan cognitif. -Nolwenn Guedin

Il ne faut pas interdire le recours aux doigts pour les calculs

Or, comme les enfants qui comptent plus longtemps sur leurs doigts sont ceux qui ont des difficultés en mathématiques, on a longtemps pensé qu’il fallait interdire le recours aux doigts pour éviter de telles difficultés. En réalité, le sens causal est inverse. Nolwenn Guedin affirme que c’est parce que ces enfants sont en difficulté pour mentaliser leurs procédures mathématiques qu’ils n’ont pas d’autre recours que leurs doigts pour continuer à obtenir des résultats numériques corrects.

Compter sur les doigts est une stratégie adaptée pour donner du sens aux nombres et aux premiers calculs additifs et soustractifs. Les doigts ont l’avantage de présenter les unités une à une, mais ils peuvent aussi aider à trouver les résultats de calculs sans dénombrer car les quantités montrées sur les doigts sont travaillées et reconnues dès la maternelle.

Certains enfants continuent à compter sur leurs doigts pour trouver les résultats des tables d’addition. Cette stratégie compense temporairement l’apprentissage par coeur des tables d’addition, mais nous n’avons que dix doigts alors que les calculs proposés à l’école élémentaire nécessitent la manipulation de quantités supérieures.

Des outils pour se passer du calcul sur les doigts après le cycle 2

Il est donc possible d’encourager le calcul sur les doigts en cycle 2, avant de passer vers des procédures plus abstraites car ces dernières sont plus efficaces (plus rapides et moins sujettes aux erreurs).

Pour avoir accès à des calculs au-delà de dix unités, des outils nécessaires doivent être présentés aux enfants en difficulté qui continuent à compter sur leurs doigts. Cela peut passer par le fait de leur donner systématiquement les tables d’addition comme point d’appui (en sous-main par exemple). Nolwenn Guedin suggère également le recours à une feuille de constellations de points de 0 à 20 telle que celle-ci.

représentations nombres de 0 à 20 constellations

Ce support peut porter ses fruits pour accéder correctement aux résultats additifs et soustractifs grâce aux points d’appui en base 5. Les élèves en difficulté se passeront peu à peu de leurs doigts grâce à ce type de support et pourront mémoriser les résultats des tables d’addition car ces derniers seront correctement construits.

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Source : Maintenant, j’aime les maths de Nolwenn Guedin (éditions DE BOECK SUP). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.

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