Et les autres, ils ont eu combien ? : une phrase qui décourage

Et les autres, ils ont eu combien ? : une phrase qui décourage

Et les autres, ils ont eu combien phrase décourage

Cette phrase “Et les autres, ils ont eu combien ?” a pour objectif de comparer l’enfant pour voir si sa bonne note est réellement méritée ou de voir à quel point le retard est grand par rapport aux autres. Les adultes qui les prononcent pensent qu’elle va stimuler l’enfant et l’engager à faire des efforts supplémentaires.

En posant cette question, les parents n’ont pas de mauvaises intentions. Cette question trahit la volonté (maladroite) de contribuer au bien de l’enfant et est motivée par la peur que l’enfant ne trouve pas sa place dans la société ( peur de la précarité financière, peur du chômage, peur d’une perte de statut social…). Quand on décode ces peurs parentales en besoins, on comprend aisément que ces phrases reflètent le besoin des parents de donner à leurs enfants les moyens d’être heureux et en sécurité financière.

Pourtant, quand les adultes sont dans la comparaison, les enfants comparés ont l’impression de ne jamais pouvoir les satisfaire (même quand leurs résultats sont bons, ils ne sont pas assez bons). Ce type de phrase (et d’autres recourant à la comparaison) ne motivent pas les enfants, mais au contraire les découragent et génèrent de l’anxiété.

Un enfant a besoin de croire en sa capacité de réussir pour soutenir ses efforts et donner du sens à sa scolarité. Or comparer et fixer des objectifs que l’enfant n’est pas en mesure d’atteindre ne l’aidera pas.

A l’inverse, pour se sentir motivé, l’enfant a besoin de :

  • savoir qu’il a de la valeur par lui-même sans référence à d’autres : chaque enfant porte un trésor en lui-même et c’est la diversité qui fait la richesse humaine,

 

  • pouvoir compter sur l’espoir du “bientôt” : dire “tu n’y arrives pas encore” ouvre la porte de l’espoir (les capacités des enfants ne sont pas statiques, elles sont au contraire dynamiques et modifiables),

 

  • transformer des grands défis inatteignables en petites étapes à sa portée pour élargir peu à peu son champ de compétences (c’est l’approche des petits pas),

 

  • apprendre à améliorer ses stratégies pour y arriver (ce qui suppose d’identifier ce qui dysfonctionne : un problème d’anxiété ? un problème de motivation ? un problème de méthodologie ? un problème neurologique (dys/ TDAH…) ? un problème d’ordre affectif qui occupe toute l’énergie mentale ? un problème de harcèlement ? ),

 

  • comprendre la valeur de l’ entraînement (ce sont précisément les efforts et l’entraînement qui créent les apprentissages),

 

  • être encouragé sans comparaison mais en valorisant les progrès en lien avec une référence personnelle de départ (ex : passer de 3 à 8, c’est déjà 5 points gagnés et la moyenne qui se rapproche, même si les résultats restent faibles -> c’est d’autant plus importants pour ds élèves dys),

 

  • voir la foi dans les yeux des adultes qui comptent pour lui : dire “Je crois en toi” “J’ai confiance en ton intelligence” est le plus beau cadeau qu’on puisse offrir à un enfant,

 

 

  • verbaliser ses émotions, expliquer comment il se sent, ce qui va bien comme ce qui va moins bien.

 

Veillez à ne pas accabler votre enfant lorsque ses notes baisent. Votre sanction ne ferait qu’aggraver la situation, il risquerait de culpabiliser, de ne plus faire d’ efforts, de s’enfermer dans le silence. – Natacha Deery

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Source : Les phrases à ne plus dire à son enfant de Natacha Deery (éditions Larousse)