Le gribouillage n’est jamais méprisable ou à empêcher (ni chez les jeunes enfants ni chez les plus âgés)
Chez les jeunes enfants : une étape importante dans le développement cognitif et moteur
Le gribouillage n’est jamais méprisable ou à empêcher : c’est au contraire une étape importante dans le développement moteur et cognitif des enfants. Cette forme d’expression personnelle peut être considérés comme le début de la relation avec l’écriture et la créativité.
- Chez les très jeunes enfants, le gribouillage prend la forme de marques désordonnées, vraiment arbitraires et mal contrôlées. Les très jeunes enfants ne réalisent pas toujours qu’ils sont à l’origine de la marque tracée. En tant qu’adultes, nous pouvons les encourager en leur disant : “Je vois que tu tiens un crayon. Tu as fait une trace sur la page”.
- Chez les jeunes enfants, le gribouillage devient plus contrôlé et les marques peuvent avoir une signification pour l’enfant. Le gribouillage est intentionnel et a valeur de moyen d’expression et même de communication avec les autres. En tant qu’adultes, nous pouvons encourager les enfants en disant : ” Je te vois soulever ta main haut et bas./ Je te vois bouger ta main en cercle. Ça fait des points/ des cercles.”
- Plus l’enfant prend de l’âge, plus il peut faire preuve d’abstraction et de précision dans ces gestes. Ces gribouillages pourront être décrits par lui et deviendront plus précis. L’enfant va jouer avec les formes de manière symbolique et exprimer ce que son dessin signifie (“c’est maman” par exemple). Un même gribouillage peut avoir différentes significations et certains enfants peuvent même faire semblant d’écrire plutôt que de dessiner.
Le gribouillage est une étape pour s’approprier le geste d’écriture. Il est possible de proposer aux élèves de maternelle de gribouiller avec la consigne de ne bouger que les doigts (voir le livre d’Hervé Tullet, À toi de gribouiller – éditions Bayard Jeunesse – ou le cahier Mes cahiers d’écriture GS – Découverte – éditions Midi). On peut aussi leur proposer de faire des gribouillis au rythme de la musique.
Chez les plus âgés : le gribouillage peut aider à se concentrer et à réfléchir
Par ailleurs, le gribouillage chez les plus grands peut aider à se concentrer et à réfléchir. Utiliser le langage visuel et le gribouillage en cours ou au travail a un impact positif sur la manière dont nous traitons l’information et la manière dont nous résolvons les problèmes.
Il y a une puissante norme culturelle contre le gribouillage qui fixe dans quelles conditions nous sommes sensés apprendre quelque chose. Sunni Brown, à l’origine du mouvement The Doodle Revolution, nous encourage à voir la valeur du dessin et du gribouillage. Elle affirme :
Le gribouillage est le fait de faire des marques spontanées pour vous aider à réfléchir. C’est pour cela que des millions de gens gribouillent. Voici une autre vérité intéressante sur le gribouillage : les gens qui gribouillent quand ils sont exposés à des informations verbales retiennent plus de ces informations que leurs homologues qui ne gribouillent pas. Nous pensons que l’on gribouille quand on se déconcentre, mais en fait, c’est une mesure préventive pour vous empêcher de vous déconcentrer. De plus, il y a un effet profond sur la résolution créative de problèmes et le traitement des informations en profondeur.
Le gribouillage ne devrait en aucune circonstance être éradiqué de la salle de classe ou de réunion. Au contraire, le gribouillage devrait être précisément exploité dans ces situations où la densité d’information est très élevée et le besoin de traiter cette information est très grand.
Et j’irais même plus loin. Parce que le gribouillage est si accessible universellement, qu’il n’est pas intimidant en tant qu’art, on peut l’exploiter comme un portail par lequel on amène les gens à des niveaux supérieurs de savoir visuel. Mes amis, le gribouillage n’a jamais été le pire ennemi de la pensée intellectuelle. En réalité, il est un de ses meilleurs alliés.