L’école du 3° type : une révolution sans barricade ? (Bernard Collot)
L’école du 3° type : une révolution sans barricade ? (Bernard Collot)
Bernard Collot est un enseignant retraité qui a élaboré le concept d’école du 3° type pour définir sa pratique en classe. Il estime que les enfants apprennent sans être enseignés. Pour désigner la manière de fonctionner de son école, il parle de “ruche école qui s’auto organise”. Selon Bernard Collot, l’ingrédient majeur à toute éducation est la confiance :
- confiance dans les capacités et l’intelligence de l’enfant préalable à l’instruction;
- confiance en soi en tant qu’éducateur capable d’exercer hors cadre.
L’important dans une école du 3° type n’est pas la transmission de connaissances mais l’auto-développement des outils neurocognitifs permettant l’appropriation des savoirs, savoir-être, savoir faire. […] La base se trouve dans “Comment, pourquoi tous les enfants ont construit le langage le plus complexe qu’un petit humain ait à s’approprier : le langage verbale oral ?” – Bernard Collot
Bernard Collot affirme que l’école traditionnelle empêche la construction de l’identité des enfants (et adolescents) et endommage leur capacité à être des acteurs créatifs de la vie sociale, en leur refusant l’accès à la liberté (de mouvement, de lieu, de pensée, de gestion de leur propre temps, de rythme d’apprentissage…). Pour lui, tout apprentissage (défini par la construction d’outils cognitifs que sont les langages linguistiques, mathématiques, artistiques ou encore scientifiques) s’effectue dans les interactions avec l’environnement physique (un lieu, du matériel) et social (les relations avec des adultes au sens large et des enfants de tous les âges). Le processus et le rythme d’apprentissage sont propres à chaque enfant. Par conséquent, ils ne sont ni prévisibles ni programmables.
Ainsi, il ne peut pas y avoir de modèle d’une école du 3° type car la caractéristique d’un organisme vivant est de “s’auto-créer et de faire évoluer son propre modèle au gré des interactions avec son environnement”. De plus, les enfants se construisent en adultes responsables et autonomes dans un continuum où ils étendent progressivement leurs cercles d’exploration et de compréhension (si bien que l’intégration de l’école est pensée dans le tissu local où les parents sont de véritables partenaires, bienvenus et encouragés à participer à la vie de l’école). Bernard Collot parle “d’appartenance collective“.
Caractéristiques d’une école qu’on pourrait qualifier de “3° type”
Bernard Collot cite plusieurs caractéristiques d’une école qu’on pourrait qualifier de “3° type” :
- la liberté d’être et de faire (Collot regrette que la liberté fasse si peur dans les écoles et soit si peu effective alors qu’elle est inscrite au fronton de toutes les écoles publiques)
- la non censure de la parole des enfants (l’enseignant peut reconnaître chaque élève dans sa propre parole et les aider à rentrer dans leur propre pensée afin que chacun puisse relativiser ce qu’il prend pour la vérité, modifie éventuellement sa propre vérité et sache qu’il peut s’exprimer sans être moqué mais en acceptant de s’enrichir de la pensée de l’autre)
- une disposition de leur temps par les enfants (ni emploi du temps ni horaires imposés)
- l’absence de notes et de classement (le plaisir et l’enthousiasme sont la seule motivation)
- l’aménagement de l’environnement pour en faire un laboratoire riche d’expériences et d’exploration (au-delà du matériel comme les livres, les microscopes, les jeux de société, l’ordinateur ou le matériel artistiques, prévoir aussi des espaces permettant les expériences sociales à travers des espaces de discussions, des interactions libres)
- une position des éducateurs comme des facilitateurs garants de l’état secure de tous les membres du collectif (adultes comme enfants) et du groupe
- le multiâge (classe unique) et la présence permanente ou occasionnelle d’adultes (pour permettre la construction de tous les langages des enfants)
- la proximité entre le lieu physique de l’école et l’espace de vie des enfants (l’école devenant un objet commun et un espace de rencontres, dynamisant les relations sociales locales)
- une taille relativement petite de l’école
- l’ouverture au monde extérieur (famille, quartiers, villages)
- une modalité de gouvernance horizontale et une culture du consensus (l’enseignant est un “recours” et non pas le donneur d’ordres)
- l’acceptation du tâtonnement expérimental à la fois pour les enfants et les adultes (pour l’équipe éducative, mieux vaut commencer avec un certain nombre de sécurités qui sont des garde-fous et des recours pouvant être petit à petit lâchés).
Pas plus qu’il n’est possible pour la majorité des gens de concevoir les apprentissages informels, il ne leur est pas possible de concevoir que l’école puisse être autre chose. Or elle peut parfaitement être un autre espace à côté de l’espace familial, dans l’espace environnemental et social de proximité, à disposition, offert à des enfants, des familles, des habitants où “l’être et le devenir”, des enfants comme des adultes, se poursuit de la même façon avec d’autres dans un autre environnement, se complète, interfère… dans la même liberté, sans rupture, sans hiérarchie d’importance… jusqu’à ce que l’enfant devienne un adulte social libre et autonome. – Bernard Collot
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Source : L’école du 3° type : explorer un autre paradigme avec les enfants de Bernard Collot (éditions L’Instant Présent). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.
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