Devoirs à la maison : comment favoriser la concentration des enfants et remédier aux pertes de concentration ?

Favoriser la concentration des enfants et remédier aux pertes de concentration lors des devoirs

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Qu’est-ce que la concentration ?

Les neuroscientifiques la définissent comme un mode de fonctionnement qui implique de stabiliser trois composantes :

  • premièrement, une perception (une image, un son, un texte qu’on va percevoir via les yeux, les oreilles, les mains, le nez ou la bouche même);
  • deuxièmement, une intention (c’est-à-dire un objectif : qu’est-ce que je veux faire ? );
  • troisièmement, une manière d’agir (une action ou une séquence d’action à mettre en oeuvre pour atteindre l’objectif).

Un enfant concentré est capable de sélectionner une perception parmi toutes celles qu’il est capable de percevoir (par exemple, lire une consigne en ignorant le bruit ambiant). Mais la concentration est fragile et dépend de plusieurs facteurs qui peuvent la faire varier d’un enfant à l’autre et, chez un même enfant, d’une situation à une autre. La concentration dépend de facteurs comme :
l’âge de l’enfant : plus un enfant est jeune, plus sa capacité à rester concentré longtemps est faible;
– son degré de motivation (est-ce qu’il trouve de l’intérêt dans les devoirs ? est-ce qu’il est stimulé par un effet de nouveauté ?);
– une tâche trop difficile décourage et fragilise la concentration. Mais c’est aussi le cas d’une tâche trop facile ou répétitive qui suscite l’ennui.
– la pression (plus l’exigence de performance ou de réussite est élevée, plus le niveau de stress est élevé, plus la concentration est fragile);
– des émotions éprouvées. Les émotions agréables et le sens personnel donné à une tâche favorisent la concentration.
– le niveau de fatigue, un inconfort physique (des douleurs, la faim, la soif ou avoir trop chaud ou trop froid influencent le degré et la qualité de la concentration).
l’environnement : une pièce bien éclairée, aérée, rangée, calme, avec peu d’affichage aux murs est plus favorable à la concentration.
– le multitâche : la concentration d’un enfant peut aussi être dégradée par le fait de réaliser plusieurs choses à la fois.

La répartition de l’attention sur plusieurs tâches perturbe continuellement le cerveau

Un enfant qui est assis à lire sa leçon mais qui est dérangé par la télé, par des bruits de travaux, des discussions ou par des aller-et-venues a l’impression d’apprendre, mais, en réalité, son attention est constamment dispersée. Le coût réel du passage d’une tâche à une autre est caché, mais il est très élevé dans les situations où il faut apprendre par cœur ou bien répondre à des questions.

Personne n’est capable de faire deux choses à la fois (ou plus) si l’une de ces activités relève de l’apprentissage. C’est différent dans le cas de tâches automatiques, comme avec la conduite pour des conducteurs expérimentés (on est capable de discuter et de conduite en restant attentif à la route). Quand l’attention est partagée, il ne peut pas y avoir d’apprentissage profond. C’est la raison pour laquelle il faut éteindre et éloigner les écrans pendant les devoirs.

A la maison, vous pouvez réfléchir aux distracteurs à supprimer, afin de favoriser la concentration de votre enfant : les posters au dessus du bureau dans la chambre, la sonnerie et même le vibreur du téléphone, les allers et venues des frères et soeurs…

Comment maintenir la concentration des enfants pendant les devoirs ?

Maintenant que nous avons balayé ce qu’est la concentration et ce qui la perturbe, je vous propose de voir comment la maintenir pendant les devoirs. En parallèle, au quotidien et au long cours, il existe des activités que vous pouvez mettre en place avec votre enfant pour favoriser sa concentration : jouer aux échecs, coudre un vêtement, jardiner, des jeux de stratégie…

Reconnaître les signes de pertes d’attention et savoir se recentrer

Vous pouvez apprendre à votre enfant à reconnaître les signes corporels de distractibilité :

  • quand sa main se tend vers autre chose, vous lui dites « Attention, tu es en train de te déconcentrer » et vous ramenez tranquillement et doucement le bras vers le corps.
  • quand son œil part vers la gauche ou la droite, il doit rediriger son regard vers la leçon ou le cahier.
  • quand sa tête se tourne, vous pouvez le lui faire remarquer et lui dire de se remettre bien droit, en amenant les épaules vers l’arrière et en levant le menton.
  • si ses pensées commencent à divaguer, vous pouvez l’inviter à faire une pause de deux ou trois minutes pour bouger. Vous pouvez lui dire de se forcer à bâiller en ouvrant au maximum la bouche, et de lever les bras vers le plafond pour s’étirer.

Voici quelques exercices que vous pouvez proposer quand votre enfant se déconcentre, s’agite, et ne tient plus en place : s’étirer et bâiller, faire des grimaces, sauter sur place, prendre l’air, se lever pour se servir un grand verre d’eau fraîche. Il est également possible de proposer un exercice de respiration pour se recentrer, comme cet exercice avec la main. Vous allez passer les consignes suivantes à votre enfant :

  • Place ta main droite ouverte devant toi.
  • Mets ton index gauche en bas de ton pouce.
  • Remonte le long de la courbe de ton pouce en inspirant.
  • Une fois arrivé en haut, descends avec ton index gauche jusqu’au creux entre le pouce et l’index en expirant (soufflant).
  • A chaque doigt, suis la courbe avec ton index : quand tu remontes, tu inspires et quand tu descends tu expires.
  • Continue doucement jusqu’à l’auriculaire.

Respiration profonde avec la main

Être actif dans sa tête 

Être concentré, c’est être actif dans sa tête, c’est-à-dire que vous devez amener votre enfant à se créer des images dans sa tête, à voir en image ou en film ce qu’il lit par exemple, à se parler avec ses propres mots pour reformuler ce qui est à faire. Vous pouvez faire ça avant même de commencer les devoirs. Par exemple, vous pouvez demander à votre enfant de visualiser son agenda ouvert à la page du lundi pour attaquer les devoirs ou alors réentendre le maître ou la maîtresse les dicter.

Votre fils ou votre fille doit prendre l’habitude d’agir seulement une fois qu’il ou elle s’est constitué une image claire de ce qui est à faire :
– d’abord, lister les tâches ;
– puis, lister le matériel nécessaire pour passer à l’action ;
– ensuite, visualiser dans la tête la succession des actions à réaliser ;
– définir des critères de réussite (comme vérifier un calcul ou se relire pour corriger les fautes) ;
– et enfin, accomplir chacune de ces étapes les unes après les autres, dans l’ordre.

affiche élève attentif en classe

De plus, vous pouvez de votre côté replacer en permanence ce que l’enfant est en train de faire dans le temps. Par exemple : “Tu vois, tu en es là et il te reste ça à faire. Ensuite, ça se sera terminé.”

S’auto-féliciter et générer des émotions agréables 

Penser à s’auto féliciter participe à renforcer la concentration parce que le cerveau aime quand on lui signale qu’il réussit bien. Au fur et à mesure des réussites, le cerveau va vouloir retrouver cette sensation agréable favorisant donc l’état de concentration qui en a permis l’émergence. Il est possible de mettre en place un petit système d’auto récompense personnel pour renforcer l’effet émotion positive. Vous pouvez aussi rendre visibles les progrès de votre enfant. Par exemple, à chaque tâche accomplie (que ce soit un exercice terminé, une leçon apprise, ou une poésie mémorisée), l’enfant imbriquera une brique de Légo. C’est-à-dire que vous préparerez au début des devoirs autant de briques que de tâches sur la table en vrac et dès qu’une tâche est finie, l’enfant prend une brique et l’assemble. Il pourra ainsi se rendre compte de sa progression.

Parfois, adopter une approche ludique aide à maintenir la concentration car cela participe à générer des émotions agréables et de l’intérêt. Voici quelques exemples : votre enfant peut imaginer être un chercheur d’or qui recherche minutieusement des pépites lors de la relecture d’un texte (les erreurs d’orthographe étant les pépites d’or), ou alors, il peut imaginer devoir ré-expliquer sa leçon juste après à une amie absente.

Tous les leviers émotionnels comme les défis, les anecdotes ou l’humour sont bons à activer.

Pour aller plus loin : Les devoirs faits dans la douleur ne conduisent qu’à des inconvénients : comment rendre les devoirs ludiques et efficaces ?