5 leviers permettant de développer l’estime de soi d’un élève

L’estime de soi consiste à avoir une bonne image de soi-même.

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L’estime de soi est à mettre en rapport avec la valeur que nous nous accordons. L’estime de soi est synonyme d’image de soi. Elle est le résultat d’une évaluation que nous faisons de nous-mêmes, de nos actions. L’estime de soi peut être décrite par métaphore comme une sorte de colonne vertébrale, de centre ou de noyau. On reconnait l’estime de soi saine et épanouie au sentiment d’être bien avec soi-même, d’harmonie avec soi.

Pour éclairer la différence entre confiance en soi et estime de soi, on peut penser à un élève qui serait un piètre sportif mais qui accorde peu d’importance à cette matière. Il a alors une mauvaise confiance en ses capacités à réaliser une bonne performance en EPS mais son estime de soi est intacte. En revanche, s’il se considère mauvais en mathématiques mais qu’il considère cette matière comme fondamentale dans sa réussite, il aura à la fois une faible confiance en soi (en ses capacités à résoudre un problème d’arithmétique ou de géométrie) et une faible estime de soi (il portera des jugements négatifs sur sa valeur d’être humain).

Une bonne estime de soi produit une énergie constructive qui permet à la personne de s’ouvrir à la nouveauté, à l’inconnu, à l’autre. On accepte plus facilement les difficultés, les obstacles, les critiques quand on a une bonne image de soi. Certains élèves peuvent souffrir d’une mauvaise estime de soi, ce qui leur porte préjudice quand ils n’osent pas s’engager dans des activités par manque de confiance en leurs capacités et compétences.

5 leviers permettant de développer l’estime de soi d’un élève

L’estime de soi se nourrit quotidiennement à travers des interactions qui nourrissent le sentiment d’être apprécié, d’être utile et d’être compétent.

1.Développer le sentiment de confiance de base

Le sentiment de confiance en soi se construit dès la petite enfance. La confiance de base concerne la sensation physique élaborée dans le contact avec les parents d’abord, puis d’autres adultes et pairs. Les enfants (mais aussi les adultes) ont besoin de beaucoup plus de contacts physiques que ce que nous pensons pour consolider la sensation d’être solidement et confortablement installé à l’intérieur de soi. La confiance en soi est le produit de l’histoire familiale, sociale et scolaire :

  • les parents sont les premières personnes à stimuler la confiance en soi des enfants, à travers du contact physique, l’écoute des émotions, la prise en compte des sensations corporelles et des besoins des enfants.
  • des méthodes pédagogiques inadaptées peuvent contribuer à détériorer la confiance en soi des élèves.

La confiance de base se traduit par une sécurité tant physique (sentiment de sécurité) que psychologique (confiance en sa propre personne, en ses sensations et ses émotions). L’élève qui a confiance ose se montrer en acceptant la vulnérabilité et le risque de se tromper, car il se sent et se sait en sécurité.

Un ouvrage qui propose des outils pour renforcer la confiance en soi des enfants : 50 activités bienveillantes pour renforcer la confiance en soi des enfants : un livre ressource pour les parents et enseignants

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2.Développer le sentiment d’appartenance dans un groupe

L’estime de soi comporte une dimension relationnelle. Un élève qui a une estime de soi faible a besoin de sentir qu’il fait partie intégrante d’un groupe, qu’il y a sa place, qu’il est rattaché à un réseau, et qu’il est important pour les autres. Ce sentiment d’appartenance est nourri par le partage d’une expérience commune avec les autres membres de la classe et, plus généralement, de l’école.

Les enfants ont besoin de sentir qu’ils sont à la hauteur, que leur contribution personnelle a un impact positif, que leur présence est désirée et qu’ils ont une place dans leur famille, leur école, et même la société. En tant qu’adulte, nous pouvons nous poser cette question pour nous guider au quotidien : comment aider l’enfant à ressentir de l’appartenance et de l’importance ?

 

3.Développer la connaissance de soi-même

Il est important de se connaître soi-même avant de se donner une valeur. En effet, un élève doit connaître ses forces et ses limites personnelles pour émettre un jugement. Avoir une bonne image de soi repose sur un regard juste porté sur soi, ni complaisant ni dévalorisant, mais qui traduit la croyance inébranlable dans le fait d’avoir à la fois de la valeur et du pouvoir personnel. L’acceptation de soi reconnaît donc à la fois les forces mais aussi les faiblesses, sans que cela se traduise par un jugement négatif. Avec une bonne estime de soi, on est capable de faire la différence entre savoir qu’il y a un domaine dans lequel on est moins doué et se sentir nul en TOUT.

Pour aller plus loin : Échec scolaire et estime de soi : 3 questions clés pour aider les jeunes à construire une nouvelle histoire sur eux-mêmes

 

4.Développer le sentiment d’autonomie

Jane Nelsen, conceptrice de la discipline positive, rappelle que, en faisant trop de choses pour nos enfants, nous les privons d’occasions de développer leur sentiment d’être capables. Il est important de laisser des opportunités aux élèves de décider de leur action, et de contrôler leur activité. Cela passe notamment par le fait que les élèves sachent que la réussite résulte de leurs efforts et de stratégies qu’ils ont mises en oeuvre (et non pas du hasard). Renforcer l’estime de soi d’un élève, c’est aussi lui apprendre à expliquer ses échecs par des raisons logiques :

  • un manque de connaissances ?
  • un manque d’entraînement ?
  • des erreurs dans la mise en oeuvre des procédures ?
  • un manque d’efforts ?
  • des difficultés de gestion des priorités et d’organisation ?
  • des objectifs mal compris, des consignes mal lues ?
  • un écart trop important entre les connaissances réelles de l’élève et celles visées ?

En tant qu’adulte, il vaut mieux dire explicitement aux élèves qu’on a des attentes élevées, et que ces attentes sont tout à fait réalistes. La tâche peut être difficile, mais nous allons tout mettre en oeuvre, ensemble, pour qu’ils la réussissent.Nous pouvons alors dire aux élèves que la réussite est possible, sous deux conditions :

  1. fournir l’effort nécessaire,
  2. s’y prendre de la bonne manière.

L’élève doit faire l’effort de mettre en application les stratégies que l’enseignant a montrées de manière explicite. En effet, le talent d’un élève ne représente pas le point d’arrivée, mais seulement le point de départ. La distance entre le point de départ et le point d’arrivée est la quantité de travail car on ne peut pas réussir quelque chose et progresser sans s’entraîner. Bien sûr, la quantité d’efforts nécessaires pour une tâche peut être différente d’un élève à l’autre. En outre, pour un même élève, la quantité d’efforts à fournir peut être différente d’une matière à l’autre. Toutefois, il faut expliciter ce que veut dire “faire un effort” : on ne peut pas demander aux élèves de faire un effort s’ils ne sont pas en mesure de savoir comment faire, si l’adulte n’a pas fourni les outils, les stratégies et les conditions requis pour mener la tâche à terme.

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5.Développer le sentiment de compétence

Le sentiment de compétence se manifeste chez les élèves par la certitude qu’ils peuvent relever une variété de défis et réaliser des apprentissages grâce à du travail et des stratégies appropriées.

S’assurer que tous les élèves se sentent capables de progresser passe des étayages pour les élèves en difficulté : indications supplémentaires, dictée à l’adulte, dictée à trou ou plus courte, documents complémentaires, présence de pairs capables d’aider, objectif final découpé en sous-objectifs plus facilement atteignables… L’idée est que les élèves transforment la pensée “Je pense que je peux le faire” en “Maintenant, je sais que je peux le faire”. Par ailleurs, le sentiment de compétence repose sur la capacité à réactiver des souvenirs de réussites scolaires (faire le lien entre un apprentissage nouveau et des apprentissages déjà réalisés). Il est possible de souligner le lien entre les défis actuels et des problèmes résolus dans le passé (exemple : “Je sais que tu en es capable car tu as réussi des problèmes presque similaires la semaine dernière. Ceux-là sont juste un peu plus difficiles. Regarde, c’est vraiment le même principe. Sur quoi peux-tu t’appuyer pour démarrer ?”)

 

Une amélioration de l’estime de soi est la conséquence d’adaptations réussies aux changements. La réussite scolaire entraîne une amélioration de l’estime de soi, mais l’inverse n’est pas vrai : une haute estime de soi ne prédit pas la réussite scolaire.

-> Pour passer de la théorie à la pratique : 10 jeux pour l’estime de soi des enfants