Non violence à l’école : 8 étapes pour cultiver la paix à l’école

Non violence à l’école : un programme en 8 étapes pour cultiver la paix à l’école

Valérie Detry, formée en Communication Non Violente, mène des ateliers de sensibilisation à la non violence auprès d’enfants dans des écoles en Belgique. Ces ateliers sont inspirés par l’Université de la Paix et la Communication Non Violente. Ces ateliers de promotion de la non violence à l’école s’articulent en 8 modules.

non violence à l'école

1.Développer l’estime de soi pour promouvoir la non violence à l’école

Il s’agit d’amener chaque enfant à prendre conscience du trésor qu’il porte à l’intérieur de lui-même. Chaque enfant est unique et peut apporter son talent, contribuer au monde de manière positive. Il est capital de révéler le potentiel présent au cœur de chaque personne car le meilleur inspire le meilleur et le beau suscite le beau. Valérie Detry pose des questions aux enfants pour faire émerger leur potentiel :

  • Qu’est-ce que tu aimes faire ?
  • Qu’est-ce que tu ressens quand tu le fais ?
  • Qu’est-ce que tu peux apporter de précieux au groupe, au monde ?

On rejoint ici la notion d’Elément chère à Ken Robinson qui affirme que nous devons reconsidérer l’importance qu’il y a à nourrir le talent humain, tout en sachant que celui-ci s’exprime différemment en chaque individu. 

Révéler les talents, l’ingéniosité et la créativité d’un enfant libère l’énergie créative qui est en lui, lui permet d’être pleinement lui-même, de développer ses richesses intérieures et de contribuer à son tour aux richesses humaines.  N’est-ce pas là une piste enthousiasmante pour l’avenir du monde ? – Ostiane Mathon

 

2.Coopérer : apprivoiser la confiance dans le groupe

Les jeux coopératifs favorisent la confiance à l’intérieur d’un groupe et contribuent à la non violence à l’école. La notion de faire ensemble sans notion de perdant ou de gagnant, de contribuer pour le simple plaisir de contribuer sans enjeu de hiérarchie entraîne de la confiance (en soi-même et dans le groupe). La coopération pose les premiers jalons de la paix.

Il existe de nombreux jeux coopératifs facilement utilisables en classe.

sélection jeux coopératifs

 

3.L’écoute du coeur et du corps

Valérie Detry pose dans cet atelier les principes de base d’une communication efficace et non violente. Elle y explique que la communication est un échange : je donne (je dis) et je reçois (j’écoute). Chaque interlocuteur est responsable du bout de l’échange. Cette vision oblige à se sentir responsables de :

  • ce que l’on envoie : messages positifs et négatifs,
  • ce que l’on reçoit,
  • ce que l’on fait des messages reçus : comment on réagit aux réponses émises par l’interlocuteur. Si je fais une proposition ou une invitation, il se peut que l’autre accepte ou qu’il refuse. Quoi qu’il en soit, sa réponse est liée à ce qu’il est, ce qu’il ressent, ce qu’il vit, ce qu’il préfère… mais pas nécessairement à qui je suis moi.

Valérie Detry explique aux enfants qu’une grande partie de la communication se fait sur un mode non verbal et qu’il est important d’être à l’écoute du corps (le sien et celui de l’autre) et du coeur (encore une fois le sien et celui de l’autre).

Pour être efficace, un message avant même de quitter son émetteur, doit refléter une juste synchronisation entre la tête, le coeur et le corps de ce dernier. – Ostiane Mathon

Pour aider les enfants à se mettre à l’écoute de leur corps et de leur coeur, Valérie Detry utilise plusieurs techniques dans le cadre des ateliers de non violence à l’école :

4.Un regard de bienveillance

Cette étape consiste à apprendre la première étape du processus de la Communication Non Violente : observer sans juger. Pour ce faire, Valérie Detry utilise les références au chacal et à la girafe. C’est Marshall Rosenberg, fondateur de la Communication Non Violente, qui a le premier utilisé ces références sous forme de deux marionnettes.

Le langage chacal est fait de jugements, critiques et reproches. Il coupe de la vie.

  • Le chacal pose des étiquettes sur les gens, les rabaisse.
  • Le chacal fait des diagnostics et accuse.
  • Le chacal s’exprime par exigence, par ordre.
  • Le chacal joue sur le sentiment de culpabilité des autres pour les contrôler.
  • Le chacal n’aime pas prendre la responsabilité de ce qu’il veut faire ou faire faire.

Le langage girafe est le langage du cœur et des “tripes”.

  • La girafe écoute avec empathie.
  • La girafe élève sa vision grâce à son long cou.
  • La girafe s’exprime par requête.
  • La girafe pose des questions pour décoder ce que l’autre tente d’exprimer maladroitement et agressivement.
  • La girafe prend sa part de responsabilité dans les réactions des autres à son égard.

Valérie Detry  propose des jeux aux enfants pour s’entraîner à pratiquer la communication bienveillante : le jeu de la girafe et du chacal pour différencier les jugements/ critiques et les observations objectives. Les enfants rapportent des propos et ils doivent estimer s’il s’agit du langage chacal ou bien du langage girafe.

Les enfants sont également invités à travailler la capacité d’observer et à devenir conscients de leurs manières de réagir en référence à des animaux (exemple : la tortue comme symbole du repli sur soi).

5.La connaissance des émotions pour la non violence à l’école 

L’objectif de cet atelier est d’expliquer la deuxième étape de la communication bienveillante aux enfants : les émotions sont des signaux qui renseignent sur des besoins insatisfaits. Il est alors important d’identifier, comprendre et d’utiliser les émotions à bon escient.

Valérie Detry s’appuie sur les livres Un jour hérisson ou un jour papillon ? (de Vincent Mathy – éditions Albin Michel) et Homme de couleurs (de Jérôme Ruillier – éditions Mijade).

Puis les enfants sont invités à nommer leurs émotions à partir d’une roue des émotions sur laquelle apparaissent les émotions primaires et des synonymes plus ou moins intenses.

vocabulaire des émotions

Enfin, les enfants s’expriment à travers l’art (par exemple, l’argile pour modeler les émotions et les ressentis).

non violence à lécole

6.L’arbre des besoins 

Cet atelier correspond à la troisième étape du processus de CNV : prise de conscience et expression du (ou des) besoin(s) non satisfaits à l’origine de l’émotion. Valérie Detry utilise un arbre pour représenter les besoins fondamentaux qui nous animent tous : les besoins physiologiques primaires sont dans les racines et les besoins qui rendent la vie plus belle sont dans les arbres (amour, reconnaissance, coopération, sécurité…).

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Le livre Le conte chaud et doux des choudoudous (de Claude Steiner – InterEditions) sert de support pour insister sur l’importance des besoins relationnels (amour, harmonie, considération, respect, coopération, rire…) et physiques (toucher, protection…) Lire ce livre et organiser des activités autour de cette notion de chaudoudoux aide à intégrer la non violence à l’école.

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7. Chercher ensemble des solutions : des médiateurs en herbe pour une culture de la non violence à l’école

Dans ce septième atelier, les enfants sont invités à se comporter comme Gigi la girafe. C’est la mise en pratique de la quatrième étape du processus de CNV : formuler une demande positive et négociable qui satisfait les besoins de tous les protagonistes engagés.

Valérie Detry utilise le livre Gigi la girafe au pays des animaux (de Alberto Benevelli aux éditions Esserci) comme support.

Gigi, la girafe voyage par-ci, par-là. Aujourd’hui elle se ballade au pays des animaux. Qui rencontrera-t-elle ? Que fera-t-elle ? Que se passera-t-il ? C’est un mystère … à résoudre en lisant et en observant. Quand on réagit comme un chacal, la dispute commence. Quand on réagit comme Gigi la girafe, on trouve des solutions qui conviennent à tout le monde. Gigi fait des demandes : “j’aimeras que tu…” et pose des questions : “serais-tu d’accord pour… ?”

8.Semer des graines de paix : la gratitude

Le dernier atelier s’appuie là-encore sur un principe important de la CNV : faire preuve de gratitude.

Rester réceptif aux cadeaux de la vie est source d’un bonheur durable. – Agnès Dutheil

Plusieurs scientifiques ont montré que la gratitude a des effets positifs sur l’être humain :

  • en 2003, deux professeurs de psychologie (McCullough et Emmons) ont prouvé que “des personnes qui écrivent au moins une fois par semaine quelques phrases à propos d’un événement qui amène chez eux un sentiment de reconnaissance, ont un niveau de satisfaction nettement plus élevé, sont plus optimistes, ont moins de symptômes anxieux ou douloureux, et ce, au bout de 10 semaines.”
  • Sonja Lyubomirsky prouve que plus une personne est capable de gratitude, moins elle est anxieuse ou dépressive, et moins elle éprouve de sentiments, de frustration, d’envie ou de solitude, plus elle est rassurée sur sa propre valeur, plus elle a confiance en elle et plus elle ressent d’émotions positives.

Faire preuve de gratitude, c’est se réjouir et célébrer ce qui va bien. Ce temps positif permet de partager d’agréables moments, de souder le groupe et de renforcer les relations interpersonnelles. Les activités qui cultivent la gratitude s’inscrivent parfaitement dans une démarche de promotion de la non violence à l’école.

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Pour aller plus loin et pratiquer en classe : Gardiens du Sourire – Ateliers psychologiques pour enfants de 5 à 10 ans de Nada Ignjatovic Savic (éditions Girasol). La base théorique des activités de ce livre se fonde sur le modèle de la Communication Non Violente de Marshall Rosenberg. Ces activités s’articulent de manière progressive dans un vrai programme clé en main our le développement émotionnel et relationnel des élèves.

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