Comment soulager la fatigue cognitive des élèves en classe ?
Comment soulager la fatigue cognitive des élèves en classe ?
En classe, l’activité intellectuelle soutenue entraîne une certaine fatigue cognitive des élèves. Le cerveau humain est économe par nature et évalue le prix à payer pour poursuivre une tâche cognitive. Il pèse le pour et le contre :
- le pour englobe ce que le cerveau considère comme un gain, un bénéfice : un signe de reconnaissance, une bonne compréhension, une bonne réponse.
- le contre consiste en une dépense cognitive, une perte : les efforts cognitifs (surtout non récompensés), la fatigue mentale, une dépense de glucose.
Plus un élève travaille sur un exercice difficile ou nouveau, plus le cerveau évalue le coût entre la dépense et le bénéfice attendu en cas de réussite. Quand la fatigue s’accumule, la balance penche de plus en plus du côté de l’abandon. Dès que le cerveau estime que cela n’en vaut plus la peine, car la fatigue qui s’annonce est trop élevée, alors il choisit de ne pas poursuivre. En effet, se concentrer nécessite beaucoup d’efforts, alors même que ces efforts coûteux ne garantissent pas nécessairement la réussite.
En tant qu’enseignants, nous pouvons soulager la fatigue cognitive des élèves de plusieurs manières.
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Aider l’élève à percevoir l’intérêt du travail et les bienfaits qu’il en retire.
Les objectifs d’un exercice ou d’un cours ne sont pas toujours perçus par l’élève. C’est pour cette raison que l’enseignement explicite est utile pour lever les implicites dans les activités d’apprentissage scolaires.
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Consolider la confiance en soi de l’élève
Quand un élève a confiance en lui, il n’a pas besoin de se débattre avec ses émotions. Certains élèves sont mobilisés cognitivement par des pensées envahissantes, liées à la crainte d’échouer ou au regard des autres. Rassurer les élèves sur leurs capacités à réussir entraîne moins de fatigue mentale pour eux.
Un élève qui se convainc qu’il peut relever le défi (au moins en partie) a plus de chances de déployer des efforts. Nous pouvons utiliser des tournures de phrase positives, du type “Vous pouvez le faire, c’est à votre portée” ou “Tout le monde va apprendre, je vais vous donner les moyens d’y arriver”. Les méthodes actives d’enseignement reposent sur des séquences brèves et doivent reposer sur des objectifs clairement prédéfinis (pourquoi nous allons faire cette leçon, ce qu’on saura faire à la fin de la leçon).
S’assurer que tous les élèves se sentent capables de progresser passe des étayages pour les élèves en difficulté : indications supplémentaires, dictée à l’adulte, dictée à trou ou plus courte, documents complémentaires, présence de pairs capables d’aider, objectif final découpé en sous-objectifs plus facilement atteignables…
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Attirer l’attention sur les parties simples
On peut orienter les efforts d’un élève en lui indiquant ce qu’il sait déjà faire car cela ressemble beaucoup aux exercices précédents, ou bien parce qu’il s’agit simplement de la reformulation d’une chose qu’il maîtrise déjà.
Il est même possible de présenter aux élèves des exercices entièrement résolus dans un premier temps, puis de leur proposer des exercices seulement partiellement faits dans un deuxième et enfin, des exercices à résoudre entièrement dans un troisième temps. Les exercices à compléter servent à montrer les première étapes d’une procédure que les élèves mèneront ensuite à terme. Les effets de la présentation progressive d’exercices sont puissants chez les débutants mais, quand le niveau de compétence s’élève et que les élèves acquièrent des connaissances approfondies, les exercices résolus ou semi-résolus perdent en efficacité et ne sont plus nécessaires.
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Fournir une méthodologie claire, étape par étape pour soulager la fatigue cognitive des élèves
Disposer d’une méthodologie évite la surcharge cognitive. Il est possible de fournir des fiches méthodes aux élèves dans le cadre de la résolution d’exercices et dans toutes les matières : pour apprendre à faire des résumés de livres, des guides de relecture pour éviter les fautes d’orthographe, des procédures de résolution de problèmes en mathématiques ou encore une aide pour les rédactions en français.
Voici quelques exemples :
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- pour l’analyse grammaticale en français
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- pour les premières soustractions posées (sans retenue) :
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- pour la relecture d’une rédaction en français
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- pour la résolution de problèmes mathématiques
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Instaurer un climat scolaire propice aux apprentissages
Des relations sereines et empreintes de respect entre élèves évitent les dépenses d’énergie inutiles au cerveau (comme le fait de surveiller les autres pour éviter les moqueries, de se comparer ou de contrôler ses faits et gestes pour ne pas attirer l’attention).
Par ailleurs, le stress élevé et récurrent entrave les apprentissages. Mieux vaut empêcher les comparaisons entre élèves et valoriser les objectifs en termes de progression personnelle qui se construit au fil du temps (plutôt que les notes).
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Source : Cerveau et émotions à l’adolescence : Les neurosciences au service des compétences sociales et émotionnelles dans l’enseignement d’Ellen Bales (éditions ellipses). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.
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