Comment donner du feedback utile aux élèves ?

Comment donner du feedback utile aux élèves ?

Comment donner du feedback utile aux élèves

Le feedback (ou retour d’expérience) présente un double intérêt :

  • quand il corrige une erreur : il permet de rectifier le tir.
  • quand il souligne un succès : il permet d’ancrer l’apprentissage pertinent en renforçant la voie neuronale empruntée. 

L’apprentissage se faisant essentiellement par essai-erreur, il est essentiel de multiplier les retours d’information sous forme de feedback. Les élèves ont besoin de savoir comment ils doivent s’y prendre pour réussir plus tard.

Un feedback est plus efficace quant l’investissement des élèves est reconnu car ces derniers peuvent attribuer de la valeur à ce qu’ils ont accompli et à ce qu’ils ont dû faire pour y parvenir. Le feedback utile aux élèves est élaboré et non condescendant, il est un outil de guidage et de redirection efficace pour les élèves.

Si vous ne reconnaissez pas les efforts fournis par quelqu’un pour une réalisation à laquelle il accorde de la valeur, vous ne pouvez vous attendre à ce qu’il prenne au sérieux toute autre information que vous lui offririez, tout particulièrement si celle-ci comporte des points négatifs. – John Hattie et Gregory Yates (L’apprentissage visible)

Carol Dweck, professeur de psychologie sociale, estime toutefois que la bienveillance ne suffit pas pour que les élèves améliorent leurs performances. Accompagner les jeunes en situation d’apprentissage, c’est aussi leur montrer comment atteindre des attentes élevées. Le “comment” est au coeur de ce que Carol Dweck appelle “état d’esprit de développement” : le processus, les stratégies, les hypothèses testées, les erreurs commises et la manière de les corriger. Il est important de donner des balises sur les étapes et les manières d’atteindre un objectif, mais aussi un feedback sur les processus utilisés. On agit avant l’acte d’apprentissage et aussi après.

Abaisser les exigences n’augment pas la confiance en soi, mais l’augmentation des exigences non plus, si on n’indique pas aux élèves les moyens pour les atteindre.

10 critères pour un feedback améliorant les performances des élèves 

D’après John Hattie, il existe des critères pour que le feedback soit efficace, c’est-à-dire positif et encourageant. Un retour (ou feedback) positif est un retour sincère qui s’appuie sur des éléments factuels (ceux qu’une caméra pourrait filmer) et qui évacue les éléments de punition ou de critique. Quand la propre valeur de l’élève ou ses propres capacités sont mises en cause, il se décourage et décroche (son attention se détourne de la tâche).

Un retour positif peut prendre cette forme : “Tu n’as pas encore réussi mais tu es dans la bonne direction”, “C’est une bonne idée que tu as eue et tu peux la creuser encore”. Le retour positif est encore plus important chez les jeunes (moins de 10 ans).

Un feedback qui améliore les performances a un pouvoir correctif : il doit s’ancrer dans la réalité, être compris et apprécié par l’élève à qui il est adressé (et donc pas donné à la volée, de manière forcée, inauthentique). Hattie insiste sur l’importance de dissocier feedback et compliment. Selon lui, cela évite de diluer l’efficacité du feedback. Des travaux ont montré que des compliments trop fréquents ont pour effet de discréditer l’enseignant.

En dirigeant le focus sur la tâche, l’élève peut élaborer un discours interne loin des enjeux d’ego. L’idée est de déplacer le discours de “Je ne suis pas à la hauteur” à “Ce travail demande du temps et des efforts. Cela me demandera beaucoup de travail et je peux y arriver avec des bonnes stratégies, pas à pas. Je sais que je vais faire des erreurs et je les corrigerai. ” 

Voici les 10 critères pour un feedback utile et efficace : 

  • 1.S’inscrire dans un environnement ouvert à l’erreur.
  • 2.Intervenir après une phase d’assimilation. Le feedback a peu d’effet sur des connaissances superficielles.
  • 3.Intervenir souvent et rapidement (en particulier chez les débutants).
  • 4.Être un outil de progrès pour l’apprenant (et non une manifestation d’autorité ou de savoir).
  • 5.Rendre les critères de succès de plus en plus transparents.
  • 6.Avoir pour objectifs de fournir de l’information sur la tâche en cours (et non une récompense).
  • 7.Être adapté au niveau de l’apprenant. Inscrire le travail dans une dynamique de progression (des notes qui progressent bien que sous la moyenne sont des éléments à encourager).
  • 8.Se focaliser sur la tâche et non sur la personne (ne contenir aucun jugement, ni positif ni négatif). Reconnaître la valeur intrinsèque du travail (sans élément de comparaison).
  • 9.Demander un feedback sur les feedbacks pour les ajuster (s’intéresser à la façon dont ils sont reçus compte autant que les formuler correctement).
  • 10.Être un outil de progrès pour l’enseignant et l’amener à recadrer sa pédagogie.

Yates et Hattie avertissent que le rapport à la confiance des élèves s’établît de deux façons :

  • un cercle vicieux : si l’élève se convainc qu’il n’est pas capable de réussir la tâche, il ne fera pas d’efforts et le cercle vicieux se boucle (sans effort ni écoute des consignes, des conseils et du feedback, pas de réussite)
  • un cercle vertueux : un élève qui se convainc qu’il peut relever le défi (au moins en partie) a plus de chances de déployer des efforts et à accueillir les erreurs comme des occasions de se corriger, d’apprendre et de progresser

Pour sortir du cercle vicieux, il faut continuer à valoriser l’engagement et l’écoute, démontrer la puissance des effets du feedback, pour finalement prouver aux élèves l’efficacité de ces modalités pédagogiques qui transforment “Je pense que je peux le faire” en “Maintenant, je sais que je peux le faire”. – Hattie et Yates

Lire aussi : Copies hors sujet : reconnaître et prendre au sérieux les efforts de l’élève avant de donner des conseils 

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Sources :

L’apprentissage visible : ce que la science sait sur l’apprentissage de John Hattie et Gregory Yates (éditions L’Instant Présent). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.

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