Au nom du pire : un livre impertinent qui questionne la notion d’école et d’instruction (l’école, une nouvelle religion ?)
Au nom du pire : un livre impertinent qui questionne la notion d’école et d’instruction (l’école, une nouvelle religion ?)
Présentation de l’éditeur
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Ce livre nous amène à faire notre “examen de conscience” en tant qu’adultes quant à la violence exercée sur les enfants (et adolescents) liée à l’école obligatoire.
Ce livre est une pépite (en même temps, connaissant cette maison d’édition, on ne peut s’attendre qu’à cela !). Il se lit très facilement grâce à son petit format sans pour autant perdre de sa pertinence, voire de son impertinence ! Thierry Pardo l’a écrit après avoir été obligé de rescolariser ses enfants qui avaient toujours été instruits en famille (après une séparation conjugale et demande de la mère de ses enfants pour renvoyer les enfants à l’école). C’est à partir de cette rescolarisation subie et de ses yeux de militant pour une éducation sans école qu’il a élaboré la thèse de son livre selon laquelle l’école se substitue dans nos esprits à la vie pieuse d’antan et remplace les espérances que faisait miroiter la religion.
[…] L’école utilise sa promesse de rédemption pour exiger obéissance et fidélité des enfants et de leurs parents, organisant comme l’église d’autrefois toute la vie de la paroisse, à l’intérieur comme à l’extérieur de ses murs. – Thierry Pardo
Pour Thierry Pardo, l’école est vue socialement comme un “mal nécessaire“, porte de la liberté, de l’émancipation et d’une vie sociale apaisée. L’expression “mal nécessaire” est utilisée dans le sens où la majorité des adultes ont des souvenirs douloureux de l’école et que la souffrance de certains élèves ne peut pas être niée (mal de ventre avant d’aller à l’école, stress à un niveau élevé, phobie scolaire), sans mentionner le non respect des besoins physiologiques et affectifs des élèves.
Thierry Pardo, à travers ces écrits, nous invite à nous questionner nous-mêmes sur notre manière de penser l’école. Ce livre bouscule profondément dans le sens où c’est très déséquilibrant de changer nos idées, de les perdre. La lecture peut être inconfortable et même provoquer du rejet profond mais le débat mérite d’être posé. Nous pouvons nous demander ce qui nous motive à envoyer nos enfants à l’école comme si cela allait de soi, pourquoi nous tenons aux promesses de l’école alors que l’obtention d’un diplôme ne garantit pas l’autonomie et que nous avons tous les jours sous les yeux les échecs du “vivre ensemble” ? Pourquoi estimons-nous normal que les enfants et adolescents soient privés de leur droits humains fondamentaux (comme la liberté de mouvement par exemple) du fait de l’organisation de l’école (programmes imposés, emplois du temps imposés, absence de recueil du consentement des enfants, privation de liberté et de jeux libres sous peine de punition, orientation professionnelle subie…) ?
Par exemple, prétendre rendre un enfant autonome en organisant systématiquement pour lui son temps, son espace, son activité est un paradoxe insurmontable à toute raison commune. – Thierry Pardo
Thierry Pardo dénonce la domination adulte qui règne dans les écoles et, pour lui, dire que les enfants sont au centre du système est une “incantation de plus”. Il reconnaît bien sûr l’implication des enseignants et des parents mais il demande à ces enseignants et parents s’ils veulent vraiment savoir sur quelle guerre repose leur propre paix. Cela m’évoque les punitions données pour devoirs non faits, les conflits dans les familles tous les matins pour être à l’heure à l’école ou pour faire les devoirs, le stress subi par les enfants par peur des mauvaises notes, le non respect de leurs besoins physiologiques (comme l’impossibilité de boire en classe, d’aller aux toilettes quand ils en ont envie ou la privation de récréation et même parfois de sport) : c’est en partie cela la guerre faite aux enfants (et adolescents). Toute la vie des enfants tourne autour des obligations scolaires et Thierry Pardo compare les devoirs et leçons à apprendre chaque soir aux prières et chapelets scolaires à réciter le soir avant de se coucher.
Thierry Pardo regrette que les mots “école” et “instruction” soient devenus synonymes. Pourtant, l’école telle qu’elle existe avec ses sonneries, programmes imposés, privations de libertés et envahissement de la sphère familiale n’a pas le monopole de l’apprentissage. Il existe des écoles qui tentent de se libérer de la domination adulte et qui ont pour principe la foi dans les capacités. De plus, peu de gens savent que l’école n’est pas obligatoire : seule l’instruction l’est et des milliers de familles ont fait le choix de l’instruction en famille (en sachant qu’il y a autant de manières de pratiquer l’instruction en famille qu’il y a de familles et d’enfants). De nombreux autres penseurs ont écrit sur les apprentissages autonomes et informels pour illustrer comment apprendre sans l’école sous la forme que nous connaissons est non seulement possible mais aussi efficace (voir John Holt, Peter Gray ou encore Daniel Greenberg).
Enfermer un enfant en prétendant le libérer, lui donner des consignes en prétendant le rendre autonome, l’évaluer et le punir en prétendant développer son esprit critique, exiger de lui obéissance en prétendant l’émanciper tisse une réalité contradictoire flagrante, mais bien peu ont la force de la remettre en question et d’en tirer les conséquences. Pourtant, le reconnaître me semble la moindre des évidences et permettrait un dialogue sans doute constructif. – Thierry Pardo
Le plus : un petit prix (8€) pour un contenu dense et qui secoue.
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Au nom du pire de Thierry Pardo (éditions Le Hêtre Myriadis) est disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet (site de l’éditeur).
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