Former des adultes empathiques : une urgence dans l’éducation 

Former des adultes empathiques : une urgence dans l’éducation

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Comprendre le développement du cerveau des jeunes enfants

Jusqu’à 5 ans, le petit enfant est dominé par son cerveau émotionnel et son cerveau archaïque. Le jeune enfant est donc incapable de réguler ses émotions et, quand il est en proie à la colère, la tristesse, la peur ou encore la joie, il est comme submergé et n’a aucune possibilité de les “gérer” tout seul. Les petits peuvent alors mordre, griffer, crier ou encore se rouler par terre, non par volonté de “tester” ou défier les adultes, de faire un “caprice” mais parce qu’ils ne peuvent pas (encore) faire autrement.

Catherine Gueguen estime que c’est pour cette raison qu’on a longtemps cru que les humains portaient le mal en eux et qu’il y avait un animal sauvage à dresser à l’intérieur des enfants.

Accompagner des jeunes enfants de moins de 5 ans est extrêmement difficile en raison de l’immaturité de leur cerveau pré frontal (le cerveau siège de l’intelligence qui peut réguler les émotions en faisant prendre du recul, en mettant en perspective ou en activant une stratégie de retour au calme).

Par méconnaissance du développement émotionnel des enfants, il arrive fréquemment que les adultes punissent les manifestations émotionnelles des enfants et basculent du côté de la violence verbale et/ou physique (humilier, tirer par le bras ou l’oreille, mettre au coin…).

Catherine Gueguen regrette que non seulement les formations des professionnels de l’enfance portent peu sur le développement émotionnel des enfants mais également que peu d’alternatives aux punitions leur soient enseignées.

Plaidoyer pour une formation à la bienveillance des professionnels de l’enfance

Alors que beaucoup d’adultes ne savent pas faire autrement que punir, tout un apprentissage reste à faire pour réagir avec bientraitance face aux tempêtes émotionnelles des enfants (tempêtes qui, répétons le, sont normales parce que les enfants ne sont pas encore capables de réguler leurs émotions).

En effet, tous les chercheurs du monde ont montré qu’une relation empathique, chaleureuse et encourageante est nécessaire pour que les enfants se développent harmonieusement : plus un enfant reçoit de l’empathie, plus il devient empathique et moins il répond aux conflits ou aux problèmes qu’il rencontre par l’agressivité. Les études en neurosciences affectives et sociales sont claires : l’empathie se cultive et s’apprend dans un cercle vertueux dès l’enfance.

C’est précisément parce que les petit enfants sont fragiles, vulnérables et immatures que les adultes ont besoin de soutien et de formation pour apprendre à s’occuper de jeunes enfants sans recours à aucune forme de violence (aussi “douce” soit-elle, comme le fait de retirer sa tétine ou son doudou à un petit, de poser un jugement négatif ou une étiquette sur l’enfant comme “il est méchant” ou “elle est capricieuse” ou encore d’interdire ou empêcher l’expression d’une émotion).

La manière dont les enfants sont traités leur enseigne l’empathie… ou la violence

Un enfant traité avec bienveillance saura mieux faire face à la violence car il sera émotionnellement fort et sain (dans le sens où il peut affirmer ses émotions sans violence et s’affirmer sans s’imposer). Il sera alors capable de faire face aux situations compliquées avec créativité, sans recours à la contre attaque (violence) ou au retrait émotionnel (effacement).

Au contraire, c’est justement l’éducation violente, maltraitante et stressante à travers des humiliations verbales et/ou physiques qui génère des problèmes psychiques : la plupart des maladies psychiatriques sont liées à la manière dont l’enfance s’est déroulée. Les coups (dont les claques et les fessées) ne sont pas les seules formes de la maltraitance courante : la maltraitance émotionnelle (comprise comme  tout comportement ou toute parole qui humilie, rabaisse, punit ou fait peur à l’enfant) en fait également partie.

Par ailleurs, la violence s’apprend : les enfants nous imitent et, si nous éduquons les enfants par la violence (physique et/ou psychologique), les enfants apprendront à régler leurs problèmes par la violence.

Nous avons besoin d’un changement de paradigme total au sujet de l’enfance et d’un changement de vision de l’être humain : oui, la nature est bonne et non, la bientraitance ne crée pas des enfants rois. Être un adulte bientraitant ne signifie pas qu’on approuve les comportements violents des enfants mais qu’on leur passe un message de confiance dans le fait qu’ils peuvent apprendre à faire autrement. Toutes les émotions sont acceptables, tous les comportements ne le sont pas.

Apprendre la bienveillance : des outils et formations existent

Ce changement de paradigme est à notre portée car de nombreux outils et formations sont désormais à la portée des parents et des enseignants. Catherine Gueguen insiste sur le développement des compétences sociales et émotionnelles des adultes. Il est inutile de vouloir proposer des outils de non violence aux enfants tant que les adultes n’ont pas été formés à la bienveillance : l’urgence est d’offrir des adultes empathiques aux enfants ! De plus, quand les enseignants développent leurs compétences sociales et émotionnelles, ils vont mieux, se sentent plus compétents et sont protégés du burn out.

Le développement des compétences sociales et émotionnelles passe par l’acquisition de différentes compétences pour être mieux avec soi-même et avec les autres :

 

 

 

  • apprendre à traverser les conflits (accepter les conflits comme des occasions de mieux se connaître mutuellement et de trouver des solutions/ d’établir de nouvelles règles qui conviennent mieux à la vie de groupe) -> Le conflit : une opportunité d’évolution

 

 

 

Catherine Gueguen insiste sur l’importance d’adopter un état d’esprit souple et d’ouverture : en matière de compétences émotionnelles et relationnelles, on n’a jamais fini de progresser et d’apprendre.

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Pour aller plus loin : Heureux d’apprendre à l’école : comment les neurosciences affectives et sociales peuvent changer l’éducation de Catherine Gueguen (éditions Les Arènes Robert Laffont). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.

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