6 solutions bienveillantes pour accompagner efficacement les jeunes face au harcèlement scolaire

6 solutions bienveillantes pour accompagner efficacement les jeunes face au harcèlement scolaire

accompagner jeunes face au harcelement scolaire

Dans leur livre 100 idées pour accompagner les jeunes neuro-atypiques face au harcèlement, les autrices évoquent 6 solutions pour sensibiliser, repérer et sortir du harcèlement scolaire :

1.En parler

En cas de moqueries ou d’insultes répétitives, d’agressions verbales, de menaces ou de vols (prendre les affaires ou la nourriture, demander d’amener de l’argent), il veut mieux ne pas rester seul dans cette situation. Parfois, les jeunes ont peur d’en parler à leurs parents, à leurs enseignants ou à des jeunes de leur âge car ils ont peur d’empirer les choses, parce que les bourreaux ont exprimé des menaces en cas de dénonciation, par impuissance (à quoi ça sert ? personne ne pourra les empêcher), par peur de ne pas être cru et compris, ou par manque de mots pour décrire ce qui se passe. Pourtant, il n’y a aucune honte à avoir à dire comment on se sent.

Ordonner aux enfants d’en parler ne suffit pourtant pas. Les adultes doivent créer les conditions pour que les jeunes osent déposer leurs problèmes et s’ouvrent en toute confiance. Jean-Pierre Bellon et Marie Quartier, spécialistes du harcèlement scolaire, soulignent que l’élément le plus faible du groupe peut être désigné comme bouc émissaire. Mais la cible du harcèlement peut aussi présenter le plus grand écart possible par rapport à la norme du groupe (traits propres à la victime : son caractère, ses agissements, ses habitudes…) Ils définissent une relation d’alliance adulte/ enfant comme une relation non jugeante. Dans la phase d’alliance, l’adulte ne cherche pas à diriger l’élève vers un autre comportement et ne donne donc pas de conseil à l’enfant. il vaut mieux éviter de minimiser ou surenchérir : dire « Ne les écoute pas et ils arrêteront » ou « Défends- toi et bats-toi ! » est inefficace.

L’enjeu est de valoriser l’élève, mais toujours de manière juste. Un adulte qui s’adresse à un enfant cible de harcèlement et en souffrance pourrait lui dire :  « Tu es courageux, cela fait des années que tu subis des brimades insupportables, et pourtant tu trouves encore la force d’essayer de faire de ton mieux, d’y retourner chaque jour, de te lever chaque matin. » Bellon et Quartier rappellent que les élèves qui subissent une situation d’intimidation vivent un enfer et, malgré cela, ils retournent tous les jours à l’école. Ils sont effectivement courageux et le leur refléter peut les aider à puiser dans leurs ressources. Pour exemple, Jean-Pierre Bellon et Marie Quartier citent quelques phrases que les élèves intimidés ou harcelés par leurs camarades ne supportent pas d’entendre, ainsi que des phrases empathiques qui peuvent les aider. Les auteurs ne prétendent pas à l’exhaustivité mais proposent ces exemples pour comprendre l’esprit, plus que la lettre, de leur approche visant à prévenir les souffrances à l’école.

  • A ne pas dire -> Ça va passer, ils ne le font pas exprès, ne fais pas attention.
    • A dire -> En effet, ils te maltraitent, c’est intolérable, il ne faut pas qu’on laisse passer ça.
  • A ne pas dire -> Tu n’exagères pas un peu ? Tu ne crois pas que tu y es un peu pour quelque chose ?
    • A dire -> Je mesure à quel point cela est dur pour toi, du point de vue qui est le tien. Et je comprends que tu essaies par tous les moyens de réagir, même maladroitement.
  • A ne pas dire ->  À ta place, je ferais…
    • A dire -> Je n’aurais pas été capable de mieux réagir à ta place.
  • A ne pas dire -> Te laisse pas faire ! (Injonction)
    • A dire -> Tu as le droit de te défendre, je sais que c’est dur, mais je suis de ton côté. (Autorisation)
  • A ne pas dire -> Arrête de te plaindre !
    • A dire -> Je te trouve très courageux.

La relation d’alliance telle que conçue par Jean-Pierre Bellon et Marie Quartier repose sur une écoute empathique, respectueuse, qui renforce la confiance en lui-même de l’enfant intimidé et l’aide à sortir de la solitude et de la peur. En cas de danger, il faut toutefois agir : retrait de l’école, rendez-vous avec l’enseignant ou l’inspecteur de circonscription, plainte à la police, contacter des associations ou France Victimes (116 006).

 

2.Garder confiance en soi

Il est important que le jeune garde en tête que ce que les agresseurs disent à son sujet n’est pas la vérité. L’idée est que l’élève cible du harcèlement sorte de sa posture de victime.

Cette petite histoire peut illustrer ce principe de mobilisation de la créativité et de prise des agresseurs dans leur propre piège. Quoique non verbale, cette solution est un bon exemple de défense stratégique.

Un roi accueille tout étranger débarquant sur son île en lui imposant un rituel étrange : un tirage au sort qui décidera de son destin. Dans un chapeau sont disposés deux petits papiers pliés en quatre : sur l’un est écrit le mot “mort”, sur l’autre le mot “vie”. L’étranger aura le sort inscrit sur le papier qu’il aura tiré. Or, le roi étant cruel et malhonnête, il écrit toujours “mort” sur les deux papiers – mais son autorité empêche quiconque de démasquer son procédé. Un jour, un étranger soumis à cette épreuve et prévenu de la cruauté et de la malhonnêteté du roi, parvient à les déjouer de la manière suivante : il tire un papier et aussitôt l’avale. De ce fait, il faut lire le mot écrit sur le papier restant, à savoir “mort”, pour en déduire qu’il a tiré “vie”. Ainsi, il déjoue son adversaire en se servant de sa logique même, sans déployer la moindre agressivité en retour.

La lecture de ce conte peut être suivie d’un temps d’échange sur les motivations du roi, sur les émotions des personnes victimes de ce piège, sur les ressources mises en œuvre par l’étranger et sur l’efficacité de sa stratégie. On pourra extrapoler ce type de stratégie pour trouver des solutions à des cas vécus en classe ou proposés par les enfants eux-mêmes.

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3.Répondre

En cas d’intimidation, les élèves cibles doivent savoir qu’ils ont du pouvoir personnel sur la situation. Il est utile de leur présenter des outils pour aiguiser leur répartie verbale afin de les préparer à d’éventuelles moqueries. En tant qu’adultes, nous pouvons aider l’enfant en difficulté à trouver des répliques et l’entraîner. Il peut ainsi répondre aux moqueries par :

L’autodérision (exagérer la moquerie sans se prendre au sérieux). Par exemple, face à « Espèce de grande perche », répondre « Je dirais même plus : une girafe ! » ou « Oui, c’est très pratique en athlétisme, je suis imbattable. » ou encore face à « Tu es un jambon. », répondre « Oui, mais avec particule : jambon DE Paris, s’il vous plaît ! »

L’audace (répondre du tac au tac par une pique verbale). Ainsi, face à « Tu as le même blouson moche que l’an passé. », l’enfant peut répondre « Je peux toujours en acheter un neuf… mais toi, pas un cerveau ! »

– Une question (demander à l’agresseur de préciser sa pensée). Face à « Les filles, ça joue pas au foot. », l’enfant pourrait répondre « Ah oui ? Comment ça se fait alors qu’Ada Hegerberg joue à l’OL et gagne 400 000 € par an ? »

Les enfants peuvent aussi utiliser la technique du “Et alors ?” afin de monter qu’ils ne sont pas atteints pour les mots prononcés à leur encontre.

Pour aller plus loin : TAkAttAk À la Récré : un jeu de cartes pour contrer le harcèlement scolaire (répliquer aux attaques verbales et moqueries)

 

4.Adopter la posture du corps

La posture corporelle joue un rôle important dans les relations sociales : menton relevé, tête levée, dos droit, torse bombé, yeux dans les yeux, pieds bien ancrés dans le sol. Prendre l’apparence de la confiance peut aider quand on n’est pas à l’aise… On peut entraîner les enfants à adopter cette posture pour qu’ils ressentent dans leurs corps cette puissance que confère la confiance :

  • devant un miroir, ancrer les pieds dans le sol
  • ouvrir la poitrine et mettre les épaules légèrement en arrière
  • relever le menton
  • mettre les poings sur les hanches
  • sourire
  • respirer doucement et amplement : inspirer par le nez, sentir la poitrine se soulever, expirer par la bouche
  • garder cette position quelques secondes
  • se regarder pour se souvenir de cette impression de confiance.

 

5.Réguler le stress

Plusieurs réactions sont possibles face aux moqueries : le figement, la fuite, l’envie de pleurer, la crise d’angoisse. Des techniques de régulation du stress existent pour éviter de s’effondrer ou d’exploser. Les enfants peuvent activer une petite respiration pour revenir à l’équilibre émotionnel. Ils placeront une main sur le coeur et une autre sur le ventre. Ils vont alors respirer amplement avec des expirations longues, une main sur le coeur et l’autre sur le ventre, autant de temps qu’ils en ressentent le besoin.

Afin de créer une habitude, il est possible de présenter cette petite technique simple aux enfants en dehors d’une crise puis de leur demander de pratiquer cette petite respiration tous les soirs avant de s’endormir, comme une routine apaisante du coucher.

 

6.Se doter d’un réseau solide

Quand l’enfant a identifié des personnes ressources à qui il peut se confier, il se sent moins seul. Nous pouvons proposer aux enfants de créer un tableau avec les ressources en eux et autour d’eux qu’ils peuvent utiliser pour affronter les obstacles et difficultés : le lieu qui apaise, la musique qui fait du bien, les personnes qui savent écouter… Quand ils pensent à des choses agréables, ils empêchent leur cerveau de percevoir la situation comme menaçante. Cela les apaise et leur permet ensuite de penser à des solutions quand le stress revient à un niveau plus bas.

Le lieu qui m'apaise activité anti stress enfant

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Le livre 100 idées pour accompagner les jeunes neuro-atypiques face au harcèlement : Sensibiliser, repérer et sortir du harcèlement scolaire de la maternelle au lycée de Myriam Bost, Amélie Sourd et Justine Viviant (éditions Tom Pousse) est disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet. 

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