5 pistes pour promouvoir la créativité à l’école

5 pistes pour promouvoir la créativité à l’école

1.Autoriser les apprentissages sous des formes inhabituelles

Les leçons et exercices peuvent prendre toutes sortes de formes (pas seulement des lignes écrites et des listes d’exercices écrits qui se suivent mais par exemple, une leçon sous forme de Mind Map ou un exercice qui consiste à créer une Mind Map pour extraire les informations clés d’une leçon et en vérifier la compréhension ou alors à créer des flash cards questions/ réponses; monter une vidéo sur YouTube…).

exemple apprendre sketchnote

Source : Sketchnote Time

De même, différentes restitutions de travaux (exposés, devoirs maisons…) peuvent être encouragées. Par exemple, un exposé pourra être rendu sous forme de Sketchnote ou de Lapbook réalisés à la main; le résumé d’un livre pourra prendre la forme d’encarts de mémorisation; la définition d’un concept la forme d’une carte conceptuelle (à la main ou à partir d’un logiciel)…

encarts-fiches-de-memorisation

Source : http://sciences-cognitives.fr/memorisation-classe-facheux-oubli/

Enfin, on peut enseigner aux élèves des méthodes d’apprentissage variées pour plus d’efficacité dans la création de leurs supports de révisions à la maison. Le fait d’être exposés à des supports d’apprentissage variés permet aux élèves de les réinvestir lors de leurs révisions à la maison.

carte conceptuelle des fonctions cognitives

 

2.Dédier du temps en classe à la créativité et à la pensée divergente

L’heure des génies est un temps réservé en classe chaque semaine pour réaliser un projet sur un sujet qui passionne les élèves. Ce type d’initiative a de nombreux atouts :

  • inviter les enfants à réfléchir à leurs passions, à leurs intérêts (on est à la confluence de la philosophie, de la science, des arts, du sport, de la technologie…)
  • se questionner et mieux se connaître :
    • qu’est-ce que j’aime ?
    • qu’est-ce qui m’intéresse ?
    • sur quels sujets j’ai envie d’en savoir plus ?
    • qu’est-ce que je veux apprendre ?
  • s’investir complètement, donner du sens et (re)trouver de la motivation
  • raisonner en mode projet (s’organiser, trouver des ressources, demander de l’aide appropriée, trier des informations, les mettre en forme, choisir le support le mieux adapté, créer des questionnaires et les administrer…)
  • travailler les compétences “fondamentales” de manière transversale (lire, écrire, résoudre des problèmes…)
  • réinvestir les apprentissages dans un projet plus global

Dans cet esprit, le projet Les Saventuriers propose d’apprendre par la recherche et invite à transformer les classes dès le primaire en sorte de laboratoire de recherche scientifique. Plus d’informations : Savantures.

L’intégration de temps dédié à la pensée divergente peut également prendre la forme de rituels hebdomadaires ou quotidiens inspirés d’exercices créatifs. A cet effet, le livre “Manuel de pensée géniale” est une mine d’or. Je vous propose quelques exemples d’activités pour stimuler la pensée créative des élèves ici.

3.Intégrer et autoriser l’utilisation de “nouvelles” technologies en classe

On utilise toujours le terme de “nouvelles” technologies même si elles ne sont plus vraiment nouvelles. Beaucoup d’enseignants utilisent déjà de manière quotidienne ces technologies en classe à travers différentes pratiques pédagogiques. On fouillant sur internet, et en particulier Twitter, on trouve de nombreuses ressources dont voici (un court) aperçu (forcément incomplet mais qui vise à ouvrir l’appétit) :

  • la classe inversée

Des ressources :

Sur Canopé

Une vidéo d’explication

Des comptes Twitter d’enseignants qui pratiquent la Classe inversée :

Inversons la classe !

Ma classe inversée

  • Twitter (compte pour la classe, twictée)

Le compte officiel pour se lancer dans la Twictée : TwicteeOfficiel

Une personne ressource pour l’usage de Twitter en classe (formatrice et consultante, ex professeure des écoles) : Ostiane Mathon

  • des applications (pour les enseignants et les apprenants)

Une liste d’applications sélectionnées par une enseignante pour un usage au service des enseignements : http://www.thinglink.com/scene/645995060738916352

  • des outils numériques comme partie intégrante des leçons et cours (tablettes en classe, Google Maps, conférences Ted…).

Un compte Twitter qui rassemblent des outils TICE pour la classe (mais pas que !) : Outilstice

Ce n’est pas tant la nature des outils qui en fait l’efficacité mais la manière dont ils sont utilisés au service d’un projet éducatif (quelle valeur ajoutée cet outil peut-il amener ?)

4.Encourager les moments d’apprentissages informels et faire de la classe un système ouvert

On fait une faveur aux enfants quand on les engage dans la construction du savoir plutôt que leur servir le savoir de manière passive. Cultiver l’esprit de curiosité et l’art de poser des questions permet de maintenir ardentes les braises de l’apprentissage que chaque enfant porte en lui.

école du troisième typeLes discussions informelles autour de questions que se posent les enfants permettent à cette curiosité de s’épanouir. Ces discussions peuvent émerger de manière inattendue et cela peut nécessiter un certain lâcher prise de l’enseignant pour laisser cet espace-temps se transformer en opportunité d’apprentissage. Bernard Collot en livre un bel exemple dans son livre Chroniques d’une école du troisième type, quand il explique la différence entre un système fermé et un système ouvert.

Dans un système fermé, des enfants en train de faire une dictée qui remarquent un merle posé sur le rebord de la fenêtre savent qu’ils n’ont pas intérêt à bouger, sous peine de punition. Le système pourra même se protéger en couvrant les carreaux des fenêtres dans les salles de classe ou en construisant des écoles avec des fenêtres surélevées.

Dans un système ouvert, les mêmes enfants dans le même cas vont pouvoir se lever, l’enseignant va interrompre sa dictée. Les enfants vont alors faire des observations et des propositions autour de cet événement : installer un poste d’observation avec des jumelles, construire une mangeoire, apporter des graines, rédiger un rapport d’observation, dessiner le merle… autant d’opportunités d’apprentissages (où installer le poste pour avoir la meilleure vue possible sans effrayer les oiseaux ? comment mettre en place un atelier bois pour construire la mangeoire ? quelles graines mettre dedans ? comment corriger le rapport d’observation pour le rendre lisible aux correspondants ?…). un système ouvert s’auto organise et se complexifie pour s’adapter.

Dans une école du 3° type, les adultes professionnels ont une fonction essentielle : assurer la constitution et le maintien d’une entité vivante. Ils sont d’abord les garants du fonctionnement harmonieux de cette entité. Leur pouvoir est ainsi bien perçu par les enfants ou adolescents qui, au lieu d’avoir à s’y opposer ou à le contester, y ont recours […] les adultes sont alors le plus souvent dans la position d’écoute plutôt que dans celle de se faire écouter. – Bernard Collot (Chroniques d’une école du 3° type)

 

Selon Bernard Collot, personne ne sait comment les enfants apprennent. Il prend l’exemple de l’apprentissage du langage : apprendre à parler est l’essence même du processus d’apprentissage. La construction du langage est la construction la plus fabuleuse, la plus complexe qu’un humain entreprenne. L’enfant parle pour appartenir (car nous sommes des êtres sociaux) et par mimétisme.

Pourtant, aucun expert n’a appris à un enfant à parler (ni à marcher d’ailleurs). D’une façon générale, le cerveau se débrouille pour apprendre quand on ne lui impose rien. Bernard Collot raconte qu’il n’a jamais diagnostiqué de cas de dyslexie dans ses classes car le cerveau a trouvé d’autres moyens de lire. Il estime que les adultes doivent être vigilants à ne pas imposer d’inhibitions cérébrales et d’élagage dans le cerveau des enfants par des méthodes pédagogiques quelles qu’elles soient.

Il n’y a donc pas de cours, ni de cahier, ni de programme, ni de notes dans une école du 3° type. L’école du 3° type pourrait se résumer à un espace riche, diversifié, mis à disposition des enfants.

Pour Bernard Collot, c’est le rôle de l’école d’offrir un environnement foisonnant à tous les enfants (avec des instruments de musique, des ordinateurs, des postes de soudure, des livres, un jardin, du matériel artistique…). Les enseignants (qu’il renomme les “permanents”) changent de mission : ils deviennent des personnes ressources, des facilitateurs. Bernard Collot ne parle même plus d’apprentissages mais de “constructions de langages” (langage mathématique, langage artistique, langage écrit, langage oral…).

Ces moments d’apprentissages peuvent prendre des formes plus “formelles” sans pour autant être scolaire au sens de magistrales : les ateliers philo peuvent être un premier pas en ce sens.

Lire : Philosopher avec les enfants : comment mettre en place des cercles de parole philosophiques en classe ?

5.Mettre en oeuvre une pédagogie de la coopération 

Ainsi, en pédagogie Freinet, les classes comportent des coins spécialisés pour permettre plus d’autonomie et de coopération : fichiers autocorrectifs, ordinateurs, matériel de dessin, matériel de découpage, collage, étiquettes pour la lecture, bibliothèque… Les textes et les dessins des enfants sont exposés dans la classe.

En devenant autonomes, les enfants deviennent aussi responsables :

  • de leur propre travail (pédagogie de contrat),
  • de leur conduite dans la classe et dans la cour (autodiscipline),
  • de certaines tâches bien définies et réparties (missions attribuées à chacun),
  • de la gestion globale de la classe (coopérative).

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Pour aller plus loin :

L’esprit de la pédagogie Freinet + 9 outils pour la mise en pratique en classe

Sudbury : à la découverte d’une école pas du tout comme les autres (une école libre et démocratique sans programme, sans prof et sans note)