3 approches qui favorisent les apprentissages scolaires des jeunes enfants à l’école maternelle 

3 approches qui favorisent les apprentissages scolaires des jeunes enfants à l’école maternelle

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Dans son livre Les neurosciences à l’école : leur véritable apport, Edouard Gentaz, professeur de psychologie du développement, estime que la petite enfance entre 3 et 6 ans constitue une période sensible à de nombreux apprentissages. Il présente des approches ou des compétences qui favorisent les apprentissages scolaires des élèves de maternelle : les approches multisensorielles, le développement des compétences émotionnelles et le jeu du faire semblant.

1.Utiliser le corps pour apprendre

Edouard Gentaz rappelle que, les interactions entre les différents canaux d’apprentissage facilitent la mémorisation et le rappel des informations apprises.

Ainsi, en mathématiques, le comptage sur les doigts facilite l’apprentissage des nombres chez les jeunes élèves, car l’interaction langage-geste contribue à la construction du raisonnement et l’ajout de l’exploration manuelle haptique (qui concerne le sens du toucher) de figures géométriques soutient leur reconnaissance visuelle. En langage, les gestes favorisent l’apprentissage et la mémorisation du vocabulaire, les processus de compréhension sont facilités par la manipulation, le geste d’écriture permet de mieux

Par exemple, depuis les années 2000, les équipes d’Edouard Gentaz évaluent les effets de l’utilisation de l’ajout du sens du toucher. Ces recherches, menées dans des classes de grande section de maternelle en France, comparent différentes conditions d’apprentissage et ont conduit à mesurer l’efficacité de l’ajout de l’exploration par le toucher dans un entraînement à l’apprentissage du sons des lettres. Le toucher fournirait un moyen de favoriser la connexion entre la forme visuelle et la forme auditive des lettres. Ainsi, l’exploration par le toucher de lettres en volume facilite l’apprentissage des associations lettre-son.

Pour être capable de traiter les correspondances graphème-phonème et d’associer des représentations visuelle et auditive, la création de traces mnésiques fortement intégrées et multimodales paraît essentielle. Le renforcement de la trace mnésique par un encodage supplémentaire haptique favorise ce processus d’intégration multimodale. – Edouard Gentaz

Lire aussi : De la pâte à modeler pour apprendre à lire ?

2.Développer les compétences émotionnelles et relationnelles

Les sciences cognitives ont montré que les émotions et les fonctions cognitives agissent de pair et de manière diffuse. Edouard Gentaz utilise cette définition des émotions : “une modification d’état rapide et transitoire en deux temps : 1) un déclenchement initial dû à la pertinence d’un événement (réel ou imaginé) menant à 2) une réponse dans plusieurs composantes (système nerveux périphérique, tendance à l’action, expression motrice et ressenti conscient).”

En complément, les compétences émotionnelles sont définies par la manière dont un humain identifie, comprend et régule ses émotions. Ces compétences permettent de s’adapter à l’environnement.

Une meilleure gestion de ces émotions faciliterait les interactions sociales, permettant aux élèves d’établir de meilleures relations avec leurs enseignants, leurs pairs et leur famille. Cela peut également influencer indirectement les résultats scolaires en offrant aux élèves un réseau de soutien social qui les protège en période de stress et les soutient lorsqu’ils sont confrontés à une nouvelle situation ou à un défi d’apprentissage nécessitant l’aide d’un expert (pair, enseignant).

la connaissance des émotions pourrait faire partie d’une sous-dimension de la connaissance/aptitude verbale. L’apprentissage de nouveaux mots relatifs aux émotions peut en fait déboucher sur l’acquisition de compétences cognitives (telles que l’orthographe, le vocabulaire). Ainsi, les élèves qui ont de bonnes performances dans la compréhension des émotions peuvent également avoir de bonnes performances dans d’autres domaines à l’école (comme l’acquisition du langage ou des nombres).

Pour Edouard Gentaz, l’enseignement de compétences socio-émotionnelles ou psychosociales dans le milieu scolaire, tout particulièrement au début de la scolarité, est essentiel.

Pour aller plus loin : Guide pratique de l’éducation émotionnelle : un must have pour toutes celles et ceux qui s’intéressent aux compétences émotionnelles et relationnelles

 

3. Activer les effets bénéfiques du jeu du faire semblant (ou symbolique)

Pour Edouard Gentaz, le jeu du faire semblant concernent les actions (mimer les gestes d’une personne qui boit du thé), les objets (un morceau de papier devient un ticket de bus) et les verbalisations (vroum-vroum représente le bruit d’une voiture) qui prennent des significations figurées. Une autre forme du jeu symbolique est celle du jeu de rôle et ces jeux peuvent inclure plus d’un joueur.

Cette forme de jeu serait la plus susceptible de générer des gains développementaux en créant notamment une zone proximale de développement qui va permettre à l’enfant d’effectuer des apprentissages sociaux et culturels nécessaires au développement intellectuel. – Edouard Gentaz

Le jeu de faire semblant semble jouer un rôle majeur dans la régulation des émotions. Edouard Gentaz note que les enfants âgés de 4 à 5 ans qui s’engagent dans des jeux de faire semblant de plus longue durée et qui sont plus fréquents (à la maison) présentent de meilleures habiletés en régulation émotionnelle (par exemple, pour gérer des événements négatifs comme des frustrations ou colères). Ce résultat est encore meilleur quand les parents prennent part à ce type de jeu. Cela suggère que le fait de jouer à faire semblant régulièrement avec un partenaire de jeu plus expérimenté (comme ici un parent, mais cela peut être l’enseignant ou l’ATSEM en classe) favorise l’empathie et la conscience de soi émotionnelle.

Edouard Gentaz suggère de laisser plus de temps aux enfants pour expérimenter le jeu libre, sans la supervision constante d’un adulte ou alors avec la participation d’un adulte qui joue mais ne dirige pas, car l’enseignement guidé, structuré et souvent éloigné du sens de ces apprentissages laisse trop peu de place aux activités entreprises par l’enfant.

Pour aller plus loin : Pourquoi nous minimisons la puissance du jeu libre pour apprendre (à l’école et ailleurs)…

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Source : Les neurosciences à l’école : leur véritable apport de Edouard Gentaz (éditions Odile Jacob). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.

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