Le droit à l’éducation ne devrait pas être confondu avec l’obligation de scolarité : une société sans école ?

Une société sans école est-elle souhaitable ? Est-elle possible ?

Le droit à l’éducation ne devrait pas être confondu avec l’obligation de scolarité. Comment envisager une société sans école ?

Une société sans école

La pensée d’Ivan Illich, penseur de l’écologie politique, est riche et déconcertante au sujet de l’école. Pour Ivan Illich, l’école est l’agence de publicité qui nous fait croire que nous avons besoin de la société telle qu’elle est et que seule la scolarité est capable de préparer à l’entrée dans la société.

Il en résulte que ce qui n’est pas enseigné à l’école n’a aucune valeur et, du même coup, ce que l’on apprend en dehors d’elle (et non sanctionné par des diplômes) ne vaut pas la peine d’être connu.

Penser une société sans école

L’enseignement fondé sur des programmes en vue de l’obtention d’un diplôme est nocif pour Ivan Illich. Il appelle à une révolution éducative fondée sur :

  • le libre accès aux choses (en abolissant le contrôle que des personnes privées et des institutions exercent sur leur valeur éducative);

 

  • le libre partage des compétences (en garantissant le droit d’enseigner ou de démontrer ces compétences à la demande);

 

  • la facilitation et l’encouragement du droit à tenir des réunions par des personnes individuelles (pouvoir de plus en plus détenu par des institutions qui prétendent parler au nom du peuple);

 

  • la libération des individus de l’obligation de modeler leurs espérances conformément aux services que peuvent leur offrir les professions établies (en leur permettant de disposer de l’aide de leurs pairs, de profiter de leur expérience et de se confier à l’enseignant, au guide, au conseiller, au guérisseur de leurs choix).

Au delà d’une abolition de l’école obligatoire, Ivan Illich prône une déscolarisation de la société toute entière. Il estime que non seulement l’éducation, mais aussi la réalité sociale se sont scolarisées. On en vient à considérer aussi irresponsables les personnes qui se soignent seules que les personnes qui acquièrent seules leur instruction (les autodidactes). La scolarisation de la société nous conduit à penser que seules les institutions étatiques peuvent entreprendre un traitement de qualité (soit fourni directement par l’État, soit validé et contrôlé par lui). Par conséquent, tout accomplissement personnel en marge des institutions est matière à suspicion. Le seul but qu’il faudrait poursuivre est d’assurer à tous des possibilités éducatives égales : le droit à l’éducation ne devrait pas être confondu avec l’obligation de scolarité.

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Source : Une société sans école d’Ivan Illich (éditions Seuil Points Essais). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur les sites de ecommerce.

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