Affirmer qu’une tâche est facile en pensant susciter l’engagement des élèves est inefficace.
Affirmer qu’une tâche est facile en pensant susciter l’engagement des élèves est inefficace.
Les mots utilisés comptent pour créer les conditions d’apprentissage propices en classe et affirmer qu’une tâche est facile en pensant susciter l’engagement des élèves est inefficace.
Le pouvoir des mots
Les mots qu’on emploie en classe ne sont pas neutres, ils sont évocateurs d’images et porteurs de sens. Dire à des élèves dans une classe qu’une tâche est “facile” peut en déstabiliser certains, voire les démotiver. Si la tâche est facile et qu’ils échouent, leur estime personnelle va se dégrader et, au cas où l’expérience se répète, ils vont former une image d’eux-mêmes négative. En effet, l’élève qui entend “Tout le monde va y arriver, c’est facile” n’entend pas “Je peux réussir” mais plutôt “je dois réussir”. Il n’y a plus aucune place pour l’hésitation, pour une demande d’aide, pour l’erreur. Echouer à une tâche qualifiée de facile, c’est donc être nul. Ces élèves risquent de se désengager des activités scolaires par effet de découragement. Par ailleurs, d’autres élèves vont effectivement trouver la tâche facile et la comparaison va s’enclencher, menant à une hiérarchie parmi les élèves et des étiquettes fixes qui enferment et brident le potentiel (“je suis nul, donc ce n’est même pas la peine d’essayer”).
Lire aussi : Le piège du “C’est facile tu verras !” pour éviter de décourager avec des mots maladroits.
Des attentes élevées ne sont pas incompatibles avec la bienveillance
Il vaut mieux dire explicitement aux élèves qu’on a des attentes élevées, et que ces attentes sont tout à fait réalistes. La tâche peut être difficile, mais nous allons tout mettre en oeuvre, ensemble, pour qu’ils la réussissent.
Le langage qu’on emploie quand on donne des tâches scolaires font émerger dans la tête des élèves des pensées. Ces pensées peuvent être agréables ou désagréables et ces pensées vont influencer les émotions : “j’aime” ou bien “je déteste”. Les émotions vont elles-mêmes influencer les comportements des élèves et leurs actions. – Steve Bissonnette
Favoriser la réussite à l’école
2 conditions
Nous pouvons alors dire aux élèves que la réussite est possible, sous deux conditions :
- fournir l’effort nécessaire,
- s’y prendre de la bonne manière.
L’élève doit faire l’effort de mettre en application les stratégies que l’enseignant a montrées. L’élève comprendra que la réussite ne repose pas sur la chance. En effet, le talent d’un élève ne représente pas le point d’arrivée, mais seulement le point de départ. La distance entre le point de départ et le point d’arrivée est la quantité d’efforts fournis car on ne peut pas réussir quelque chose et progresser sans s’entraîner. Bien sûr, la quantité d’efforts nécessaires pour une tâche peut être différente d’un élève à l’autre. En outre, pour un même élève, la quantité d’efforts à fournir peut être différente d’une matière à l’autre. Toutefois, il faut expliciter ce que veut dire “faire un effort” : on ne peut pas demander aux élèves de faire un effort s’ils ne sont pas en mesure de savoir comment faire, si l’adulte n’a pas fourni les outils, les stratégies et les conditions requis pour mener la tâche à terme.
Réussir une tâche scolaire
Steve Bissonnette propose une formule pour la réussite d’une tâche scolaire : Réussite = Effort x Stratégie
Si l’élève fournit zéro effort, malgré des stratégies efficaces, alors il ne peut pas y avoir réussite.
Si l’élève fournit des efforts mais que ses stratégies sont inefficaces, alors il ne peut pas y avoir réussite non plus.
La métacognition, c’est en réalité davantage qu’apprendre à apprendre.
Le plaisir est obtenu une fois qu’on a compris et réussi. Si un élève ne s’engage jamais dans une tâche, il ne peut pas goûter au plaisir scolaire. Il est donc important de croire en la réussite de tous les élèves et de leur donner les moyens de réussir.
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Source : L’enseignement explicite des comportements – Conférence de Steve Bissonnette à l’UMons