Les pré requis pour une gestion non violente des conflits par les enfants
Les pré requis pour une gestion non violente des conflits par les enfants
Aider les enfants à résoudre leurs problèmes n’équivaut pas à trouver la solution à leur place ou à faire à leur place. Une gestion non violente des conflits nécessite un travail préalable sur les sensations, le vocabulaire des émotions et les manières de réguler les émotions fortes (pour que la colère ne se transforme pas en violence). Il s’agit donc d’une approche d’éducation émotionnelle globale. Un travail préparatoire peut donc s’articuler autour de plusieurs thèmes pour instaurer un climat pacifique, à l’école comme à la maison.
Les sensations
Ce travail sur les sensations du corps peut passe par la pratique d’exercices de respiration et de motricité. L’idée est d’éveiller les enfants à ce qui se passe en eux, aux sensations qu’ils peuvent ressentir, à leur souffle et à ses variations (un souffle rapide et/ ou saccadé est signe de perturbation).
On peut également mettre en place un petit jeu avec les enfants une fois qu’ils sont familiarisés avec la respiration : à un signal donné (exemple : un tintement) qui peut arriver à n’importe quel moment de la journée, on prend une minutes pour faire des cycles de respiration ample.
La reconnaissance des émotions
La conscience de soi (le fait de pouvoir identifier ses sensations et ses émotions) est la clé de voûte de l’éducation émotionnelle. Cette capacité est essentielle à la compréhension de soi et des autres. Le travail sur la reconnaissance des émotions peut être long et peut prendre des formes variées qui sont compatibles :
- lire toutes sortes d’histoires et parler avec les enfants des émotions des différents personnages (Qu’ont pu ressentir ces personnages à tel ou tel moment ? Pourquoi ? Et eux, qu’auraient-ils ressenti à la place des personnages ? Pourquoi ?)
- lire des livres dédiés aux émotions pour amorcer un travail sur le vocabulaire précis des émotions
- montrer des visages avec des expressions émotionnelles différentes et demander aux enfants d’identifier les émotions sur chaque visage. A partir de ce type d’images, de nombreuses autres activités sont envisageables : des tris entre émotions agréables et désagréables, des memorys ou des dominos à partir d’images en double, demande aux enfants de raconter des situations dans lesquelles ils ont ressenti ces différentes émotions…
- mimer des émotions d’abord seulement avec le visage puis avec le corps (pour que les enfants se rendent compte que les émotions ne se vivent pas seulement sur le visage, mais également par le corps)
- trouver des synonymes aux émotions primaires (colère, joie, tristesse, dégoût, peur, surprise, honte) en s’appuyant sur le travail fait auparavant (l’idée est de faire prendre conscience de l’intensité des émotions : la terreur n’est pas la même chose que la peur).
- se doter d’outils pour accueillir et exprimer les émotions
- jouer à des jeux autour de la communication émotionnelle.
Les outils pour calmer les émotions fortes et assurer une gestion non violente des conflits
Toute émotion forte se traduit dans le corps par une pulsion d’agir. Il n’y a donc pas de compétences émotionnelles sans une bonne régulation émotionnelle. Cette auto régulation signifie d’être capable de se remettre rapidement de la « submersion » émotionnelle dans le corps et la tête (les pensées). Quand on est débordé émotionnellement, on perd la capacité d’écouter, de penser et de s’exprimer clairement : le fait de se calmer est un pas essentiel sans lequel il est impossible de cheminer vers une expression émotionnelle et un règlement du désaccord. Le moment de l’intervention à l’aide d’une information apaisante est importante : plus elle a lieu tôt, plus elle est efficace.
Là encore, plusieurs approches complémentaires peuvent amener les enfants à ne pas se laisser déborder par leurs émotions :
- des outils de régulation émotionnelle comme le modèle des flammes
- une fiche à remplir pour comprendre toutes les dimensions des émotions
- reconnaître les petites voix qui ont tendance à alimenter les émotions fortes avec des pensées négatives
Comment j’interprète cet événement ? Qu’est-ce que je me dis à moi-même ? Que me dit ma petite voix intérieure ? Ilona Boniwell, psychologue, a développé un modèle dans lequel elle présente ces petites voix comme des perroquets qui ont chacun leur personnalité. Il y a le perroquet inquiet, le perroquet accusateur, le perroquet juge, le perroquet perdant, le perroquet “je m’en foutiste”. On peut apprendre aux enfants à reconnaître quand une petite voix leur parle, à identifier ce qu’elle leur dit et comment remettre en perspective ses paroles pour se concentrer sur les besoins des humains et les solutions.
Les capacités à anticiper et se décentrer pour une gestion non violente des conflits
Les histoires et les livres sont de précieux alliés. Ils sont l’occasion de parler des actions de chaque protagoniste et de leurs répercussions sur les autres autour d’eux. On peut imaginer des jeux autour des histoires : inventer une suite différente, jouer en jeux de rôle les différents protagonistes pour vivre les émotions de chacun.
La philosophie est quant à elle efficace pour apprendre aux enfants à se décentrer : 4 petits jeux de réflexion pour développer la capacité des enfants à se décentrer
L’empathie (et la compassion)
Cultiver l’empathie permet de développer tout le registre émotionnel qui permet de comprendre les émotions (les siennes et celles des autres) et ce processus doit se faire dans une visée éthique. Cultiver l’empathie doit être mis au servie de la compassion.
Cela peut se faire à travers des activités formelles et informelles, au quotidien comme sur des temps dédiés :
- lire des livres porteurs de valeurs humanistes
- jouer à des jeux coopératifs (jeux de plateau et jeux physiques)
- cultiver la bienveillance
- tisser des liens de solidarité dans un groupe (exemple : 4 jeux pour stimuler l’empathie et la solidarité dans les groupes d’enfants)