Les méfaits de la compétition à l’école : elle n’améliore pas les performances et dégrade la tendance naturelle à coopérer des enfants

Les méfaits de la compétition à l’école : elle n’améliore pas les performances et dégrade la tendance naturelle à coopérer des enfants

Les méfaits de la compétition à l'école

La compétition est une situation dans laquelle des gens sont montés les uns contre les autres et au bout de laquelle ils obtiennent une récompense. En effet, un prix (note, médaille, éloge, diplôme du meilleur, argent, tableau d’honneur…) est un type de récompense.

La compétition portée par l’école invite les enfants à voir leurs pairs non comme des amis potentiels ou des collaborateurs mais comme des obstacles à leur propre succès… et cet état d’esprit imprègne la société entière (parce que, d’une part, les pédagogies coopératives sont très peu répandues et que, d’autre part, tout le monde va à l’école – à part l’infime pourcentage d’enfants instruits en famille et scolarisés dans des écoles inspirées par des valeurs démocratiques).

En s’appuyant sur des références scientifiques consultables dans la bibliographie de son livre Le mythe de l’enfant gâté , Kohn affirme qu’un prix remporté à l’issue d’une compétition a pour effet de :

  • saper la santé physique et mentale, y compris la confiance en soi (pour jouer le jeu de l’école classique – et plus tard du monde de l’entreprise, les enfants sont amenés à sacrifier le sommeil, la santé, les amis, le sens de l’essentiel, la lecture pour le plaisir et tout ce qui pourrait interférer sur les récompenses et les notes),

 

  • entraver la relation à autrui (les récompenses et la compétition apprennent à confondre exceller et gagner, comme si la seule façon de réussir quelque chose était d’éliminer les autre),

 

  • endommager l’empathie et la propension à l’entre aide (la compétition encourage les enfants à mesurer leur propre valeur en comptant le nombre de personnes qu’ils ont battues) ,

 

  • remplacer la motivation intrinsèque par la motivation extrinsèque (quand des élèves ont le choix entre avoir une moyenne de 10/20 qui reflète leurs connaissances et leurs travail ou ne retenir aucune connaissance mais avoir une moyenne de 18/20, ils choisissent massivement la deuxième option mettant la priorité sur la réussite des contrôles et sur les notes plutôt que sur l’apprentissage en soi),

 

  • dégrader la curiosité et à terme la compétence (les notes et récompensent encouragent les élèves à penser de façon plus superficielle pour avoir des notes suffisants pour avoir la paix ou pour atteindre leurs objectifs au risque de se couper de toutes les activités et informations inutiles à l’atteinte de cet objectif).

 

Contrairement à la croyance populaire, en général la compétition n’améliore pas la performance – même pour des tâches simples. Et quand les tâches sont plus complexes – par exemple, quand elles font appel à la créativité – toutes les études montrent l’une après l’autre que l’absence de compétition produira vraisemblablement de meilleurs résultats. C’est vrai en partie parce qu’un environnement compétitif (je réussis si tu échoues) va fortement à l’encontre du dispositif qui aide vraiment les gens à faire de leur mieux : la coopération (je réussis seulement si tu réussis aussi). – Alfie Kohn

Ainsi, les résultats de la compétition comportent souvent l’agression, la tricherie, la jalousie envers les vainqueurs, le mépris à l’égard des perdants et une attitude de suspicion à l’égard de n’importe qui.

Par ailleurs, Ramin Farhangi, co fondateur d’une école démocratique à Paris et auteur du livre Pourquoi j’ai créé une école où les enfants font ce qu’ils veulent, rappelle que les élèves prennent tous les raccourcis possibles pour se bourrer méthodiquement le crâne la veille du contrôle. Mais il nous invite à l’introspection : enseignants et parents utilisent les récompenses, et les bonnes note, aussi et surtout comme moyen de coercition (même si nous aimerions que l’évaluation soit un simple outil de vérification).

En définitive, nous conduisons les enfants à considérer quoi qu’ils fassent juste comme un moyen d’arriver à leurs fins : l’objectif n’est pas de peindre ou de lire mais de gagner. Et ainsi l’acte de peindre ou de lire, en lui-même, est dévalorisé dans l’esprit de l’enfant. – Alfie Kohn

Pour aller plus loin : 10 stratégies pour la motivation intrinsèque à l’école (et pour éviter les facteurs de démotivation)

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Source : Le mythe de l’enfant gâté de ALfie Kohn (éditions L’Instant Présent). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.

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Crédit image : rosalerosa