La Slow education (éducation lente) ou l’éloge du temps adapté à chacun
La Slow education (éducation lente) ou l’éloge du temps adapté à chacun
Par essence, l‘éducation est une activité lente. L’éducation lente (ou slow education) cherche à trouver le rythme d’apprentissage de chacun et de chaque activité, en le respectant, en le stimulant et en l’amplifiant. Elle ne pénalise pas la lenteur, elle ne vise pas la standardisation.
Dans ce cadre, les activités éducatives doivent définir elles-mêmes le temps nécessaire à leur réalisation, et non l’inverse. Nous disons que nous souhaitons mieux préparer les élèves : voilà pourquoi nous surchargeons les programmes scolaires. Les statistiques montrent pourtant que le temps passé par élève à l’école n’est pas corrélé aux résultats des évaluations internationales. En matière d’éducation, moins, c’est souvent mieux. De même, en éducation, “plus tôt” n’est pas toujours synonyme de “mieux”.
L’éducation lente n’est pas une mode : elle découle de la conviction que c’est la voie vers des apprentissages réussis et profonds, durables et accessibles au plus grand nombre.
Le principe d’éducation lente vise à réinscrire l’éducation dans un processus qualitatif plus que quantitatif. Le concept d’éducation lente (ou slow education) est lié au temps nécessaire à la bonne réalisation des apprentissages. Chaque enfant a son propre rythme, ses propres talents, ses propres intérêts.
L’éducation lente est la possibilité pour chaque enfant d’apprendre selon son propre tempo, parfois calme, parfois rapide. Cette souplesse permet de faire comprendre aux enfants qu’ils sont capables d’apprendre dans des milieux très différents.
La décision d’étudier (où, quand, comment) appartient aux enfants et c’est pour cette raison qu’ils (re)prennent plaisir à apprendre.
Chaque enfant – et chaque personne – ayant besoin d’un temps propre pour apprendre, l’éducation lente revendique le temps juste pour chacun. Cela suppose forcément de prêter attention à la diversité des apprenants et de se heurter à la rigidité du temps scolaire.
Cela suppose donc de partir de l’élève et de recourir à des méthodes plus participatives où les apprentissages ne reposent pas sur des manuels standards qui proposent les mêmes activités et les mêmes contenus pour tous les élèves.
Cela suppose également des moments “sans temps”. Le temps ne doit pas toujours être organisé, rentabilisé, utile ou éducatif. Les temps visiblement “non productifs” sont essentiels pour consolider les apprentissages et pour leur donner du sens dans la “vraie” vie (exemple : lire pour le simple plaisir de lire, pas pour remplir une fiche ou faire un résumé).
Par ailleurs, il n’est pas possible d’apprendre à gérer son temps et, par là, à être autonome si on n’en dispose pas !
Ainsi, l’éducation lente ouvre de nouvelles perspectives pédagogiques.
Adopter cette perspective du temps éducatif demande de croire réellement à une possible amélioration, de s’engager professionnellement, d’y réfléchir, et d’avoir une vraie attitude critique face à certaines exigences actuelles de l’administration et aux pressions de certains secteurs de la société. –
En leur rendant ce temps, c’est l’enfance elle-même que nous rendons aux enfants. – Joan Domenech Francesch
A noter que le Japon n’a pas été convaincu par son expérimentation de la slow education et a fait machine arrière. Pourtant, le fait que le suicide soit la première cause de mortalité chez les 15 à 39 ans représente un réel problème dans ce pays (source nippon.com). Le Japon et la Corée du Sud ont en commun le suicide comme première cause de mortalité dans la tranche d’âge des 15-34 ans. Les causes de suicide au Japon font l’objet de nombreuses analyses et, chez les jeunes, les brimades à l’école seraient souvent un motif de suicide (lire cet article sur l’école japonaise en complément).
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Pour aller plus loin : Eloge de l’éducation lente (éditions Chronique Sociale). Un livre à destination des enseignants, animateurs et chefs d’établissement pour introduire les principes de l’éducation lente au sein des écoles.