Ecologie : 4 livres qui aident les enfants à comprendre et à valoriser la nature
Ecologie : la force des récits pour reconnecter les enfants avec la nature
Scott D. Sampson, biologiste et paléontologue américain, a écrit le livre Comment élever un enfant sauvage en ville parce qu’il a constaté que les enfants d’aujourd’hui sont devenus une génération “d’intérieur”. Or la nature favorise le développement cognitif et émotionnel des enfants, leur estime de soi, réduit le niveau de stress et stimule la créativité. Scott D. Sampson propose donc de reconnecter les enfants à la nature par des récits qui aident les enfants à comprendre et à valoriser le monde naturel.
Je vous propose une sélection de quatre récits, extrêmement bien rédigés et qui passent de belles idées en lien avec la nature. Ils sont écrits par des auteurs passionnés et ont une “âme”, dans le sens où ces récits marquent l’esprit des jeunes lecteurs positivement. Ces histoires remplissent la mission de nourrir l’esprit des enfants avec des étincelles de plaisir et de créer des liens forts avec la nature.
4 récits qui aident les enfants à comprendre et à valoriser le monde naturel
1. Tistou les pouces verts : un conte philosophique qui a une âme (vocabulaire riche, valeurs humanistes, humour)
Ce petit roman par la taille est un grand roman tant par son message que par son écriture. Le vocabulaire y est riche, l’humour y est toujours présent, la tournure des phrases et les jeux de mot stimulent l’intelligence. Même les titres de chaque chapitre sont travaillés de manière à faire sourire, à faire réfléchir, à provoquer l’étonnement ou l’enthousiasme.
Les personnages sont attachants, à commencer par Tisou, petit garçon malicieux et pertinent dans sa naïveté. Il pose un regard candide sur le monde des adultes qui sont tout le temps occupés et pressés, qui valorisent le pouvoir sur les autres et cherchent à gagner de l’argent même par des moyens dégradants la dignité humaine (la guerre, l’exploitation des ouvriers) et la nature. Tistou pose des questions qui poussent les adultes à s’expliquer et à réfléchir à leurs motivations; il utilise son don (les fameux pouces verts) de manière désintéressée pour faire le bien au profit du plus grand nombre; il choisit la vérité et prend des risques pour agir selon ses valeurs.
Le message humaniste est amené avec délicatesse, à travers la bienveillance du jardinier Moustache, la gratuité des sentiments de Tistou et le changement d’état d’esprit des autres personnages, touchés par la grâce du petit garçon.
Dans ce conte philosophique, il est question de guerre et de respect de la nature, sujets éminemment actuels. Il y est également question du sens de la vie et de la mort, d’amitié et d’amour familial. Cette histoire se prête parfaitement à une lecture offerte dès 5 ans et offre une belle lecture en autonomie pour les enfants dès 8/9 ans. Elle participera au développement de leur vie intellectuelle car la vie intellectuelle a besoin de belles idées.
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Tistou les pouces verts de Maurice Druon (éditions Le Livre de Poche) est disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.
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2. L’homme qui plantait des arbres : une nouvelle à portée philosophique, qui prend encore plus de sens à notre époque
L’homme qui plantait des arbres est un classique de la littérature jeunesse et nous avons pris un immense plaisir à le lire. Je continue à lire certains livres à ma fille de 11 ans, pour le pur plaisir de partager un moment agréable et riche d’échange post lecture. Cette nouvelle de Jean Giono est remarquable tant par sa qualité d’écriture que par les valeurs qu’elle porte (respect de la nature, souci désintéressé de bien-être collectif, bienfaits de la persévérance, éloge de la vie simple).
On suit la vie d’un homme solitaire qui s’est fixé comme mission de vie de faire d’une région aride un lieu plein de vie grâce à la plantation d’arbres qui participent à créer un écosystème propice à la vie animale, végétale et humaine. Cette mission est difficile car les conditions climatiques perturbent la tâche, car certaines plantations ne prennent pas comme espéré, car les résultats ne se verront que sur le long terme… et pourtant, Elzéard Bouffier consacre sa vie aux autres, porté par l’espoir d’embellir le monde à sa façon et à sa hauteur d’homme. Les végétaux, les animaux et les humains sont considérés comme un tout interconnecté et le temps long est célébré, nous invitant à raisonner en termes de “travail paisible et régulier” et d’interconnexion (pas de bonheur humain sans soin apporté à l’environnement global).
Le vocabulaire est riche et l’auteur prend ses lecteurs de tout âge au sérieux en leur offrant une écriture travaillée, où chaque phrase évoque des images, des senteurs et des sons abondants. On imagine les villages, on voit l’eau couler, on se représente les arbres dont les feuilles vertes bougent avec le vent; on est pacifié par la tranquillité d’Elzéard Bouffier, motivé par une “obstination dans la générosité la plus magnifique”.
La lecture de cette histoire, courte mais puissante, est propice à susciter la foi en l’humanité et l’envie de protéger la nature. Elle éveille la conscience des petits comme des grands à la beauté des petits gestes, à l’amour de la nature, à la gratuité des sentiments et à la contribution de chacun au bonheur de tous.
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L’homme qui plantait des arbres de Jean Giono (éditions Folio Cadet) est disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.
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3. L’arbre généreux : un classique de la littérature jeunesse
Cet album est sans pareil, un classique de la littérature jeunesse à portée philosophique qui invite autant les adultes que les enfants à s’interroger sur le sens du partage et du sacrifice.
Dans cet album, on suit la relation au long cours entre un garçon et un arbre. Dans sa jeunesse, le garçon passe beaucoup de temps auprès de l’arbre qui apprécie d’être ainsi estimé et apprécié. Le garçon grimpe à son tronc, se balance à ses branches et mange ses pommes. Le garçon aime l’enfant et réciproquement, et l’arbre est heureux. Le temps passe et le garçon s’absente. Quand il revient, il est adolescent et adresse une demande à l’arbre : il a besoin d’argent… mais l’arbre n’est pas capable de donner de l’argent au garçon. Il propose alors au garçon de prendre des pommes pour les vendre. Ce dernier s’en va alors vivre sa vie en profitant de la vente des pommes. Ce scénario se reproduit à plusieurs reprises : l’adolescent devenu adulte revient vers l’arbre en ayant besoin d’une maison si bien que celui-ci lui propose de couper ses branches; puis l’adulte devenu homme d’âge mur revient vers l’arbre en ayant besoin d’un bateau si bien que celui-ci lui propose son tronc; enfin, l’homme, devenu vieillard, revient vers l’arbre en ayant besoin d’un banc si bien que celui-ci lui propose de s’asseoir sur sa souche, dernière chose qui lui reste.
A chaque étape, l’arbre donne ce qu’il peut par pur altruisme et amour envers le garçon et il est simplement heureux de le faire.
Quand ma fille a lu cet album, elle est restée assez silencieuse puis a voulu le relire plusieurs soirs d’affilée.
Je crois que cet album a une portée universelle. Il s’adresse à des questions existentielles qui traversent tous les humains : y-a-t-il des contre-parties à l’amour ? des actions de pure générosité existent-elles ? quand on donne par amour, a-t-on l’impression de se sacrifier ? où commence le sacrifice et finit l’altruisme ? peut-on souffrir de donner ?
Certains adultes y verront peut-être la métaphore de la parentalité : on donne à nos enfants ce que nous pouvons donner, sans attendre de contre-parties et cela suffit à rendre heureux. On peut également y voir une sorte d’égoïsme du garçon qui profite des ressources de l’arbre sans jamais manifester de gratitude jusqu’à épuiser lesdites ressources. On pourrait faire un parallèle avec l’écologie : à force de puiser dans les ressources que la nature nous offre gratuitement, nous risquons d’épuiser ces ressources, d’autant plus que l’auteur-illustrateur a réussi à donner corps et vie à l’arbre. C’est justement toutes ces lectures différentes qui font la richesse et la puissance de cet album, très simple à première vue. En effet, le texte est succinct, les dessins sont en noir et blanc, le vocabulaire est simple et le message en est d’autant plus puissant.
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L’Arbre généreux de Shel Silverstein (éditions L’école des loisirs) est disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.
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4. Pas de géant : un sublime album sur les petits bonheurs de l’enfance et les beautés de la nature
Pas de géant est une ode à tout ce qui fait l’enfance. Cet album hors du temps invite à la lenteur et met en valeur la capacité d’émerveillement des enfants devant les beautés de la nature : un escargot, deux scarabées, des empreintes sur le sol… tout est propice aux aventures, à la découverte, à l‘imagination.
Le graphisme est épuré, avec des illustrations qui prennent toute la page et des phrases courtes. On est plongé en immersion dans le jardin que l’enfant foule de ses bottes en quête de jeux et de liberté. On y observe de près des coccinelles, des perles de rosée, des insectes volants ou non, des animaux en plein travail, des nuages de toutes formes…
On suit l’enfant dans sa progression au coeur de la nature verdoyante et dans son respect absolu de la vie qui se déroule sous ses yeux et ses pas. Il prend le temps d’observer sans bruit, sans déranger, en imaginant toutes sortes de jeux et d’aventures.
On aurait presque envie de s’allonger avec le petit héros dans l’herbe pour prolonger cette parenthèse dans le temps… jusqu’au moment où le papa rejoint son fils. Celui-ci, tout à ses rêves et son imagination, prend les pas de son père qui se rapproche pour un ours ou peut-être bien un géant. Les enfants se retrouveront dans l’imagination galopante du petit garçon et seront amusés par ce suspense : qui peut bien le poursuivre ? est-ce réellement un géant ?
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Pas de géant de Anaïs Lambert (Les éditions des éléphants) est disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.
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D’autres ressources pour sensibiliser les enfants à la protection de la nature :
- Fanette et Filipin : un magazine ludique et plein de vie pour les enfants de 3 à 10 ans à découvrir (nature, bricolage, histoires riches en vocabulaire…)
- Pédagogie de la nature : 3 piliers pour favoriser la connexion des enfants à la nature