4 idées reçues sur la créativité + comment libérer la créativité (des enfants et des adultes) ?

4 idées reçues sur la créativité

créativité enfants

Philippe Brasseur est consultant en créativité,  forme des équpes éducatives à la créativité et a écrit plusieurs ouvrages pour les enfants sur la pensée créative et l’art. Il nous alerte sur des idées reçues les plus courantes au sujet de la créativité, qui peuvent entraver la créativité des enfants et des adultes.

La créativité est définie comme la capacité à court circuiter les trajets habituels de la pensée et trouver de nouveaux chemins vers des vérités cachées.

Idée reçue n°1. Créativité et pensée divergente (“think out the box”) sont synonymes

Philippe Brasseur rappelle qu’être créatif, c’est incarner successivement plusieurs rôles :

  • l’explorateur : l’explorateur est curieux de tout, il glane en permanence des informations pour en faire (éventuellement) quelque chose après, il se nourrit de sources en dehors de son domaine de compétences;
  • l’artiste : l’artiste est celui qui fait preuve de pensée divergente car il trouve des idées hors du commun, il transgresse les règles, il génère des idées nombreuses, nouvelles et inattendues;
  • le juge : le juge évalue les idées en fonction d’un objectif précis, en fonction des limites et des valeurs, il fait émerger les idées les plus pertinentes grâce à cette évaluation et à la confiance en son intuition;
  • le conquérant.

Faire preuve de créativité, c’est donc jongler avec plusieurs paradoxes : être imaginatif et être critique, être intuitif et organisé, douter et y aller quand même.

Idée reçue n°2. La créativité est plus facile à plusieurs

Les problèmes posés par le fait d’aborder la créativité seulement par le prisme de l’intelligence collective sont liés :

  • à la possibilité d’attendre que ça passe en laissant le groupe vivre sa vie (certaines personnes ne voulant pas participer au processus créatif ou étant bridées par l’effet de groupe);
  • au fait que les personnes introverties sont pénalisées parce qu’elles se sentent trop mal à l’aise pour se laisser aller au processus créatif;
  • au risque de ne faire que réagir aux idées des autres plutôt que générer des idées totalement nouvelles et inattendues;
  • à l’effet de consensus qui conduit à la censure des idées puissantes mais jugées trop risquées ou innovantes.

Une solution à ces problèmes peut être de proposer des temps de réflexion créative individuelle (par exemple, demander aux participants d’un atelier de venir déjà avec des idées personnelles), de raisonner en termes de coup de coeur (plutôt que de voter pour la “meilleure” idée) ou encore de demander aux personnes en situation de créativité de donner un titre convaincant à leur idée et de préparer un pitch pour convaincre les autres (plutôt qu’une simple phrase de description sur un post it).

Idée reçue n°3. Quantité = qualité

Collecter une grande quantité d’idées signifie devoir trier, évaluer et classer par ordre de pertinence ces idées. Non seulement ce processus prend du temps (plus il y a d’idées, plus cela prend du temps) mais cela pose également le problème des critères de classement.

Philippe Brasseur préfère la notion d’insights : l’idée est de faire émerger chez les personnes en situation de créativité des idées dont ils portent déjà les germes à l’intérieur sans en être conscients. Cet état propice à l’émergence de l’intuition peut se faire à travers des exercices de relaxation, de détente et des exercices faisant appel à l’inconscient (par exemple, tirer une image au hasard parmi plusieurs propositions et dire ce que cette carte révèle à propos de la situation actuelle).

Idée reçue n°4. La créativité, c’est se lâcher et nécessite une liberté totale

Quand on laisse une liberté totale aux gens, ils sont tétanisés. Ils ont peur, ils se demandent quelle sera la récompense, quels sont les enjeux (financiers, personnels, professionnels) à court et long terme.

Philippe Brasseur insiste sur l’importance de la sécurité affective et cognitive dont les personnes ont besoin pour faire preuve de créativité (par exemple, connaître les délais, les règles du jeu, le matériel exploitable, recevoir des manifestations de confiance, des encouragements, des valorisations, avoir le droit à l’erreur et des espaces où confier les doutes).

Comment libérer la créativité (des enfants et des adultes) ?

Le plus grand obstacle à la créativité est la peur et le meilleur antidote à la peur est le désir. Se poser la question : “quel désir ma peur réveille-t-elle ?” permet de libérer la créativité.

Transformer-la-peur-en-besoins

Par ailleurs, il n’existe pas UNE créativité mais des éléments favorables à la créativité, ces éléments dépendant d’une personne à une autre. Cela vaut le coup d’identifier les circonstances personnelles les plus favorables à la créativité entant qu’adulte et y réfléchir pour les enfants :

  • Est-ce que je me sens plus efficace quand je suis seul ou en groupe ?
  • Suis-je plus créatif en action ou en pensée ?
  • Est-ce que j’ai plus d’idées en situation de stress ou de repos ?
  • Qu’est-ce que cela donnerait si je décidais de me mettre volontairement dans la situation inverse de ce qui m’est confortable ?

Philippe Brasseur rappelle qu’il est important que chaque personne se reconnaisse dans sa créativité parce que, être créatif, c’est se réaliser en tant que personne.

source

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Philippe Brasseur est l’auteur de plusieurs livres pour enfants au sujet de la créativité que j’ai chroniqués :

Eurêk’art : un livre pour jouer à regarder les œuvres d’art (éducation artistique)

Manuel de pensée géniale : cultiver les idées et la créativité des enfants et des ados

1001 activités autour du livre : un livre de référence pour les enseignants, les bibliothécaires et les parents