Une activité d’éducation émotionnelle : comprendre ses émotions pour une résolution pacifique des désaccords

Une activité d’éducation émotionnelle : comprendre ses émotions pour une résolution pacifique des désaccords

Comprendre le concept d’intelligence émotionnelle

Bien comprendre le concept d’intelligence émotionnelle permet de développer sa propre intelligence émotionnelle en tant qu’adulte et de participer à la culture de l’intelligence émotionnelle des enfants. Identifier les émotions permet de se rendre la vie plus facile et plus pacifique (par exemple, identifier les signes d’agacement chez quelqu’un avant qu’ils ne se transforment en colère, savoir identifier sa propre colère avant qu’elle ne se transforme en violence). On a tendance à confondre le déclencheur (exemple : une remarque, une critique) et l’émotion elle-même (exemple : la colère, la peur, la tristesse). Mettre des mots sur les émotions les calme et permet de les exprimer de manière acceptable et constructive.  Exprimer ses émotions à la bonne personne, au bon moment, de la bonne manière et à la bonne intensité n’est pas facile, mais peut s’acquérir dans un apprentissage qui nécessite un temps long.

Les activités d’éducation émotionnelle visent à savoir accueillir et utiliser les émotions comme des messagères. Utiliser le message véhiculé par l’émotion permet de mettre en oeuvre les changements nécessaires à un retour à l’équilibre (exemples : Quels changements apporter pour diminuer la colère qui m’indique que mon intégrité est menacée ? Vers qui me tourner pour diminuer ma tristesse qui indique que j’ai besoin de réconfort et de compréhension ? ). De plus, il est utile d’identifier le discours mental de la petite voix et les tendances à l’action (ce qu’on a envie de faire) car cela empêche le passage à la violence. Offrir un temps de retour au calme et de reconnexion permet une résolution non violente des conflits.

Je comprends mes émotions : une fiche pour développer des compétences émotionnelles (et relationnelles) chez les enfants et les adultes

Je vous propose une activité d’éducation émotionnelle sous la forme d’une fiche qui invite les adultes, ainsi que les enfants et adolescents, à s’observer et à mieux se comprendre. Cette activité s’appuie sur cinq dimensions des émotions :

  • les sensations qui accompagnent les émotions (ce qui se passe dans le corps et où ces sensations sont localisées),
  • la nature de l’émotion,
  • l’intensité de l’émotion,
  • les pensées qui alimentent l’émotion,
  • les tendances à l’action induites par l’émotion.

fiche activités émotions enfants

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Les 5 dimensions des émotions : identifier, comprendre et utiliser les émotions

Les sensations 

Cette fiche inclut un aperçu visuel du corps humain qui peut être utile aux personnes qui ne savent pas décrire leurs symptômes quand ils vont mal (notamment en cas d’anxiété, de déprime ou de colère menant à la violence). Par ailleurs, ce visuel aide les adultes comme les enfants à comprendre que les émotions se situent dans le corps (et pas seulement dans la tête).

La fiche invite les personnes qui l’utilisent (par exemple, dans une situation de stress intense ou pour réguler des colères explosives qui se traduisent par de la violence physique ou verbale) à une analyse corporelle comme le fait de remarquer une tension accrue dans la nuque, un serrement de la mâchoire, un poids sur la poitrine, des crampes d’estomac ou encore une respiration saccadée.

Il est alors possible d’indiquer par une croix ou une flèche la localisation des sensations sur le corps et d’écrire quelles réactions physiologiques s’y passent.

La nature des émotions et leur intensité

Ensuite, le fait de nommer la nature de l’émotion ressentie permet de discerner les ressentis (est-ce de la honte ou plutôt de la tristesse ? y-a-t-il de la peur derrière la colère ?). Ensuite, évaluer l’intensité de l’émotion (0 étant une intensité faible et 10 étant une intensité élevée) permet d’affiner la perception de l’émotion : est-ce une simple appréhension ou une terreur ? cette colère est-elle une impatience ou une furie ? Le fait de réfléchir à l’intensité de l’émotion peut déjà l’apaiser car cela nécessite un temps de pause et de recul.

Les pensées (discours interne de la petite voix)

La bulle des pensées permet de noter les diverses pensées qui alimentent et font durer les émotions jusqu’à les transformer en sentiments, voire en ressentiments. Ainsi, les pensées peuvent transformer l’émotion de colère (normalement temporaire) en ressentiment. Christophe André (Les états d’âme, éditions Odile Jacob) définit le ressentiment comme une manière de ruminer la colère en un long reproche adressé au monde et aux humains. Il différencie le ressentiment de la colère : le ressentiment est un recyclage permanent, une longue colère rentrée alors que la colère est une émotion primaire, mouvement biologique qui s’imprime dans le corps et mobilise de l’énergie pour se défendre. La colère est coûteuse en énergie intérieure et est donc déclenchée ponctuellement et ne dure jamais plus de quelques minutes afin que l’organisme ne soit pas littéralement épuisé par elle. A l’inverse, le ressentiment n’est pas obligé de s’arrêter : il peut nous habiter plus longtemps que la colère primaire… et donc nous dévorer. D’ailleurs, Christophe André remarque que nous perdons dans le ressentiment les bénéfices de la colère : l’incitation à passer à l’action, à restaurer l’intégrité menacée, à demander réparation, à discuter et trouver des solutions (il s’agit de ne pas non plus confondre colère et violence).

Le ressentiment est une façon de diluer sa colère, de l’étaler dans le temps. Mais, du coup, d’en mettre partout dans notre vie, le mouvement naturel des états d’âme étant de s’étendre et de prendre toute la place disponible en nous… – Christophe André

C’est l’aspect durable du ressentiment comme rumination qui en fait un état d’âme redoutable pour notre santé mentale et notre vie sociale. En nous enfermant dans le ressentiment, nous nous emprisonnons dans une vision punitive du problème : pour que la souffrance cesse, nous rêvons de pouvoir punir les coupables (quels qu’en soient les moyens…). Dans cette attente de punition, de revanche, de vengeance, de domination, nous sommes incapables de trouver des solutions et d’évoluer, de revenir au calme, de collaborer pour trouver des consensus satisfaisant toutes les parties engagées.

Les tendances à l’action

Enfin, les tendances à l’action permettent d’identifier les actions et comportements (décisions, paroles, gestes) qui accompagnent l’émotion. Là encore, comprendre ces tendances à l’action ouvre la voie à la conscience et à l’inhibition éventuelle des actions inajustées. Quand on conscientise qu’on a envie de frapper en cas de colère, alors on peut prendre un temps de recul et trouver des stratégies de régulation de la colère, comme proposées ci-dessous.

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Pour aller plus loin : Mon petit cahier pour découvrir les émotions : 13 activités pour connaître et utiliser les émotions (enfants de 8 ans et +)