3 vertus de l’éthique enseignante à cultiver et incarner : justice, bienveillance, tact.

Justice, sollicitude et tact

Dans son livre Eduquer avec tact, Eirick Prairat estime que l’éthique enseignante noue trois vertus : la justice, la sollicitude et le tact. Selon lui, la justice est la reconnaissance des droits et des mérites; la sollicitude est synonyme de bienveillance et le tact est le souci du lien.

On peut dire les choses d’une tout autre manière mais c’est encore dire la même chose : la justice car elle est souci du collectif et des équilibres, la bienveillance car elle est souci des personnes prises dans leur individualité, et le tact car il est souci de la relation elle-même. – Eirick Prairat 

Eirick Prairat insiste sur la sollicitude comme nouveau nom de la bienveillance. Elle est attention à la fragilité et à la vulnérabilité d’autrui. La bienveillance ne doit pas être confondue avec la complaisance. Être bienveillant ne veut pas dire plaire, mais plutôt veiller au bien-être. Eirick Prairat articule l’exigence et la bienveillance en tant que morale attentive à la sensibilité, aux sentiments et aux émotions.

C’est avoir en somme compris que celui qui me fait face est certes éminemment capable, mais qu’il est aussi éminemment fragile et vulnérable et que nous somme tous d’ailleurs, d’une manière ou d’une autre, éminemment fragiles et vulnérables. – Eirick Prairat

La bienveillance comme vertu professionnelle

La bienveillance, en tant que sollicitude, est à la fois une morale et un agir, un « prendre soin » selon Eirick Prairat. Il écrit que ce souci prévenant à l’égard d’autrui n’est pas seulement une intention, mais une manière d’être. Un regard, un mot, un geste, un sourire, un geste esquissé sont déjà des marques de bienveillance et peuvent suffire. La bienveillance n’est pas nécessairement spectaculaire. En tant qu’enseignant, faire preuve de bienveillance envers les élèves, c’est notamment garder en tête que ce n’est pas un élève qui pleure, mais toujours un enfant. La bienveillance peut s’adresser à toutes et à tous. C’est pour cette raison qu’elle peut être une vertu professionnelle.

Le tact vient compléter les vertus de justice et de sollicitude en mettant l’accent sur la qualité de la relation. Eirick Prairat rappelle qu’il y a dans le tact une intelligence des situations, une attention à la manière dont on fait vivre la bonne distance.

L’exemplarité d’un enseignant est la fidélité à ces trois vertus

Eirick Prairat en déduit que l’exemplarité d’un enseignant est la fidélité à ces trois grands principes moraux : justice, bienveillance, tact. Prairat souligne que cette exemplarité ne demande pas aux enseignants et aux enseignantes d’être des surhommes ou des surfemmes. 

Montrez vos faiblesses à votre élève si vous voulez le guérir des siennes ; qu’il voie en vous les mêmes combats qu’il éprouve, – Rousseau

La perfection n’a pas de vertu éducative, alors que reconnaîtreses erreurs (notamment en termes d’application de la justice quand une sanction ou une parole est démesurée ou non mérité) et accepter de changer d’avis a des vertus éducatives dans la relation enseignant/ élève. Pour Prairat, l’exemple doit être un « étayage pertinent ». 

Il n’y a pas d’éducation, il n’y a pas de formation, fût-elle une formation pour adultes, qui puisse faire l’économie de l’exemple. – Eirick Prairat

L’exemple ne doit pas être un modèle à reproduire, mais une référence à méditer. Il n’y a jamais un seul exemple, mais des exemples. Eirick Prairat estime en effet que l’excellence morale est fragmentée. Un humain peut être courageux sans être juste, un autre peut être honnête sans pour autant être bienveillant. C’est la raison pour laquelle Prairat insiste sur les trois vertus de l’éthique enseignante à cultiver et incarner : justice, bienveillance, tact.

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Source : Eduquer avec tact de Eirick Prairat (éditions ESF). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur les sites de ecommerce. 

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