10 jeux pour l’estime de soi des enfants

Pourquoi proposer des jeux pour l’estime de soi des enfants ?

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Définition de l’estime de soi

L’estime de soi est à mettre en rapport avec la valeur qu’une personne s’accorde à elle-même. L’estime de soi est le résultat d’une évaluation qu’un individu fait de lui-même, de ses actions. L’estime de soi est une sorte de colonne vertébrale, de centre ou de noyau. On reconnait l’estime de soi haute et saine au sentiment d’être bien avec soi-même, d’harmonie avec soi.

Les humains avec une haute estime de soi se savent capables et dignes. De ce fait, ils font des choix alignés avec leurs sensations, leurs émotions et leurs valeurs, ils sont résistants et font preuve de persévérance pour atteindre les objectifs qui leur importent et qu’ils se sont fixés eux-mêmes. Ils sont plus susceptible d’être heureux et en bonne santé émotionnelle. Jesper Juul, thérapeute familial danois, estime qu’avoir une estime de soi saine, c’est avoir un système immunitaire psychosocial efficace. En effet, une estime de soi haute et saine permet à un enfant ou à un jeune de dire des OUI et des NON fermes et alignés : oui à soi-même, à ses limites, à ses valeurs personnelles, à ses pensées et ses émotions (et NON à ce qui heurte ses valeurs, son sens moral, son éthique).

Faible estime de soi et haute estime de soi : des réactions différentes face à une mauvaise performance

Avec une faible estime de soi, une mauvaise performance affecte l’image qu’un individu a de lui et la valeur qu’il s’accorde. Il sera moins fort pour s’affirmer et s’opposer à l’injustice dans un groupe.

Avec une haute et saine estime de soi, un individu sera probablement déçu d’un résultat qui n’est pas à la hauteur de ses attentes, mais ce résultat n’impactera pas sa valeur en tant que personne digne d’être aimée et de vivre. Les personnes qui ont une bonne estime de soi reconnaissent leurs qualités sans fausse modestie ni surenchère de l’égo mais elles sont également conscientes de leurs limites. L’estime de soi se nourrit quotidiennement à travers des interactions qui nourrissent le sentiment d’être apprécié, d’être utile et d’être compétent.

 

10 jeux pour favoriser le développement d’une estime de soi haute et saine chez les enfants

Je vous propose de découvrir 10 jeux pour favoriser le développement d’une estime de soi haute et saine chez les enfants. Ces activités sont des leviers pour les différentes facettes constitutives de l’estime de soi :

  • la confiance en soi qui se traduit en une foi dans la capacité personnelle à agir et à défendre des valeurs porteuses de sens;
  • l’amour de soi inconditionnel qui passe par le soin et l’attention qu’on se porte à soi-même;
  • l’image de soi, c’est-à-dire le regard juste porté sur soi, ni complaisant ni dévalorisant, mais qui traduit la croyance inébranlable dans le fait d’avoir de la valeur et du pouvoir personnel;
  • l’acceptation de soi qui reconnaît les forces mais aussi les faiblesses, sans que cela se traduise par un jugement négatif. Avec une bonne estime de soi, on est capable de faire la différence entre savoir qu’il y a un domaine dans lequel on est moins doué et se sentir nul en TOUT.

 

1.Ma personnalité

Il s’agit d’inviter les enfants à mieux se connaître eux-mêmes et à aimer être eux-mêmes, tels qu’il sont.

  • Mon acrostiche : écrire un poème avec les lettres de son prénom à la verticale.

 

  • Mon portait chinois : rédiger un portrait de soi à partir de ces débuts de phrases.

Si j’étais un animal, je serais………………………………..

Si j’étais une fleur, je serais………………………………..

Si j’étais un film, je serais………………………………..

Si j’étais un son, je serais………………………………..

Si j’étais un plat cuisiné, je serais………………………………..

Si j’étais un vêtement, je serais………………………………..

Si j’étais un pays, je serais ………………………………..

 

2.Mes points forts

Il s’agit d’inviter les enfants et adolescents à faire émerger tout ce qu’ils aiment faire, ce qu’ils savent faire, les talents qu’on leur reconnaît. On leur rappellera que nul ne peut échapper au fait d’être intéressant (selon la formule dErving Polster, psychologue). Les jeunes pourront rédiger des listes à partir de ces consignes :

  • Ce que j’aime bien faire : mes passions (entre 3 et 10 choses)
  • Ce que je sais bien faire : mes talents (entre 3 et 10 choses)
  • Les personnes qui m’apprécient (entre 3 et 10 noms)

En mettant par écrit ces idées, les enfants leur donnent du sens parce qu’ils prennent conscience qu’elles peuvent être des ressources pour eux. Le fait de connaître ses points forts et ses ressources internes permet de les mobiliser dans certaines situations difficiles.

Les enfants pourront essayer de conjuguer leurs talents et leurs passions. Ils chercheront les activités qui combinent les éléments de la première liste (passions) et ceux de la deuxième liste (talents). Par exemple, une adolescente pourrait noter parmi ses talents : me maquiller, me coiffer, choisir mes vêtements, créer des bijoux, puis parmi ses passions : inviter mes copines, aller sur Internet, écrire. Elle pourrait alors arriver à l’idée d’écrire un blog mode/beauté avec ses copines en développant l’idée d’un blog à plusieurs mains avec des tests de produits réalisés en parallèle et des comparatifs des rendus en fonction de leurs couleurs de cheveux, des  yeux, de leur morphologie, de la nature de leur peau ou de leurs cheveux.

3.Mes goûts

Affirmer des goûts participe à se donner de la valeur car ces goûts, ces préférences, ces tendances sont constitutives d’une identité qui permet à la fois de s’affirmer comme individu, mais aussi d’appartenir à un groupe de pairs qui partagent ces goûts. Lister les “préférés” incite par ailleurs à faire des choix, à hiérarchiser et à exposer les raisons de ces préférences face à des personnes qui n’ont pas les mêmes goûts.

On pourra commencer par une liste de ce type :

  • Mon plat préféré
  • Mon dessert préféré
  • Ma chanson préférée
  • Mon livre préféré
  • Mon film préféré
  • Mon animal préféré
  • Mon sport préféré

 

4.Mes bonheurs du jour

En fin de journée, on invite l’enfant à noter 5 bonnes choses de sa journée (ou noter pour lui s’il est trop jeune). Ces expériences positives peuvent prendre différentes formes : réussites (scolaires ou extra scolaires), fiertés, actes de gentillesse reçus ou donnés, bon moment passé en famille, projet dans le futur dont on se réjouit, chose qu’on a trouvée belle, rire partagé, cadeau fait ou reçu, surprise, bon plat…

En parallèle, on pourra inciter l’enfant à se remémorer chaque jour la dernière personne :

  • Qu’il a aidée ou encouragée
  • Qui l’a aidé ou encouragé
  • A qui il a dit merci
  • Qui lui a dit merci
  • A qui il a souri ou fait un câlin
  • Qui lui a souri ou fait un câlin

5.Mes plaisirs

Ce jeu consiste à noter ce qui constitue un soutien émotionnel, une sorte de refuge personnel et ce qui peut être activé en cas de coup dur. On pourrait proposer aux enfants de remplir un tableau de ce qui leur fait plaisir, à partir des cinq sens :

  • Toucher : les matières et objets agréables à toucher,
  • Goût : les goûts et plats qu’on apprécie,
  • Ouïe : les bruits et sons qu’on aime,
  • Odorat : les odeurs qui nous font sentir bien,
  • Vue :  ce qui est agréable à regarder.

Voici ce à quoi peut ressembler un tableau de ce type pour des jeunes enfants :

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Pour les plus grands, on pourrait imaginer une carte mentale au centre de laquelle le prénom est écrit puis des branches partent de cette bulle pour noter les sources de réconfort et d’espoir rencontrées dans la vie :

  • les personnes soutenantes d’hier et d’aujourd’hui (famille, amis, enseignants, thérapeute, héros…);
  • les animaux sources de réconfort;
  • les objets souvenirs à forte valeur affective;
  • les lieux qui font du bien (réel mais aussi imaginaires);
  • les activités ressourçantes (sport, chant, dessin, jeux vidéos…);
  • les sources d’inspiration (musique, chanson, livre, danse…);
  • la nourriture, les plats et aliments associés à des moments agréables

Penser à ce que nous aimons faire, aux personnes qui nous aiment, aux lieux dans lesquels nous nous sentons bien, à la nourriture que nous apprécions permet de créer une bulle protectrice, activable en cas de besoin.

 

6.Ma devise

Nous doter d’une devise permet de dynamiser l’action et de frapper les esprits (le nôtre et celui de l’entourage). Créer une devise invite les jeunes à réfléchir à l’image qu’ils ont envie d’avoir sur eux-mêmes et de renvoyer aux autres. Ils pourront s’appuyer sur la question : Qu’est-ce que je veux montrer de moi ? Qu’est-ce que j’ai envie de dire ? Cette question a pour objectif de les aider à aller chercher ce qui est important pour eux, leur identité.

Ils pourront s’inspirer de devises célèbres comme « Liberté, Égalité, Fraternité » qui est la devise de la République française. Cette devise traduira leurs valeurs (ce qui est important pour eux, ce qui a du sens), leurs motivations, la mission qu’ils voudraient se donner (où ils vont) ou bien le rappel d’un passé dont ils sont fiers.

Pour trouver leurs valeurs, les jeunes pourront réfléchir à ce qui les anime. Certaines situations et de l’observation permettent de les identifier. Par exemple, nous sentir mal à l’aise après avoir fait une action ou après avoir assisté à quelque chose indique que ce qui s’est passé n’est pas en accord avec nos valeurs. Ainsi, quelqu’un qui se sent mal en présence d’un menteur est animé par la valeur vérité. Quelqu’un qui est choqué par une scène d’injustice est animé par la valeur justice.

Une fois 2 à 5 valeurs personnelles identifiées, les jeunes réfléchiront à une devise qui traduirait les valeurs qu’ils veulent incarner au quotidien. Une devise est généralement courte et percutante et peut prendre diverses formes :

  • un jeu de mots,
  • un avertissement,
  • un objectif, des projets,
  • une phrase mystère incompréhensible pour les autres.

L’essentiel est que la devise parle à la personne et qu’elle lui évoque immédiatement ce qui lui est le plus cher en rappelant les valeurs importantes. Les valeurs clés synthétisées dans une devise peuvent ensuite être mises en images dans un blason où sera notée la devise, mise en valeur par des dessins ou symboles à la manière des blasons de familles nobles ou de villes.

 

7.Mes héros et héroïnes

Le fait d’avoir en tête les héros et héroïnes qui nous inspirent a un pouvoir motivant et valorisant. Non seulement ces héros peuvent nous inspirer au quotidien (par exemple en se demandant comment ce héros ou cette héroïne aurait réagi face à telle ou telle situation), mais les qualités que nous valorisons chez eux sont probablement déjà en germes chez nous.

Pour chacune des catégories listées ci-dessous, les enfants noteront une personne qui les inspire. Ils réfléchiront aux raisons pour lesquelles cette personne les touche particulièrement : cela peut être un élément de la vie de ces personnes, leurs qualités ou leur destin.

Pour compléter cette liste, les enfants pourront noter dans les jours suivants les situations dans lesquelles ils pourraient solliciter ces qualités ou se demander comment un de ces héros ou une de ces héroïnes auraient réagi dans une situation qu’ils trouvent difficile.

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8.L’échelle de mes rêves

Dans son livre Manuel de pensée géniale (éditions Casterman), Philippe Brasseur propose le principe de l’échelle des rêves pour inviter les enfants à :

  • voyager sur l’échelle des idées,
  • se demander ce que serait leur rêve,
  • dresser une liste d’idées pour s’en rapprocher.

L’échelle des rêves est constituée de trois niveaux à compléter :

1.Tout en haut de l’échelle des idées se trouvent les “idées ciel”

Les idées ciel sont irréalisables (ou presque). Parfois elles sont impossibles techniquement (se déporter dans le passé) ou physiquement (voler comme un oiseau), elles sont beaucoup trop chères ou encore elles seraient difficilement acceptées par la société.

Par exemple, le rêve de se transformer en oiseau. 

2.Au milieu de l’échelle des idées se trouvent les “idées montagne”

Elles sont difficiles mais réalisables. Leur réalisation nécessite des efforts, du temps, du matériel ou de l’argent.

En reprenant l’exemple de l’oiseau, il est possible de s’en rapprocher : pratiquer un sport comme le parapente, voler en montgolfière…

3.En bas de l’échelle des idées se trouvent les “idées terre”

Les idées terre sont faciles à réaliser et immédiatement.

Contempler la ville en haut d’une tour peut être un premier pas vers la réalisation du rêve de voler comme un oiseau. 

 

9.Ma créativité

Il est important que chaque personne se reconnaisse dans sa créativité parce que, être créatif, c’est se réaliser en tant qu’humain. La créativité est entendue ici au sens large. La créativité n’est pas que pour les artistes et ne concerne pas que le dessin ou l’écriture : c’est aussi pour les entrepreneurs (à la recherche de nouvelles opportunités), pour les ingénieurs (qui tentent de trouver des solutions techniques), pour les adolescents en quête d’orientation scolaire et professionnelle et, finalement, pour tout le monde quel que soit l’âge.

Des jeux de créativité peuvent être proposés aux enfants :

  • J’écris un haïku (écrire un poème zen en trois lignes courtes en respectant trois règles (trois lignes courtes avec la deuxième un peu plus longue qui font référence aux sens ou à la nature, avec un effet de surprise à la troisième ligne).

 

  • Je trouve 6 dessins possibles à partir de 6 ronds. Voici un exemple de ronds transformés en dessins possibles .

exercice créativité bonne réponse

 

  • Mes défis créatifs :

1.J’imagine les conséquences si lire dans les pensées des autres était possible.

2.J’invente trois charades.

3.Je fais un dessin de la main gauche si je suis droitier (ou inversement).

4.Je cherche au moins quatre choses qui me semblent habituelles et normales afin de m’en émerveiller aujourd’hui (exemple : un papillon qui se pose sur la vitre, un oiseau qui chante dans la cour, une fleur qui pousse au milieu du goudron…)

5.Je m’assois ou m’allonge par terre, seul et en silence, pendant 5 minutes (ou plus).

 

10.Mes réalisations

La réussite scolaire entraîne une amélioration de l’estime de soi mais l’inverse n’est pas vrai : une haute estime de soi ne prédit pas la réussite scolaire et l’estime de soi est nourrie par des réalisations. Les sciences cognitives ont montré que la mémoire joue un rôle important dans le sentiment d’auto-efficacité.

Pour vous sentir confiant dans votre capacité à réaliser votre prochaine tâche, vous devez activer vos connaissances à propos de tâches similaires réussies dans le passé. […] Mais le souvenir essentiel mobilisé ici n’est pas “J’ai déjà réussi” mais “Cette tâche requiert des connaissances auxquelles je peux accéder rapidement”.  – John Hattie (in L’apprentissage visible : ce que la science sait sur l’apprentissage de John Hattie – éditions L’Instant Présent).

Il est donc important qu’un enfant sache reconnaître ses réussites (même si une tâche n’est pas parfaitement réussie, il y a des éléments réalisés et réussis). Cultiver une bonne estime de soi, c’est savoir attribuer les réussites à des connaissances et des compétences qu’un individu possède et qu’il peut mobiliser et améliorer (et non pas attribuer les réussites ou les échecs au hasard ou à la chance).

Cette affiche peut servir à ce propos :

dépasser les échecs s’appuyer sur les réussites

En tant qu’adultes, parents ou enseignants, il peut être nécessaire de garder en tête que la construction du sentiment de compétence d’un enfant ou un adolescent ne passe pas nécessairement par la perfection ou la maîtrise parfaite. Le sentiment de compétence passe plutôt par la compréhension que les efforts fournis génèrent des résultats dans le temps et que les erreurs donnent de l’information sur ce qui manque. En ce sens, il importe de remarquer et valoriser les progrès et les acquis, mais aussi de relativiser les difficultés en soulignant les points d’appui et les stratégies à mettre en place.