6 difficultés propres aux enfants hypersensibles à l’école
6 difficultés propres aux enfants hypersensibles à l’école
1.Le traitement approfondi de l’information entraîne des lenteurs.
L’enfant hypersensible est plus lent que la plupart des autres enfants quand il aborde une nouvelle tâche, un nouveau thème ou un nouvel exercice.
Cette lenteur est liée au traitement approfondi de l’information qui les caractérise et qui les rend encore plus fragiles, plus prudents ou plus réservés, surtout face au changement et aux nouvelles choses.
Le traitement approfondi de l’information (ou traitement de haut niveau) est une des principales caractéristiques des enfants hypersensibles.
Aux États-Unis, Elaine Aron (spécialiste mondiale de l’hypersensibilité) et ses collègues ont réalisé des expériences sur les personnes hypersensibles. Grâce à la technique de l’IRMf (imagerie par résonance magnétique fonctionnelle), les chercheurs ont pu mettre en évidence les zones du cerveau qui sont activées pendant la résolution d’un exercice et leur intensité.
Le cerveau humain effectue un traitement de haut niveau lorsqu’il distingue non seulement la forme d’un objet, d’un paysage ou d’une situation, mais aussi son contenu ou son sens. À la différence des participants non-hypersensibles, le cerveau des individus hypersensibles s’est majoritairement activé au cours des expériences dans les zones cérébrales qui correspondent au traitement de haut niveau.
Elaine Aron a conclu de ces études que les personnes hypersensibles réfléchissent plus en profondeur ; analysent les problèmes dans leur globalité ; savent comment utiliser les informations sensorielles ; portent une grande attention aux détails ; s’arrêtent dans les situations non familières pour observer et réfléchir avant d’agir.
Ainsi, le cerveau d’une personne ultrasensible travaille de façon plus approfondie, donc plus lente.
2.L’hypersensibilité entraîne une grande empathie.
L’équipe d’Elaine Aron s’est également intéressée à l’empathie et aux réactions émotionnelles des personnes hypersensibles.
Ils ont pu mettre en évidence que les personnes très sensibles ont une grande capacité à tenir compte des sentiments, des émotions et des besoins des autres.
Le cerveau des personnes hypersensibles s’active plus que celui des non-hypersensibles devant des photos montrant des personnes avec différentes émotions.
Les enfants ultrasensibles ont des capacités relationnelles particulièrement développées. Ils sont extrêmement conscients de ce qui se passe en eux-mêmes et autour d’eux. Ils sont très intuitifs et compréhensifs envers les autres. Ils sont désireux d’améliorer la situation de ceux qui les entourent.
En conséquence, ils accordent une très grande importance aux qualités humaines des relations qu’ils vivent avec les autres, ainsi qu’à la profondeur et à la sincérité de ces relations.Ils peuvent être profondément affectés par des trahisons, de la tristesse perçue chez les autres, des pertes relationnelles (par exemple suite à un déménagement).
3.Des difficultés de positionnement face au groupe : peur du groupe et désir d’appartenance entremêlés
Une certaine vigilance face au groupe est fréquente chez les enfants hypersensibles. Elle peut durer plus ou moins longtemps. Cette vigilance est liée au fait que les enfants peuvent craindre d’être jugés par les autres ou, tout simplement, ils ne souhaitent pas s’exposer ou se mettre en avant et préfèrent rester en retrait.
Parfois, ils craignent d’être mal considérés à cause de ce qu’ils croient être leurs « défauts », notamment leur grande sensibilité.
En même temps, l’enfant hypersensible souhaite éviter de ne pas (ou plus) être apprécié par ses professeurs ou de ne plus être aimé par ses amis. Il ne veut surtout pas se retrouver tout seul, sans personne sur qui compter et s’appuyer, sans copain ou copine avec qui jouer.
Ces émotions contradictoires peuvent créer chez lui de l’anxiété, liée à une difficulté à se positionner face à un groupe.
4.Une risque d’épuisement dans une quête effrénée à la perfection
Certains enfants hypersensibles, du fait de leur maturité, de leur sérieux et de leur implication, sont parfois poussés par leurs professeurs ou par leur entourage à viser toujours plus haut.
Voulant trop bien faire, ils travaillent sans relâche jusqu’à un véritable épuisement (pouvant aller jusqu’au « burn-out »). Ces enfants essaient d’être parfaits et toujours au plus haut niveau, s’en veulent de ne pas y arriver, s’effondrent à l’idée d’une erreur ou d’un échec et peuvent en arriver à perdre l’appétit, ne plus arriver à dormir…
Paradoxalement, il existe aussi chez certains enfants une volonté inconsciente de ne pas montrer leur réussite. Ils veulent éviter d’être mis en valeur par les professeurs qui les donnent en exemple par crainte d’être dans la lumière. Il leur paraît plus rassurant de rester cachés dans l’anonymat du groupe.
Ils peuvent également être tourmentés par l’idée de devoir continuer à réussir, comme si cela allait leur demander un surcroît colossal de travail ou encore plus d’implication, alors qu’ils ont déjà atteint les limites de leurs capacités. Ils peuvent de même redouter que la réussite ne leur impose d’être des « grands », uniquement sérieux et performants.
Ainsi, cette quête de la perfection, cette crainte de ne jamais assez bien faire, de n’être jamais suffisants, entraîne un niveau élevé de stress qui peut devenir permanent.
5.Une grande sensibilité émotionnelle face aux enseignants sévères (cris, punitions, mots durs)
Une partie de la violence vécue pendant la scolarité d’un enfant sensible peut venir de l’institution scolaire.
Les enfants hypersensibles vivent comme de vraies violences des cris, des punitions, des mots durs (critiques, humiliations, chantage, menaces…) et ont du mal à supporter les bruits, l’agitation, les lumières qui, là aussi, sont vécues comme de véritables agressions.
Saverio Tomasella, auteur du livre J’aide mon enfant hypersensible à s’épanouir, regrette que l’hypersensibilité ne soit pas expliquée concrètement aux enseignants et aux éducateurs dans toutes les institutions scolaires ou éducatives. Des aménagements assez simples pourraient pourtant faciliter la vie des enfants hypersensibles (comme un coin de retour au calme en retrait de l’agitation et des bruits inhérents à la vie d’une classe). Par ailleurs, l’adoption d’une posture empathique, ferme sur les comportement et souple sur les émotions, par les enseignants serait bénéfique à l’ensemble des élèves, pas seulement aux enfants hypersensibles.
6.Une vulnérabilité face aux violences des autres élèves à l’école
Les difficultés face à l’école des enfants hypersensibles peuvent également être en lien avec les violences perpétrées par les enfants.
La violence entre enfants peut aller jusqu’au racket et au harcèlement : menaces répétées, injures récurrentes ou brutalités systématiques, croche-pieds, morsures, coups, dégradation du matériel, etc. Le harcèlement existe aussi sur Internet et se déploie sur les réseaux sociaux.
Le plus souvent, les agressions se déroulent dans des lieux peu surveillés : cours de récréation, toilettes, vestiaires ou bus scolaires. Les agresseurs veulent montrer leur puissance en écrasant une victime choisie en fonction de sa sensibilité, sa serviabilité, sa gentillesse (auxquelles peuvent se surajouter des critères culturels, ethniques ou religieux). Les enfants hypersensibles représentent donc des “proies faciles”.
Un enfant harcelé présente de nombreux troubles plus ou moins visibles. Il dort mal, perd l’appétit, se replie sur lui-même, il a mal au ventre ou à la tête. Il ne veut pas aller à l’école. Ses vêtements peuvent être abîmés, de même que son matériel scolaire. Il peut se mettre en colère sans raison apparente. Ses résultats scolaires sont fréquemment en chute libre et il perd le goût au travail.
Tenir compte des difficultés des enfants avec une sensibilité élevée à l’école
Saverio Tomasella estime qu’il est important que les adultes qui s’occupent d’enfants (parents, grands-parents, éducateurs, juges, médecins et psychologues) tiennent réellement compte au quotidien des particularités de l’hypersensibilité des enfants aussi bien au niveau des apprentissages, plus lents au début, qu’à celui des relations sociales, imprégnées de plus d’empathie et donc de chocs émotionnels (face à la tristesse de l’autre, face aux conflits, face à la colère d’autrui…).
Pour soulager la quête de la perfection, il est possible de valoriser l’enfant hypersensible à partir de ses points forts, de ses efforts et stratégies plutôt que ses résultats ou notes.
Lire aussi : Comment encourager les enfants efficacement : 30 propositions pour les parents et les enseignants
Par ailleurs, Saverio Tomasella rappelle qu’un enfant ne développe pas un refus d’aller à l’école sans raison réelle. Il est fondamental que les adultes prennent au sérieux les émotions de l’enfant et le croient, lui fassent vraiment confiance et accueillent ses émotions afin de découvrir les motivations réelles de ses difficultés.
En cas de harcèlement scolaire, les parents peuvent prévenir l’enseignant et le directeur (ou au collège le professeur principal et le chef de l’établissement). Si, malgré cela, le harcèlement perdure, il est possible de porter plainte auprès du Procureur de la République. L’enfant a avant tout besoin de se sentir écouté, compris, soutenu et protégé.
En parallèle (et mieux encore, en amont), il est possible d’apprendre aux enfants à se défendre.
Cela commence par le fait de savoir dire « non », un vrai « non » qui signifie : « Quand c’est non, c’est non ! ». Une parole claire, ferme et vigoureuse est très efficace pour affirmer ses limites personnelles et envoyer le signal à des potentiels agresseurs que la proie n’est pas facile.
Il est également possible d’expliquer aux enfants hypersensibles que leurs agresseurs font tout pour les impressionner et les intimider, mais qu’ils ont du pouvoir personnel pour ne pas se laisser impressionner.
A cet effet, il est possible aussi de les aider à développer leur sens de la répartie pour déstabiliser les agresseurs. C’est ce que propose Emmanuelle Piquet avec son approche à 180° : 6 principes pour aider efficacement un enfant face au harcèlement scolaire
Si un enfant n’arrive pas à parler à ses proches, il peut être utile de lui proposer de se confier à un professionnel (psychologue scolaire, en CMPP ou libéral). L’important est qu’il mettent des mots sur ses émotions.
Enfin, les enfants hypersensibles retireront de nombreux bénéfices de la pratique des arts martiaux ou des sports de combat. Il en existe de toutes sortes, ce qui permet de trouver l’art martial qui correspond le plus à la sensibilité de chaque enfant. Ce type de pratique les aide à se sentir plus forts, aptes à se défendre, capables de garder leur sang-froid.
Saverio Tomasella ajoute que, quoi qu’il en soit, une pratique sportive régulière, la marche dans la nature, la randonnée en montagne ou une activité dans les domaines de la danse, du chant, du théâtre, permettent aux jeunes hypersensibles de mieux se sentir dans leurs corps et de s’affirmer plus facilement.
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Source : J’aide mon enfant hypersensible à s’épanouir : du tout-petit à l’adolescent, comment apprivoiser son hypersensibilité de Saverio Tomasella (éditions Leduc S)
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