Comment aider un enfant dans le développement de sa mémoire ?

Comment aider un enfant dans le développement de sa mémoire de travail ?

Comment aider un enfant dans le développement de sa mémoire _

Crédit illustration : freepik.com

 

Pascale Toscani, spécialiste en neurosciences de l’éducation, rappelle que rien ne se joue avant 6 ans. La mémoire humaine ne se développe pas de façon linéaire et est dépendante de l’évolution cérébrale de chaque enfant ainsi que de son environnement.

Ainsi, tous les enfants ne développent pas les mêmes compétences en matière de mémoire au même âge (même si ce parcours de développement est quasiment identique pour tous).

La mémoire de travail, pilier de la mémorisation dans le contexte scolaire

La mémoire de travail est sollicitée en permanence, chez les enfants et chez les adultes. Son rôle consiste à retenir plusieurs informations lues, vues ou entendues pour les associer, leur donner du sens et les relier à ce qui est déjà connu.

La mémoire de travail traite les informations pour en permettre l’appropriation et, comme finalité, l’utilisation. Au fur et à mesure que l’enfant avance en âge, sa mémoire de travail peut traiter en même temps un nombre de plus en plus important d’informations. Pour un adulte, les spécialistes de la mémoire parlent de 7 informations mémorisables dans la mémoire de travail en même temps (plus ou moins 2, de 5 à 9). Cela signifie que nous aurons du mal à retenir une suite de chiffres dans l’ordre s’il y a plus de 7 ou 8 chiffres à retenir. C’est l’empan mnésique.

L’efficacité de la mémoire de travail est influencée par plusieurs facteurs au-delà de l’âge. La motivation, c’est-à-dire l’intérêt personnel et la disponibilité intérieure, impacte la mémorisation : plus une émotion agréable est éprouvée au moment de l’encodage de l’information (ex : envie de partager cette information, anticipation de signes de reconnaissance positive de la part des enseignants, réel intérêt personnel pour l’information…), plus l’information sera mémorisée à long terme.

A l’inverse, le stress et la manque de sommeil parasitent la mémoire de travail.

Pascale Toscani formule quelques suggestions pour aider un enfant dans le développement de sa mémoire à tout âge.

Le développement de la mémoire chez les très jeunes enfants

  • S’adresser à l’enfant dès son plus jeune âge avec des mots d’adultes

Toscani estime que les mots “réels” sont préférables aux mots simplifiés ou aux onomatopées. Les enfants acquièrent tous les jours des mots auxquels ils accordent une signification avec plus ou moins d’exactitude, d’où la nécessité de les faire parler, de leur demander de raconter leur journée, les expériences de leur vie.

 

  • Lire des histoires aux enfants, dès la naissance et même après qu’ils sachent lire

Lire des histoires à un enfant développe son imagination et participe à de nombreux apprentissages :

    • capacité d’écoute : la capacité à soutenir son attention est un préalable à tous les apprentissages.
    • interactions avec les adultes : la lecture est une situation propice au bien-être et au calme, c’est une situation dans laquelle l’adulte (et notamment le parent) accorde du temps à l’enfant, favorise son sentiment d’importance. La lecture de certains livres peut aussi être un bon moment de rigolade.
    • développement du langage et du vocabulaire : le niveau de vocabulaire d’un enfant peut être l’indice de la réussite scolaire. Les livres peuvent être des compagnons de ce chemin.
    • compréhension des récits: la familiarisation des enfants le plus tôt possible avec la structure d’une histoire (début, aventures, fin, présence de connecteurs logiques et temporels, concordance des temps) leur permettent de raconter eux-mêmes des événements ou des histoires de manière logique et chronologique.
    • développement de l’imagination et de la créativité  : l’enfant créatif se sent moins dépourvu devant les imprévus de la vie .
    • construction de soi : l’enfant a besoin de livres vivants en abondance. Ils sont vitaux pour le développement de sa vie intellectuelle car la vie intellectuelle a besoin d’idées vivantes.

 

  • Montrer des photos actuelles et anciennes

Montrer des photos, récentes et anciennes, de famille, de personnes connues, de lieux connus aide l’enfant à construire des repères dans l’espace et dans le temps.

 

  • Habituer l’enfant à ne jamais accepter de ne pas comprendre

Pour Pascale Toscani, il est important de chercher avec l’enfant s’il n’a pas la réponse.

 

Donner des astuces aux élèves pour mieux mémoriser dans un contexte scolaire

  • Inciter à l’attention et la participation en classe

L’attention et la participation en classe rendent la mémorisation plus efficace car le moment où on reçoit l’information en classe ou en cours est déjà de la mémorisation (c’est l’encodage)

 

  • Apprendre à grouper les éléments pour réduire le nombre d’informations à mémoriser

C’est le principe des numéros de téléphone : on mémorise mieux 5 nombres à deux chiffres que 10 chiffres seuls (car 10 est supérieur à l’empan mnésique).

 

  • Faire des associations entre les informations à mémoriser et des éléments déjà en mémoire

Par exemple, pour mémoriser un numéro de téléphone qui contient 18 et 75, on peut associer 18 aux pompiers et 75 à Paris). Dans cette optique, il est toujours utile de  vérifier ce qui est déjà su car le cerveau n’intègre des nouvelles informations qu’en fonction d’informations déjà-là. De même, la culture générale prend tout son sens car plus on a de connaissances générales et aussi spécifiques à une matière, plus on est capable de faire des liens et des associations.

 

  • Repérer ce qui est le plus important dans un texte ou une leçon

Par exemple, se donner quelques mots-clés, repérer les définitions à connaître par cœur, faire ressortir le plan d’une leçon (titres et sous titres)…

 

  • Créer un projet de réutilisation des éléments à mémoriser

Il est important pour l’enfant de savoir pour quoi ou pour qui il apprend (créer du sens), qu’il se projette dans le futur (par exemple, imaginer la ou les questions que pourrait poser l’enseignant le lendemain en contrôle).

 

  • Inviter l’enfant à manipuler une information sous différentes formes

Cela peut passer par : dessiner, résumer, présenter l’information sous forme de schéma, la mettre dans un tableau avec plusieurs colonnes…

 

  • Répéter les informations à mémoriser à plusieurs reprises

Des répétitions régulières et espacées d’une même information renforcent la mémorisation à long terme (quelques heures après, 2-3 jours après, chaque semaine…). Pour renforcer l’efficacité de la mémorisation, il est possible de transformer les restitutions de manière ludique afin d’activer le levier des émotions positives. Cela peut passer par une inversion de rôle (l’enfant joue l’enseignant et le parent l’élève), par une récitation de poésie chantée ou mise en scène…

 

Ainsi, on comprend bien que la mémoire n’est pas un “don” mais une affaire d’entraînement, d’intérêt, de travail et de stratégies. Plus nous possédons de connaissances, plus notre mémoire de travail peut être rapide et efficace. Aider un enfant à aménager sa mémoire de travail ne consiste donc pas à lui faire apprendre par cœur des pages et des pages mais, d’une part, à lui donner l’habitude d’organiser, de catégoriser, de classer ce qui l’entoure, comme s’il jouait à une sorte de jeu des sept familles; d’autre part, à le rendre curieux de sujets les plus divers pour élargir son champ de connaissances.

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Source : Comprendre le cerveau de son enfant de Pascale Toscani (éditions Hatier). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.

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