Pourquoi il vaut mieux prendre des notes à la main (et comment)

Pourquoi il vaut mieux prendre des notes à la main (et comment)

Mueller et Oppenheimer, psychologues chercheurs à l’université de Princeton et de UCLA Anderson School of Management, ont conduit des recherches pour comparer l’efficacité en termes de mémorisation de la prise de notes à la main et celle à l’ordinateur.

Dans leur première expérience, 65 étudiants ont été amenés à regarder des conférences TED à propos de sujets en relation avec leurs études mais non encore couverts par leurs professeurs. On a donné à une partie de ces étudiants un ordinateur sans accès à Internet et à l’autre un bloc de papier et un crayon.

Suite à la projection, les étudiants ont été soumis à 30 minutes de distractions. A la fin de ces 30 minutes, ils devaient répondre à deux types de questions portant sur les conférences qu’ils venaient de voir : une question sur les faits (ex : “Quand la civilisation Maya s’est-elle éteinte ?”) et une autre sur des concepts (ex : “En quoi les sociétés japonaises et suédoises diffèrent-elles dans leurs approches des inégalités sociales ?”).

Les résultats ont révélé que les performances des deux groupes étaient similaires aux questions liées au rappel de faits, mais les étudiants qui avaient pris des notes à l’ordinateur ont sous performé aux questions relatives aux concepts.

 

Mueller et Oppenheimer avancent plusieurs hypothèses :

  • les étudiants qui ont pris des notes avec un ordinateur ont écrit plus de mots et de phrases complètes reprenant presque mot pour mot ce que le conférencier disait, comme dans une sorte de retranscription impensée, littérale, non transformée
  • les étudiants qui écrivent à la main ne peuvent pas tout retranscrire littéralement car ils ne peuvent pas écrire aussi vite que les gens parlent : ils sont amenés à sélectionner les informations les plus importantes, à synthétiser, à faire des récapitulatifs, à écrire des mots clés plutôt que des phrases, à transformer dans leurs propres mots.

Les chercheurs ont donc refait la même expérience en demandant expressément aux étudiants qui étaient dotés d’un ordinateur dans ce nouveau test  de ne pas chercher à transcrire mot à mot ce que dit le conférencier. Or il se trouve que la plupart des étudiants ont eu le même comportement que lors de la première expérience. Le simple fait d’avoir un ordinateur dans les mains semble mener les personnes qui prennent des notes à retranscrire littéralement, sans chercher à dégager le sens, à synthétiser ou à reformuler avec ses propres mots.

Mueller et Oppenheimer ont également remarqué que les étudiants qui ont pris des notes avec un papier et un crayon sur performent sur le moyen terme en termes de mémorisation des concepts (ils ont demandé aux étudiants de relire leurs notes une semaine plus tard avant de passer un petit test de connaissance).

La recommandation qu’en déduisent Mueller et Oppenheimer concerne donc deux points :

  • l‘outil de prise de note : la prise de notes manuelle est plus efficace que la prise de note avec un ordinateur,
  • la manière de prendre des notes : les bénéfices de la prise de note manuelle vient surtout du fait qu’elle force en quelque sorte à transformer l’information alors que l’ordinateur tend à pousser les utilisateurs à prendre des notes automatiquement, littéralement (même quand ils sont invités à “penser” leur prise de notes).

Pour ma part, quelque que soit l’outil de prise de note, je pense que certaines méthodes permettent d’augmenter les performances de mémorisation et de compréhension :

 

  • S’entraîner à prendre des notes avec des Mind Maps (cartes mentales)
prendre notre main

Une prise de notre lors d’une conférence sous forme de Mind Map

  • S’entraîner à prendre des notes sous forme de Sketchnote 
sketchnoting prendre notes

Sketchnoting d’après une conférence sur la bienveillance au quotidien

 

  • Intégrer des schémas, des dessins, des diagrammes autant que possible

 

  • Si les notes sont prises  à l’ordinateur, les transformer sous forme de Mind Map, de carte conceptuelle ou de Sketchnote plus tard pour mieux les mémoriser (et mixer les techniques)
trouver élément selon robinson

Un essai de Sketchnoting pour résumer la notion d’Elément de Ken Robinson (merci pour votre indulgence 🙂 )

 

Pour les personnes souffrant de troubles dys (dyspraxie, dyslexie, dysorthographie) et pour lesquelles la prise de notes est difficile, il est possible de garder en mémoire l’effet de supériorité du dessin pour la mémorisation. Il existe de nombreux logiciels (payants ou gratuits) qui permettent de réaliser des cartes mentales, des schémas, des cartes conceptuelles ou encore des Sketchnotes.

 

source en anglais