3 livres pour comprendre la puissance du jeu libre pour apprendre (et comment les écoles démocratiques en font la démonstration)

3 livres pour comprendre la puissance du jeu libre pour apprendre (et comment les écoles démocratiques en font la démonstration)

livres école démocratique

Je vous propose une sélection de trois livres pour comprendre la puissance du jeu et du libre choix pour apprendre et découvrir le fonctionnement des écoles démocratiques qui s’appuient sur l’instruction auto dirigée par les enfants et adolescents. Ces livres questionnent les concepts mêmes d’école et d’élève.

1. Libre pour apprendre : libérons nos enfants pour qu’ils retrouvent le bonheur d’apprendre et la confiance en eux 

libre pour apprendrePeter Gray est un psychologue américain, qui s’est spécialisé dans l’étude du jeu chez les être humains. Dans son livre Libre pour apprendre (Actes sud éditions), il démontre en quoi la manière dont sont construits nos écoles et nos systèmes éducatifs va à l’encontre des mécanismes d’apprentissage dont la nature et l’évolution ont doté les humains.

Peter Gray explique que les humains sont animés par trois mécanismes naturels qui les poussent à apprendre :

  1. La curiosité
  2. Le jeu
  3. La sociabilité

Or il remarque que la manière dont fonctionne la plupart des écoles de nos jours contrarie les mécanismes naturels de l’apprentissage humain. Les apprentissages, la résolution de problème et la créativité sont en effet menacés par les interventions qui interfèrent avec le jeu.

Introduire du temps de jeu libre améliore la créativité et la capacité à résoudre des problèmes des enfants.

Peter Gray précise que le jeu est à la confluence de plusieurs caractéristiques :

  • le jeu est auto dirigé et auto choisi
  • le jeu est une activité dans laquelle les moyens ont plus de valeur que la fin
  • les règles du jeu ne sont pas dictées par des nécessités physiques mais par l’esprit, les besoins cognitifs/ émotionnels/ affectifs/ sociaux des joueurs
  • le jeu est imaginatif, dégagé des contraintes physiques et/ou sociales
  • le jeu implique un état d‘esprit actif et alerte mais pas stressé, pressé

Ce qui est considéré comme un jeu par certaines personnes peut ne pas l’être par d’autres, d’où l’accent porté par Peter Gray sur le qualificatif « libre ». C’est de jeux libres dont ont besoin les enfants, pas de plus de punition, de plus de devoirs ou de plus de temps d’instruction obligatoire.

Peter Gray nous pose cette question malicieuse : si nous avions un pouvoir omnipotent et que nous pouvions doter les humains des facultés qui leur permettraient d’acquérir les compétences dont ils ont besoin pour vivre et s’épanouir, comment résoudrions-nous ce problème ? Il parait difficile d’imaginer une solution plus efficace que celle de construire, dans leurs cerveaux, un mécanisme qui les pousse à vouloir s’entraîner pour perfectionner ces compétences et en être récompensé par des émotions positives. C’est en effet ainsi que la nature a procédé et c’est la raison pour laquelle la nature a doté les humains du jeu.

Mais peut-être que le jeu prendrait une dimension plus respectable quand on parle d’apprentissage et d’instruction si on parlait plutôt de « entrainement auto motivé aux compétences nécessaires à la vie ».

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Libre pour apprendre : libérons nos enfants pour qu’ils retrouvent le bonheur d’apprendre et la confiance en eux de Peter Gray (éditions Actes Sud) est disponible en librairie, en médiathèque ou sur internet.

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2. L’école de la liberté : un modèle d’éducation autonome et démocratique

école de la liberté école démocratiqueCe livre se lit comme un véritable roman. Daniel Greenberg y raconte les débuts de l’école Sudbury Valley, première école démocratique du monde. L’école Sudbury Valley a été fondée en 1968 dans le Massachusetts (Etats-Unis) et est une école expérimentale unique en son genre.

Cette école part du principe que tous les humains désirent naturellement apprendre. Les enfants, de 3 à 19 ans, y apprennent en suivant leur inclination naturelle, en utilisant leur temps comme ils veulent tous les jours et toute la journée. L’idée des fondateurs de cette école, dont a fait partie Daniel Greenberg, est simple : poussés par une curiosité naturelle, qui est l’essence même de la nature humaine, les enfants feront d’énormes efforts pour explorer et maîtriser le monde qui les entoure.

Le récit de Daniel Greenberg est précieux parce qu’il démontre que les enfants et les adolescents sont capables d’apprendre sans notes, sans cahiers, sans emploi du temps, sans enseignants, sans ségrégation par classe d’âge.

A Sudbury, les enfants et adolescents ne sont pas triés par âge pour être assignés dans des classes mais sont libres de leurs mouvements et de leur temps.

Les « élèves » de cette école apprennent uniquement ce qu’ils souhaitent apprendre et sont libres de choisir leur propre matériel, leurs livres et leurs éventuels enseignants s’ils estiment en avoir besoin.

Greenberg rappelle qu’aucun élève n’est sorti de son école analphabète et que bon nombre d’entre eux ont suivi des études supérieures. Bien qu’ils n’aient pas de dossier scolaire avec des bulletins de notes, les grands avantages des élèves qui sortent de Sudbury sont leur force intérieure, leur connaissance d’eux-mêmes et leur détermination. Daniel Greenberg relate dans ce livre les parcours de nombreux adolescents qui ont voulu intégrer des écoles supérieures : ils ont été convoqués à des entretiens et ont tous su convaincre les administrateurs de les intégrer pour ce qu’ils sont, ce qu’ils ont à apporter à l’université plutôt que pour des bons bulletins scolaires.

Au-delà de l’idées des apprentissages autonomes et informels, la structure organisationnelle de Sudbury School Valley est qualifiée de démocratique. L’école est en effet dirigée comme une vraie démocratie par le conseil d’école où chaque élève et chaque membre du personnel détient une voix. Tout ce qui a trait à l’école fonctionne de cette manière : les règles de vie collective, le budget, l’administration, les embauches, les renvois et la discipline.

Un chapitre est consacré au système de justice qui a pour objectif la liberté, la justice et l’équité pour tous. Avec ce système de justice collaboratif et équitable, les enfants apprennent à faire la différence entre les besoins de la vie collective et les questions personnelles (d’amitié par exemple). Chacun (adultes et enfants) sait que le fonctionnement de l’école en tant qu’institution repose sur une acceptation générale des règles votées par le conseil d’école.

 

Cet ouvrage est réellement passionnant dans le sens où il fait la démonstration de la réussite du modèle des écoles démocratiques. On se laisse embarquer par les récits des vies des élèves et des facilitateurs d’apprentissage, par cette aventure humaine à travers laquelle on se rend compte de l’énorme potentiel des enfants qui en font la pleine démonstration quand on leur en laisse les moyens.

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L’école de la liberté : un modèle d’éducation autonome et démocratique de Daniel Greenberg (éditions Mama) est disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.

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3. Pourquoi j’ai créé une école où les enfants font ce qu’ils veulent

livre école démocratiqueRamin Farhangi a fait un remarquable travail de compilation d’études scientifiques, de retranscription de conversations et débats avec d’autres créateurs d’écoles démocratiques, de témoignages de parents et élèves et de mise en perspective de son histoire personnelle pour expliquer comment un ex premier de la classe consultant en entreprise en est arrivé à créer une école sans note, sans prof, sans cahier, sans matière.

Ce livre se lit très bien même quand on n’est pas familier du fonctionnement des écoles inspirées par le modèle Sudbury. On y découvre justement toute la richesse de cette approche, ses fondements théoriques et son fonctionnement pratique au quotidien.

J’ai beaucoup apprécié toute la partie dans laquelle Ramin répond aux objections courantes faites à la création d’écoles privées, notamment démocratiques. Il rapporte, entre autre, une expérience dans laquelle il était demandé à des élèves de choisir entre deux options : développer des connaissances mais avoir une moyenne de 8/20 ou ne retenir aucune connaissance mais avoir une moyenne de 18/20. La deuxième option a été massivement choisie illustrant l’échec de l’école traditionnelle comme mode d’émancipation par la connaissance et l’esprit critique. Dans un double jeu de dupes, les élèves mettent la priorité sur la réussite des contrôles et sur les notes plutôt que sur l’apprentissage.

Les élèves prennent tous les raccourcis possibles pour se bourrer méthodiquement le crâne la veille du contrôle. Le lendemain, ils répètent ce même processus pour le contrôle du surlendemain. […] Quant à nous, professeurs, même si nous aimerions que l’évaluation soit un simple outil de vérification, soyons honnêtes un instant : nous l’utilisons aussi et surtout comme moyen de coercition. – Ramin Farhangi

Ramin regrette d’ailleurs que l’école telle qu’elle est conçue aujourd’hui conduise à considérer les enfants et adolescents qui ne s’adaptent pas bien, qui ne performent pas comme inadaptés plutôt que considérer que c’est l’organisation de école qui pose un problème.

Les écoles démocratiques, inspirées par le modèle Sudbury, sont fondées sur l’idée que, quand on laisse les enfants tranquilles et qu’on cesse de pointer leurs insuffisances, ils apprennent tout ce dont ils ont besoin en leur temps et leur heure.

Ce livre a le grand mérite de situer son propos en France (contrairement aux deux précédents). Ainsi, Ramin Farhangi démontre que le modèle des écoles démocratiques est transposable en France.

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Pourquoi j’ai créé une école où les enfants font ce qu’ils veulent de Ramin Farhangi (éditions Actes Sud Domaine du Possible). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.

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A défaut de généraliser ce modèle à toutes les écoles, lire ces livres permet d’envisager l’instruction sous un jour différent. Le groupement des écoles démocratiques françaises (EUDEC France) milite d’ailleurs pour une reconnaissance de ce modèle démocratique par les pouvoirs publics afin de pouvoir ouvrir des établissements subventionnés par l’Etat à un coût plus abordable que les écoles hors contrat. L’objectif est que chaque famille dispose d’un éventail de choix aussi large que possible près de chez elle pour réellement choisir quel type d’instruction offrir à ses enfants.