Le manque de prise de risque provoque l’anxiété des enfants

Un lien entre la prise de risque et le niveau d’anxiété enfants

Le courage et l’encouragement sont au cœur de l’éducation pour soutenir l’élan vital des enfants.

Un genou blessé s’en remettra, le courage blessé risque de ne jamais s’en remettre. – Rudolf Dreikurs

Ce mécanisme s’explique d’un point de vue scientifique : le système cérébral de motivation génère la curiosité. Or l’enfant est un scientifique en herbe car il veut tout savoir, tout comprendre, tout explorer, tout expérimenter.

Encourager l’enfant active le système de motivation et consolide l’élan vital de l’enfant. Cela s’explique par le fait que l’un des neurotransmetteurs principaux de ce système est la dopamine.

Cette molécule est un des éléments qui nous permet de profiter pleinement de la vie, d’avoir des projets et nous donne la vitalité, le dynamisme, le courage et la constance pour les réaliser. – Catherine Gueguen

Quand l’enfant manque d’encouragement, le taux de dopamine peut être faible dans son cerveau et l’enfant peut perdre son plaisir de vivre, manquer de motivation. L’enfant perd l’envie de réaliser des expériences nouvelles et peut développer de l’anxiété quand il ne reçoit pas assez d’encouragement.

Pourquoi s’intéresser aux troubles de l’anxiété dès l’enfance ?

Aux Etats-Unis, un quart des enfants souffrirait de troubles anxieux. L’anxiété est non seulement plus répandue que dans la génération précédente mais elle s’installe aussi plus tôt dans l’enfance.

Un enfant qui souffre d’anxiété a beaucoup plus de chance de souffrir d’anxiété ou de dépression à l’adolescence ou à l’âge adulte. Construire la santé émotionnelle des enfants leur donnera des fondations solides pour une vie réussie.

Qu’est-ce que l’anxiété ?

L’anxiété est une émotion normale (par exemple, il est normal de l’éprouver de l’anxiété avant une présentation orale devant un public).

L’anxiété se reconnaît à plusieurs symptômes :

  • Des changements à l’intérieur du corps

La respiration, la température corporelle, la transpiration, le fonctionnement de l’estomac sont affectés. Ces symptômes sont ceux du corps qui se préparent à l’action.

  • Des pensées négatives affluent

“Qu’est-ce qu’il/elle me veut ?”, “pourquoi on me demande de faire un truc stupide ?”. Les pensées sont alors concentrées sur les menaces et l’éventualité que quelque chose de mauvais arrive.

  • Le comportement devient fuyant

On cherche naturellement à éviter une situation considérée comme une menace (par exemple en baissant la tête, en fuyant l’interlocuteur des yeux…).

L’anxiété est normale dans des situations sociales (comme dans l’exemple précédent de la prise de parole en public) ou des situations en action (comme sauter en parachute). Le problème commence quand certaines personnes ressentent les symptômes de l’anxiété tous les jours, hors des situations normales sujettes à anxiété, et de manière intense. Cette anxiété quotidienne peut avoir des conséquences néfastes sur leur vie car elles ne feront plus certaines choses habituelles du quotidien.

Quels sont les effets de l’anxiété chez les enfants ?

Quelques exemples de comportements qui peuvent être attribués à une santé émotionnelle troublée :

  • ne pas oser lever la main en classe pour poser une question

  • sécher les cours les jours d’interrogation par peur de l’échec

  • ne pas vouloir intégrer des activités de groupe

  • refuser les invitations à des fêtes ou refuser d’inviter des amis

Ces situations sont aussi difficiles à vivre pour les parents que pour les enfants : ces derniers ont du mal à dire pourquoi ils ont peur et ce qu’ils ressentent vraiment à l’intérieur, ce qu’ils pensent.

Comment réagissons-nous naturellement face aux situations difficiles vécues par nos enfants ?

Des études scientifiques ont montré que les enfants qui sont sujets à des troubles de l’anxiété ont des parents plus prompts à leur apporter une aide toute faite. C’est une attitude normale de vouloir aider un enfant qui souffre d’anxiété, qui manifeste sa peur.

Les études ont montré que tous les parents, y compris ceux qui ont élevé des enfants émotionnellement sains, cherchent à soulager les peurs des enfants avec des solutions prêtes à l’emploi.

Or quand on se précipite pour aider un enfant, il n’en tire aucun enseignement de vie : il n’apprend pas à développer ses propres stratégies pour faire face à ses problèmes.

 

Plusieurs attitudes parentales peuvent participer à la construction de la santé émotionnelle des enfants :

  • Permettre aux enfants de prendre des risques et des initiatives,
  • Les aider à traverser leurs peurs (voir cet article sur la zone Braver-ressentir : Comment aider les enfants à surmonter leurs craintes avec bienveillance ?),
  • Respecter leurs efforts,
  • Leur témoigner de la confiance : le moment viendra où ils se sentiront prêts,
  • Utiliser les compliments descriptifs.

3 pistes pour prévenir l’anxiété chez les enfants

1.  Encourager les enfants à prendre des risques et des initiatives

Plutôt que chercher à protéger les enfants des situations difficiles et à leur proposer nos solutions toutes faites, nous pourrions les encourager à y faire face.

Cela ne signifie pas pour autant jeter des enfants qui ne savent pas nager dans le grand bain. C’est une violence faite à l’enfant de nier ses peurs ou de le forcer à faire quelque chose dont il a peur.

Il ne s’agit donc pas de nier les émotions des enfants mais de les reconnaître, de les accueillir et d’aider l’enfant à surmonter ses peurs petit à petit, de le confronter à de petits défis graduellement et avec nos encouragements.

courage éducation enfants

 

Nous pouvons leur préparer de petites tâches, les encourager à sortir de leur zone de confort. C’est le principe du kaizen : découper une grande tâche en plusieurs petites tâches faciles à accomplir.

Pour un enfant qui a peur d’aller à la cave tout seul, cela pourra passer par le fait de lui demander d’aller chercher quelque chose au garage éventuellement accompagné, puis seul, d’aller demander quelque chose à un voisin seul. L’idée est de lui montrer qu’il est capable de faire des choses seul, qu’il en retire de la satisfaction, que vous reconnaissez ses efforts. Puis vous pourrez descendre avec lui à la cave : il restera d’abord en haut des escaliers, puis sur le pas de la porte la fois suivante, il entrera avec vous la fois d’après. L’idée est de donner une responsabilité à l’enfant, de lui dire que vous avez besoin de lui pour trouver un objet précis. Il se sentira à la fois utile et absorbé par la tâche à accomplir. Les fois suivantes, vous pourrez descendre avec lui mais c’est vous qui resterez sur le pas de la porte, puis dans la cage d’escalier jusqu’à ce que l’enfant se rende compte qu’il est capable de descendre seul à la cave !

Pour Rudolf Dreikurs (psychologue américain spécialisé dans l’éducation), l’encouragement est aussi vital à l’enfant que l’eau à la plante. L’anxiété serait alors une conséquence du découragement des enfants.

30 propositions pour encourager efficacement

 

2. Utiliser les compliments descriptifs et centrés sur les efforts/ le processus (plutôt que le résultat)

Remarquer et décrire les petite victoires des enfants leur permettra de progresser, de bâtir une solide estime d’eux-mêmes et de vaincre leurs peurs. Les commentaires descriptifs et objectifs sont les plus efficaces : “Je vois une garçon/une fille capable de…”, “Tu as fait ça et ça et maintenant tu es capable de…”, “C’était difficile, j’ai vu que tu as fait beaucoup d’efforts et tu as réussi à…”.

 

Pour aller plus loin : 5 manières d’utiliser l’encouragement de façon constructive

3. Montrer aux enfants que nous faisons aussi des efforts pour surmonter nos propres peurs

L’enfant vient au monde avec le besoin de reproduire ce que font les personnes de son entourage. Grâce aux neurones miroir, observer un comportement, c’est comme le réaliser pour notre cerveau. Voir un acte et l’accomplir activent les mêmes zones cérébrales. Ainsi, l’enfant est fortement influencé par les adultes autour de lui : l’enfant les imite, que le modèle adulte soit “bon” ou “mauvais”.

Nous pouvons montrer des exemples de courage à nos enfants :

  • dans des situations de vie que nous évitons par peur justement (comme demander une augmentation ou passer un examen médical),
  • dans des manières de progresser sur ces situations : des petites actions qui nous permettrait de moins les craindre et de les affronter.

 


Pour les anglophones, la vidéo source de Jen Hudson :

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