La théorie de l’attachement, source d’inspiration pour améliorer les relations enseignant-élève

L’attachement dans la relation enseignant – élève

La théorie de l'attachement, source d'inspiration pour améliorer les relations enseignant.e-élève

Dans son livre Heureux d’apprendre à l’école, Catherine Gueguen écrit que le mode de relation enseignant-élève exerce une influence importante sur les enfants. Quand cette relation est de qualité, elle a des effets positifs sur la réussite des élèves ainsi que sur leur santé mentale (stress, résilience, bien-être émotionnel, confiance en soi).

Cette interaction est complexe et dépend à la fois du mode d’attachement personnel des enfants (et donc de la relation à leurs parents) et du mode d’attachement de l’enseignant.

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La théorie de l’attachement

Définition 

Pour John Bowlby, père de la théorie de l’attachement, tous les êtres humains ont besoin, pour se développer harmonieusement, d’avoir des liens affectueux avec au moins une personne qui prend soin de lui et le protège de manière cohérente et durable. Cette personne, appelée la figure d’attachement primaire, constitue la base de sécurité affective vers laquelle l’enfant se tourne en cas de détresse. Le lien d’attachement se construit dans les premiers mois de la vie de l’enfant et dure toute la vie.

S’il y a toujours une figure d’attachement principale, plusieurs autres personnes (dont les enseignants) peuvent prendre le relais quand celle-ci est absente. L’enfant a besoin de pouvoir se tourner vers des figures d’attachement secondaires qui pourront le réconforter, le protéger et lui donner une proximité affective en cas de problème.

4 modes d’atttachement

Quatre typologies d’attachement sont définies :

  • attachement anxieux-évitant : les demandes de l’enfant sont accueillies par de l’agressivité, du rejet ou de la différence par son parent. L’enfant apprend qu’en montrant des signes de détresse, il n’en retire que des conséquences négatives. Il en conclut qu’il ne mérite ni amour ni affection.
  • attachement sécurisé : le parent répond de façon constante et appropriée aux signaux émotionnels de l’enfant. L’enfant apprend qu’exprimer ses besoins enclenche une réponse aimante. Il sait qu’il mérite de l’affection et qu’il a de la valeur en tant que personne.
  • attachement anxieux-ambivalent (ou résistant) : les réactions du parent sont imprévisibles. Un même comportement peut être accueilli avec enthousiasme ou bien avec colère ou encore indifférence. L’enfant n’arrive pas à déterminer ce qu’il doit faire pour faire plaisir à son parent. Il en conclut ici aussi qu’il ne mérite ni amour ni affection.
  • attachement anxieux-désorganisé : le parent est désorganisé et peut maltraiter l’enfant. L’enfant ne se sent pas en sécurité et a une mauvaise estime de lui-même. Cet attachement désorganisé survient le plus souvent dans un environnement familial très défavorable.

Une attitude empathique favorise un attachement sécurisant.

Il n’y a cependant pas de déterminisme : le rôle des enseignants

Catherine Gueguen écrit :

Cette classification relativement stable au cours de la petite enfance a tendance à évoluer ensuite en fonction des stress sociaux (maladie, divorce, deuil, traumatismes divers) en allant de la sécurité vers l’insécurité ou, au contraire, en allant de l’insécurité vers la sécurité grâce à l’amélioration des relations parent-enfant ou enseignant-enfant.

Les recherches montrent que nous passons d’un attachement insécurisé à un attachement sécurisé en présence de personnes sécurisantes. D’où l’importance des politiques sociales familiales, éducatives qui permettent aux adultes en contact avec les enfants de toujours approfondir et améliorer leur qualité de relation avec les enfants.

La théorie de l’attachement, source d’inspiration pour améliorer les relations enseignant-élève

L’enseignant pour représenter une figure d’attachement pour les enfants

La nécessité de pouvoir compter sur une personne qui comprend ses besoins et ses émotions et qui, en cas de détresse, sait y répondre, est fondamentale pour un enfant. Quand les parents ne comblent pas le besoin d’attachement des enfants, alors l’enseignant peut représenter cette figure d’attachement indispensable à la construction.

Le mode d’attachement sécurisé à l’enseignant procure à l’enfant les meilleures conditions d’apprentissage

L’enfant ou l’adolescent rencontrant des difficultés et se sentant anxieux, triste ou en colère pourra – au lieu de se dévaloriser en se disant “Je suis nul d’être angoissé, accablé, énervé” – reprendre confiance en lui s’il trouve auprès de l’enseignant quelqu’un capable de l’écouter et de le comprendre sans jugement ni humiliation, condition indispensable pour apprendre. – Catherine Gueguen

Un attachement sécurisé à l’enseignant améliore le développement intellectuel de l’enfant

En 2013, Elena Commodari a mené une étude sur des élèves de 4 à 5 ans. Elle a montré que les enfants qui présentent un attachement sécurisé à leur enseignant.e améliorent leur socialisation, ont envie de découvrir, d’apprendre et réussissent mieux.

L’attachement sécurisé à l’enseignant augmente l’acquisition des compétences socio-émotionnelles, linguistiques et cognitives.

Un attachement sécurisé à l’enseignant peut entraver les conséquences d’un attachement insécurisé à la figure d’attachement primaire

Quand l’enseignant est chaleureux.se et empathique, l’enfant à l’attachement insécurisé arrive à nouer des relations intimes avec lui/elle et devient moins agressif. Par sa posture chaleureuse et encourageante, un.e enseignant peut contrecarrer les difficultés engendrées par un attachement insecure (Buyse, 2011).

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Source : Heureux d’apprendre à l’école : comment les neurosciences affectives et sociales peuvent changer l’éducation de Catherine Gueguen (éditions Poche Marabout). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.

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