[Discipline positive] Les 4 R de la punition : pour une discipline non punitive à l’école

Les méfaits à long terme de la discipline punitive à l’école

discipline non punitive à l'école

Jane Nelsen, conceptrice de l’approche de la discipline positive, nous invite à nous interroger sur les résultats à long terme de la discipline punitive (à l’école et ailleurs). Elle constate que les punitions sont utiles à court terme dans le sens où le comportement inapproprié disparaîtra sur le coup (bien que ceci ne soit pas toujours une vérité). La punition est peut-être efficace à court terme mais quels en sont les résultats à long terme ?

Jane Nelsen propose un modèle pour résumer les résultats négatifs des punitions à long terme : les 4 R de la punition.

Les 4 « R » de la punition

1. La Rancoeur

Les enfants punis peuvent estimer que d’une part la punition n’est pas juste et d’autre part ils ne peuvent pas faire confiance aux adultes (parents et enseignants).

2. La Revanche

Les enfants punis auront envie de gagner à la prochaine confrontation pour rééquilibrer le jeu de pouvoir.

3. La Rébellion

La plupart des enfants punis refusent la soumission. Ils ont alors à cœur de prouver aux adultes que ces derniers ne peuvent pas les obliger à faire ce qu’ils veulent.

4. Le Retrait

Le retrait peut s’exprimer sous deux formes :

  • l’élaboration de stratégies du « pas vu, pas pris »,
  • la baisse de l’estime de soi : « Je ne vaux rien, je suis méchant, je suis nul, je mérite de souffrir voire de mourir ».

discipline non punitive à l'école

Pourquoi adopter une discipline non punitive (plutôt qu’une discipline répressive) ?

Le fait d’humilier, de culpabiliser, de frapper ou de dévaloriser ne donne pas envie de coopérer et encore moins de faire mieux.

Comment un enfant soumis au système des punitions/ récompenses peut-il développer une quelconque responsabilité de sa propre conduite ?

Comment un enfant éduqué à la peur ou à la menace va-t-il se conduire en dehors de la présence de l’adulte ?

La peur sous-tend une attitude de « pas vu, pas pris » (ou “quand le chat n’est pas là, les souris dansent”). Isabelle Filliozat, figure de proue de la parentalité positive, affirme que l’éducation selon un système de punitions/ récompenses enseigne la peur de la punition plutôt que le respect des règles parce que celles-ci sont bonnes pour la vie collective et pour la personne (notamment pour sa sécurité).

Elle cite l’exemple de l’amnistie proposée par Jacques Chirac  en 1995 : les amendes de stationnement à Paris ont été annulées. Une grande partie des automobilistes parisiens s’est alors garée sur les stationnements interdits, les couloirs de bus ou autres emplacements gênant la circulation : pas de risque d’être verbalisés donc pas besoin de respecter la règle… qui va pourtant dans le sens de la communauté ! Cette attitude a empêché certains véhicules de secours de circuler normalement (pompiers et ambulances).

Jane Nelsen renchérit :

Les enfants ne développent pas des compétences positives (constructives et utiles) fondées sur les ressentis et les décisions inconscientes résultant de punitions.

 

La discipline positive vise une discipline efficace à long terme :

  • qui enseigne des compétences sociales,
  • qui favorise une personnalité agissant avec respect, intérêt pour les autres, responsabilité et coopération,
  • qui invite les enfants à avoir confiance en leur propres capacités, leurs propres aptitudes personnelles,
  • qui apprend aux enfants à se servir de leur potentiel personnel de manière constructive, aidante et utile,
  • qui développe l’auto discipline et le sens de la responsabilité individuelle.

Les personnes sceptiques quant à cette approche évoque souvent le fait que les adultes vont pourtant en prison quand ils commettent un crime ou un délit. Or il existe également des alternatives à la répression pour les adultes. C’est notamment le principe de la justice restaurative.

 

Pour aller plus loin et passer à la pratique :

L’impasse de la punition à l’école : pourquoi punir est-il inefficace et nocif ? comment faire autrement ?

8 options pour remplacer les punitions à l’école

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Source : La Discipline positive dans la classe de Jane Nelsen et Lynn Lott (éditions Le Toucan). Disponible en librairie, en médiathèque ou sur internet.

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