10 petits contes inspirants à lire aux enfants (éthique, jalousie, cupidité, confiance en soi)

10 petits contes inspirants à lire aux enfants (éthique, jalousie, cupidité, confiance en soi)

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Lire des contes issus du monde entier et porteurs de sagesse avec les enfants permet de les exposer à de belles idées et d’ouvrir la voie à une réflexion sur les valeurs à cultiver dans la vie, leur apprend à relativiser leur point de vue et à se mettre à l’écoute de celui des autres. On pourra suivre la lecture de ces courts contes par des questions à visée philosophique (ils s’inscrivent très bien dans une démarche d’ateliers philo par exemple) : à quel moment as-tu déjà été débordé par ta jalousie ? qu’est-ce qui a déjà ébranlé ta confiance en toi ? comment cela s’est-t-il traduit ? qu’est-ce que cela t’a poussé à faire ?

1.Les trois vérités du serin : un conte indien qui nous invite à réfléchir sur la cupidité et la jalousie

Un chausseur prit au piège un petit oiseau couleur jaune, un serin. Il allait le tuer pour le faire cuire car il était tiraillé par les cris de son corps en dépit de la maigre prise, lorsque le petit oiseau s’adressa à lui : 

– Regarde moi ! Vois ! Je suis minuscule et maigre. Tu ne feras de moi qu’une bouchée. Laisse moi la vie sauve et je te révélerai trois vérités qui te seront utiles dès demain et tout au long de ton existence. 

A cette époque, en ces temps reculés, les hommes et les animaux terrestres avaient l’habitude de se comprendre et de parler ensemble lorsque la nécessité se faisait force de loi. 

– Comment te croirai-je ? répliqua la chasseur. Ce n’est qu’une ruse, un mensonge éhonté de ta part, pour avoir la vie sauve !

– Non, non ! jura l’oiseau. Je t’assure ! Je te dirai la première vérité lorsque je serai encore dans ta main; la deuxième une fois perché sur ton épaule et tu pourras toujours m’attraper facilement; et la troisième dès que je serai là haut sur la branche, dans l’arbre, toujours à ta portée. 

Le chasseur jugea le marché équitable.

– C’est d’accord, fais moi entendre la première vérité. 

– Si tu perds quelque chose, lui dit le serin, tu ne dois jamais le regretter, car la vie doit aller de l’avant, et non s’encombrer du passé. Que demain ne soit pas l’otage d’hier, car vivre dans le passé, être dans la nostalgie, c’est oublier le présent et se fermer les portes du futur… Vivre, c’est vivre l’instant présent. 

Le chasseur réfléchit et trouva que c’était une bien belle vérité. Combien de gens ne cessent de ressasser le passé “avant, c’était mieux !”. Et il en faisait partie…

Il tint donc parole et laissa l’oiseau s’envoler vers l’arbre voisin.

– Si l’on te raconte quelque chose d’absurde ou d’invraisemblable, lui cria le serin, refuse toujours de le croire, à moins qu’on ne t’en donne une preuve éclatante. Fais confiance mais vérifie par toi-même et multiplie tes sources. 

Le chasseur acquiesça avec force car combien de ses semblables ne prennent plus le temps de réfuter, de vérifier, d’argumenter et d’arrêter de vivre des “abrégés du vrai”…

Sur ce, l’oiseau s’envola hors d’atteinte et commença à rigoler, à rire et à se moquer du chasseur. 

– Comme tu es bête et comme je t’ai bien eu ! Sache qu’il y a dans mon coeur deux diamants pesant chacun plus de cinquante grammes. Non seulement si tu me tuais, ils étaient à toi… tu serais riche, et en plus tu te serais fais plaisir en te délectant de ma chair tendre et parfumée… Mais tu m’as laissé partir !

Fou de rage, le chasseur s’en arracha les cheveux en regrettant de ne pas avoir tué l’oiseau. Puis il dit au serin : 

– Je le savais, je le savais ! Tu vois, la vie n’est qu’un mensonge. Mais au moins, tu as la vie sauve, en contre partie, révèle-moi au moins la troisième vérité !

– Pour quoi faire, lui répliqua le serin, puisque tu n’es qu’un idiot qui ne met pas en pratique ce que nous venons de dire ? Je t’avais dit de ne jamais rien regretter, et tu regrettes déjà ton geste de m’avoir libéré. Je t’avais dit de ne pas croire des choses invraisemblables, et tu as cru qu’un petit oiseau comme moi, qui ne pèse pas plus de quinze grammes dans ta main, peut renfermer deux diamants de cinquante grammes. Pauvre fou ! 

Mais voici tout de même la troisième vérité qui te concerne plus que tout autre et concerne tous tes semblables : la convoitise, la cupidité, la jalousie aveuglent le cœur des hommes et ce sont par elles que vous êtes tous abusés. 

Sur ces belles paroles, le petit serin s’envola à tout jamais…

 

2.Le puissant seigneur : un conte pour apprécier les instants du quotidien et réapprendre à s’émerveiller

Est pauvre non pas celui qui n’a rien mais celui qui envie. – Malek Boukerchi

L’émerveillement est le pilier de toutes les espérances joyeuses du monde à venir. Tout est dans le regard, comme l’illustre ce conte qui nous invite à voir le monde autrement.

Un puissant seigneur extrêmement riche et un pauvre paysan avaient chacun un fils. Le puissant seigneur monta avec son fils en haut d’une montagne, lui montra avec fierté le paysage en contrebas et lui dit avec engouement :

– Regarde, mon fils ! Un jour, tout cela sera à toi, le jour de ta succession !

Le fils ressentit alors une grande exaltation, une ivresse de puissance, un bonheur intense. Mais tandis qu’il redescendait doucement de la montagne, sa joie fut perturbée par des pensées de peurs, de craintes : et si son père demain changeait d’avis ? et si des intrigants prenaient le pouvoir ? et s’il disparaissait le lendemain sans qu’il ait eu le temps de lui transmettre la charge ? et si… ?

Le paysan pauvre monta avec son fils sur l’autre versant de la même montagne, au même moment; il lui montra le même paysage et lui dit avec amour :

– Regarde, mon fils ! Regarde !

Le fils resta là, attentif aux sons, aux odeurs, aux couleurs, aux images, et s’imprégna de la majesté du monde, le cœur emplit de joie…

 

3.La jarre abîmée : un conte pour reprendre confiance en soi

Le conte de la jarre abîmée nous invite à méditer sur ce qu’on considère habituellement comme des erreurs ou des manquements.

Un porteur d’eau indien transportait deux grandes jarres aux extrémités de sa planche. L’une des jarres était fêlée et perdait presque la moitié de son précieux contenu au cours de chaque voyage, alors que l’autre conservait toute son eau de source jusqu’à la maison du maître.

La situation dura ainsi pendant deux ans. Deux ans au cours desquels le porteur d’eau ne livra qu’une jarre et demie d’eau, chaque jour, à son maître. Bien sûr, la jarre sans défaut était fière de sa performance : elle parvenait à remplir sa fonction du début à la fin sans faillir. Mais la jarre abîmée, elle, avait honte de son imperfection. Et se sentait démoralisée de ne pouvoir accomplir que la moitié de sa tâche.

Au bout de ces deux ans, qu’elle considérait comme un échec complet, la jarre abîmée dit au porteur d’eau, un jour qu’il la remplissait à la source :

« Je me sens coupable et je te prie de m’excuser…

– Pourquoi ? demanda le porteur d’eau. De quoi as-tu honte ?

– Depuis deux ans, je n’ai réussi à porter que la moitié de ma charge à notre maître à cause de cette brèche qui fait fuir l’eau. Par ma faute, malgré tous tes efforts, tu ne livres à notre maître que la moitié de l’eau prévue. Tu n’obtiens pas la reconnaissance complète de tes efforts », lui expliqua la jarre abîmée.

Touché par cet aveu et plein de compassion pour la jarre, le porteur d’eau lui répondit : « Je vais te demander quelque chose. Tout à l’heure, quand nous reprendrons le chemin du retour vers la maison du maître, je veux que tu observes les fleurs qui poussent sur le bord du sentier… »

Au fur et à mesure que le porteur d’eau avançait le long de la colline, la vieille jarre apercevait le bord du chemin couvert de fleurs baignées de soleil. Sur le moment, celles-ci lui mirent du baume au coeur. Mais à la fin du parcours, la tristesse l’envahit de nouveau : la jarre avait encore une fois perdu la moitié de son eau!

Le porteur d’eau dit alors à la jarre : « Ne t’es-tu pas aperçue que toutes ces belles fleurs, elles poussent de ton côté du chemin, alors qu’on n’en voit à peine du côté de la jarre en bon état? »

« J’ai toujours su que tu perdais de l’eau et j’en ai tiré parti. J’ai planté des semences de ton côté du chemin. Et chaque jour, tu les as arrosées de ton précieux contenu. Grâce à toi, j’ai pu pendant ces deux ans cueillir de magnifiques fleurs qui ont décoré la table du maître. Sans toi, jamais je n’aurais trouvé de fleurs aussi fraîches, aussi gracieuses, aussi colorées. »

C’est ainsi que la jarre abîmée apprit, attendrie, qu’elle apportait elle aussi sa part de bonheur dans la vie.

 

4.La légende du colibri : pour nourrir le besoin de contribuer et avoir foi en son pouvoir personnel d’action

La légende du colibri est une histoire d’origine amérindienne qui invite chacun à prendre sa part. Rien ne dit qu’une seule de nos actions ne peut changer nos vies !

Un jour, dit la légende, il y eut un immense incendie de forêt. Tous les animaux observaient le désastre, terrifiés et impuissants. Seul le petit colibri s’activait, allant chercher quelques gouttes d’eau dans son bec pour les jeter sur le feu. Au bout d’un moment, les autres animaux, agacés par ses agissements dérisoires, lui dirent : “Colibri, tu es fou ! Tu crois que c’est avec ces gouttes d’eau que tu vas éteindre le feu ? 

« Non mais je fais ma part » répétait le petit colibri aux autres animaux incrédules. Et si chacun faisait de même ?

L’histoire complète dans ce livre : La légende du Colibri (éditions Actes Sud Junior/ Colibris)

 

5.Les deux loups : le pouvoir de choisir le bien ou le mal

Un vieil indien explique à son petit fils que chacun de nous a en lui deux loups qui se livrent un combat terrible. Le premier loup représente la joie, la paix, l’amour, l’espoir, l’humilité, l’empathie et la gentillesse. Le second loup représente la peur, la jalousie, l’arrogance, les sentiments d’infériorité et de supériorité et la haine.

“Lequel des deux loups gagne ?” demande alors l’enfant.

“Celui que l’on nourrit”, répond le grand-père.

Dans toutes les situations, nous pouvons nous poser cette question : Lequel des deux loups est-ce que je choisis de nourrir ?

Nous nourrissons le premier loup chaque fois que l’énergie qui nous motive est de rendre notre vie et celle des autres plus belles : « je choisis de… parce que je veux… ».

 

6. La grenouille sourde : pour se faire confiance et aller au-delà des critiques décourageantes

Une bande de grenouilles décida d’organiser une course. L’enjeu était d’être la première à arriver tout en haut d’une tour très haute.

Dès que la nouvelle de la course se répandit dans le village, des tas de grenouilles curieuses se rassemblèrent pour voir et soutenir les concurrentes.

Pleines de courage et de motivation, les candidates se placèrent sur la ligne de départ et commencèrent à grimper.

Mais très vite, les  grenouilles du public se mirent à faire des commentaires décourageants et négatifs: “Elles n’y arriveront jamais !”, “Elles sont bien trop lentes !”

Au bout de quelques minutes, certaines grenouilles en course se sentirent démotivées et abandonnèrent. Celles qui persévérèrent finirent par succomber à la fatigue.

Alors qu’il ne restait que quelques grenouilles en lice, les commentaires des grenouilles spectatrices reprirent de plus belle : “Pour qui se prennent-elles, si c’était possible, nous l’aurions déjà fait !” dirent certaines. “On n’a jamais vu pareille sottise, les grenouilles ne sont pas faites pour grimper !” dirent d’autres.

Au fil du temps, les dernières concurrentes firent gagner par le découragement.

Toutes. Sauf une.

Cette dernière grenouille grimpait lentement, sans relâche, tandis qu’autour d’elle les commentaires se faisaient de plus en plus négatifs : « Descends, tu n’y arriveras jamais ! ». « Tu es ridicule ! ».

Pourtant, la petite grenouille continua à avancer, lentement mais sûrement, sans faiblir.

Après un dernier effort, elle finit par gagner le sommet. Toutes les autres grenouilles se précipitèrent autour d’elle pour savoir comment elle avait fait pour réaliser ce que personne au monde n’avait encore jamais fait. L’une d’entre elles s’approcha pour lui demander sa recette.

C’est alors qu’elle découvrit que la petite championne était sourde…   

 

7.Les 6 aveugles : s’ouvrir aux points de vue des autres.

Un jour, le roi Face-de-Miroir décida de réunir tous les savants de son royaume afin qu’ils lui expliquent la vérité de la vie et lui disent le sens de l’existence. Les savants arrivèrent un à un dans le palais, ils s’installèrent dans une grande salle avec leurs livres, leurs papiers, leurs porte-plumes. À la question du roi: « Quelle est la vérité de la vie ? », chacun répondit :

– Moi, je connais la vérité. Écoutez-moi, je vais vous l’expliquer.

Mais tout de suite, il y eut un autre savant pour s’écrier:

– Un instant ! tout ceci n’est que mensonges. Moi, je connais la vérité. Et je vous affirme que…

Alors un autre savant exigea le silence, car lui, il pouvait répondre à la question du roi. Mais personne ne le laissa parler. En fait, chacun criait :

– Je sais ce qui est le vrai et tout le reste est mensonge !

Bientôt, ils en vinrent à des insultes, puis chacun essaya de taper sur la tête de son voisin avec ses livres de sagesse. Dans la grande salle du palais régnait un beau tumulte. D’abord le roi s’en étonna puis il s’en amusa. Enfin, il alla trouver son ministre et lui dit :

– Allez dans la ville, rassemblez tous les aveugles de naissance que vous y rencontrerez.Ensuite, conduisez-les jusqu’ici.

C’est ce que fit le ministre et bientôt il amena un groupe d’aveugles. Le roi demanda alors qu’on fit venir un éléphant. Quand la bête se tint devant les aveugles, on guida leurs mains vers l’animal et le roi leur demanda : «Dites moi ce qu’est un éléphant. ».

Le premier dit : « Moi, je connais la vérité. Un éléphant, c’est un gros serpent très fort et très musclé. »

Un autre s’écria tout de suite : « Un instant ! tout ceci n’est que mensonge. C’est un tronc d’arbre solide et rugueux.»

Le troisième exigea le silence en affirmant que c’est une corde fine et lisse.

Un autre les traita d’incultes et dit sentencieusement : « Un éléphant, c’est une voile chaude et épaisse. »

Mais pas du tout dit un cinquième : « L’éléphant c’est un bâton froid et lisse. »

Quand on donna la parole au dernier il jura par tous les dieux qu’un éléphant c’est un grand mur qui palpite.

Et les savants assistèrent à cette scène étonnante : les aveugles de naissance se disputaient, chacun accusant les autres de mensonge et tous affirmant qu’eux seuls connaissaient toute la vérité sur l’éléphant.

Alors, le roi leur dit : « Vous avez tous dit vrai ! Mais chacun de vous ne détient qu’une part de la vérité. Oui, mon éléphant est fait d’un mur qui palpite, c’est son ventre. Il a quatre troncs d’arbres solides et rugueux, ce sont ses pattes. La corde fine et lisse c’est sa queue. Il a deux grandes voiles chaudes et épaisses, ce sont ses oreilles. Il a deux bâtons froids et lisses, ce sont ses défenses d’ivoire. Le gros serpent très fort et très musclé, c’est sa trompe ! C’est tout cela un éléphant et bien d’autres choses encore ! »

Et le roi les congédia tous.

8.Le petit tailleur : comprendre le rôle des étiquettes qu’on pose sur les gens

Dans un pays loin d’ici, vivait un petit tailleur, gentil garçon et très travailleur. Sa vie était faite d’habitudes et tous les jours se ressemblaient. Un jour, il prit son courage à deux mains et décida de changer ses habitudes. Il se prépara alors un bon goûter, chose qu’il ne s’était jamais autorisé auparavant vivant de pain sec et d’eau. Il choisit de mettre de la confiture sur une belle tranche de pain frais et croustillant. C’est alors que des mouches encerclèrent la tartine et commencèrent à s’agglutiner sur la confiture. 

Exaspéré, le petit tailleur prit une tapette et en aplatit une quantité non négligeables.
“Sept d’un coup ! Pour un premier essai, c’est vraiment réussi !”, cria-t-il ravi et étonné à la fois. 
 
Il était si content de sa réussite qu’il se mit à crier : “Sept d’un coup !” partout dans la ville.

Rapidement, le bruit se répandit que le petit tailleur avait vaincu à lui tout seul sept méchants d’un coup qui l’attaquaient.

Quand la rumeur parvint aux oreilles du roi, celui-ci le convoqua aussitôt au palais :

“Notre ville est menacée par un géant féroce. Toi seul, qui as vaincu par la seule force de tes bras sept méchants d’un coup, peut nous sauver  !” Et le souverain royal ajouta sous forme de menace : “Si tu réussis, tu épouseras ma fille, sinon, tu finiras ta vie en prison !”

Le tailleur n’osa pas rétablir la vérité et fut contraint d’affronter le géant. Pour mener sa mission à bien, il chercha une arme dans sa maison, mais, étant très pauvre, tout ce qu’il trouva furent un bout de fromage et un oisillon dans sa cage. Il les déposa délicatement dans sa poche et se résolut à partir défier le géant.

Quand le grand géant aperçut ce si petit petit tailleur, il décida de l’effrayer. Il saisit une énorme rocher et, d’une main d’une seule, la réduisit en miette. Sans le laisser impressionner, le petit tailleur courageux fit mine de ramasser une pierre comme le géant mais saisit le fromage dans sa poche et le pressa pour en faire couler le lait.

Le géant n’en revenait pas : un si petit tailleur capable de réduire une pierre en bouillie liquide ! Il ne l’aurait pas cru si fort !

Vexé, il prit un rocher encore plus gros que le précédent et le lança si haut et si fort qu’il retomba à terre dans un bruit de tonnerre.

A nouveau, le petit tailleur ne se laissa pas impressionner.  Il dit au géant : “Je vais faire mieux que toi. Je vais lancer une pierre tellement haut dans le ciel qu’elle ne retombera pas !”
 
Il fit alors semblant de ramasser une pierre mais, à la place, lança l’oisillon qui s’envola le plus loin possible, revigoré par sa liberté retrouvée !
Cette fois, le géant fut totalement épouvanté et s’enfuit à grandes jambes de ce pays maudit. Le courageux petit tailleur se présenta victorieux devant le roi qui tint sa promesse. C’est ainsi qu’un petit tailleur devient un grand prince. 

9.Le vieil homme sage : ouvrir son coeur 

Il était une fois un vieil homme très sage, assis à la porte d’une ville.
Un jeune visiteur, étranger à cette ville, s’approcha de lui et lui posa cette question : “Je ne suis pas d’ici, je viens de loin ; dis moi, vieil homme, comment sont les habitants de cette ville ?”

Au lieu de lui répondre, le vieillard s’adressa à lui en lui posant une question : “Et dans la ville d’où tu viens, comment les habitants étaient-ils donc ?”

Le jeune homme répondit aussitôt, plein de colère et de rancoeur : “Ils étaient sous sans exception égoïstes et méchants, avares et haineux, à tel point que je pouvais plus supporter aucun d’entre eux, ni de près ni de loin ! C’est pourquoi j’ai préféré partir et que je cherche un nouvel endroit où m’installer.”
Le vieil homme très sage répondit avec regret : “Ah, mon pauvre ami ! Je te conseille de passer ton chemin : les gens d’ici sont tout aussi méchants et tout aussi égoïstes que là d’où tu viens !”

Un peu plus tard dans la journée, un autre jeune homme s’approcha du même vieillard : “Bonjour, cher ancien que je salue et respecte. J’arrive tout juste en ces lieux et je voudrais en savoir plus sur ses habitants ; dis-moi, comment sont les gens qui vivent dans cette ville ?”

Au lieu de lui répondre, le vieillard s’adressa à lui en lui posant une question : “Et dans la ville d’où tu viens, comment les habitants étaient-ils donc ?”

Le jeune homme répondit dans un grand sourire : “Oh, ils étaient honnêtes, bons et généreux ! Je n’avais que des amis dans ma ville d’origine et c’est avec chagrin que j’ai du les quitter !”

Le vieil homme très sage répondit avec joie : “Ah, mon cher ami ! Ici également, tu ne trouveras que des gens honnêtes, bons et généreux. »

Un marchand qui se reposait non loin de là et qui avait tout entendu s’adressa au vieil homme sage en ces termes : “Comment est-il possible, ô vieil homme que je prenais pour un sage, de donner, à la même question, deux réponses aussi diamétralement opposées ?”

“Mon fils, déclara le vieil homme avec malice, chacun de nous porte en son coeur son propre monde et le retrouvera en tous lieux. Ouvre ton coeur et ton regard sur les autres et sur l’univers sera changé.”

10.Le père, le fils et son âne : relativiser les critiques

Nasreddine, le fou qui était sage, dit un jour à son fils, alors âgé de douze ans :

– Demain, tu m’accompagneras au marché.

Tôt le lendemain matin, ils quittèrent ensemble la maison. Nasreddine prit place sur le dos de leur âne, son fils marchant à leurs côtés. A l’entrée de la place du marché, un groupe d’homme assis en bord de route se moquèrent de Nasreddine et de son fils :

– Regardez-moi cet homme, il n’a aucune pitié ! Il est confortablement assis sur le dos de son âne et il laisse son jeune fils marcher à pied.

Nasreddine dit alors à son fils :

– As-tu bien entendu ? Demain tu m’accompagneras à nouveau au marché !

Le deuxième jour, Nasreddine et son fils firent le contraire de la veille : c’est le fils qui monta sur le dos de l’âne et Nasreddine marcha à côté d’eux. A l’entrée de la place, les hommes étaient là, qui trouvèrent encore à redire :

– Regardez cet enfant, il n’a aucune éducation, aucun respect envers ses parents. Il est assis tranquillement sur le dos de l’âne, alors que son père, le pauvre vieux, est obligé de marcher à pied !

Nasreddine dit à son fils :

– As-tu bien entendu ? Demain tu m’accompagneras à nouveau au marché !

Le troisième jour, Nasreddine et son fils sortirent de la maison à pied en tirant l’âne derrière eux, et c’est ainsi qu’ils arrivèrent au marché. Les même hommes étaient toujours au même endroit et ne manquèrent pas de déverser leur flot de critiques  :

– Regardez ces deux idiots, ils ont un âne et ils n’en profitent même pas. Ils marchent à pied sans savoir que l’âne est fait pour porter des hommes.

Nasreddine dit à son fils :

– As-tu bien entendu ? Demain tu m’accompagneras à nouveau au marché !

Le quatrième jour, lorsque Nasreddine et son fils quittèrent la maison pour se rendre au marché. Ils étaient tous les deux assis sur le dos de l’âne. A l’entrée du marché, les hommes étaient fidèles à leur poste :

– Regardez ces deux-là, ils n’ont aucune pitié pour cette pauvre bête !

Nasreddine dit à son fils :

– As-tu bien entendu ? Demain tu m’accompagneras à nouveau au marché !

Le cinquième jour, Nasreddine et son fils arrivèrent au marché en portant l’âne sur leurs épaules. Les hommes ne purent s’empêcher d’éclater de rire :

– Regardez ces deux fous, il faut les enfermer. Ce sont eux qui portent l’âne au lieu de monter sur son dos.

Et Nasreddine dit à son fils ;

– As-tu bien entendu ? Quoi que tu fasses dans ta vie, les gens trouveront toujours à redire et à critiquer.