Comprendre la complexité du mécanisme d’attention chez les enfants

Comprendre toute la complexité de la tâche de l’attention et les étapes nécessaires à son acquisition par les enfants

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L’attention regroupe une série de processus psychologiques impliqués dans la préparation et dans la réalisation d’une action déterminée. Initialement, il est nécessaire de sélectionner les informations les plus pertinentes qui doivent être utilisées pour atteindre l’objectif espéré. On ne peut faire cela d’une manière superficielle sans risque de se tromper. Donc, il s’agit de bien analyser, même si c’est inconscient, de manière approfondie chaque information disponible. C’est souvent là qu’un enfant peut avoir de la difficulté, quand on ne lui a pas appris à prioriser ce qui est essentiel et ce qui l’est moins. Par ailleurs, une chose peut lui être essentielle sans qu’elle ne le soit pour l’adulte. Attention à notre orgueil ! – Joël Monzée

Joël Monzée est est docteur en neurosciences et professeur associé au département de pédiatrie de l’université de Sherbrooke (Québec). Dans son livre J’ai juste besoin d’être compris, il tient à illustrer l’ampleur des capacités à développer pour un enfant ou un adolescent (voire un adulte) de manière à maintenir une attention continue. Nous pouvons ainsi mieux comprendre toute la complexité de la tâche de l’attention et les étapes nécessaires à son acquisition par les enfants.

Les quatre dimensions de l’attention

Joël Monzée rappelle que l’attention repose sur quatre dimensions. Chaque dimension comprend un ensemble de comportements reflétant diverses capacités et habiletés qui se développent progressivement. Ce développement peut prendre des années et dépend des habitudes de vie.

Il y a des étapes franchies une à une par les élèves et les étudiants, mais elles ne sont optimales que dans la quarantaine et, peut-être, après. De plus, un paquet de facteurs peuvent perturber chaque capacité ou habileté, ce qui nuit dès lors à l’attention au sens large. – Joël Monzée

1.La vitalité

Sans vitalité, il est difficile d’avoir l’intensité nécessaire. A l’inverse, un excès d’intensité peut conduire à des réactivités normales, mais embêtantes dans un cadre scolaire traditionnel ou dans un cadre social/ familial.

La vitalité permet de s’assurer de la disponibilité d’une personne pour traiter et répondre efficacement à une stimulation particulière.

Le niveau de vitalité fait entrer en jeu :

  • L’état d’alerte

L’ état d’alerte permet d’agir rapidement à la suite d’un signal ou après un certain temps quand il y a un délai imposé.

  • La vigilance

L’état de vigilance est à considérer en regard du contexte d’exécution de la tâche. Deux pièges peuvent se présenter :

-l’hypervigilance (être aux aguets),

-la sous-vigilance (être désinvolte).

Trop ou trop peu de vigilance peut nuire à la qualité de l’intensité déployée durant la tâche à réaliser.

  • Le maintien de l’attention

Quand il y a maintien de la disponibilité mentale sur une période requise, on parle d’attention soutenue.

2.La sélectivité

L’attention requiert une certaine capacité de sélectivité. Cette capacité consiste à isoler un élément particulier pour le traiter.

La sélectivité repose sur :

  • la capacité à choisir (l’isolement d’un élément se fait au détriment des autres)
  • l’inhibition des éléments non pertinents (ne pas se laisser distraire par des informations non pertinentes, des stimuli extérieurs comme le chant d’un oiseau ou le mouvement des feuilles des arbres dehors ou encore des émotions perturbatrices telle que la peur de l’échec ou une angoisse familiale)
  • la capacité à prioriser des éléments et de les classer dans un ordre logique (en vue d’une efficacité optimale).
  • l’utilisation des informations dans un but précis et défini auparavant

Faire preuve de sélectivité est très difficile pour un enfant : il doit apprendre à sélectionner, à prioriser et à maintenir son effort jusqu’à la résolution du problème face auquel il se trouve ou l’atteinte de son objectif.

3.Le contrôle des comportements

L’enfant doit pouvoir faire preuve d’un contrôle adéquat de ses comportements. Pour faire preuve d’une attention soutenue et de qualité, il doit avoir acquis :

  • la capacité de s’organiser de manière efficace,
  • l’orientation de l’attention vers les différents éléments d’une situation dans un objectif d’atteindre les objectifs de l’action,
  • un certain recul,
  • une solide confiance en lui,
  • du discernement,
  • une assise émotionnelle bien acquise.

4.Le partage de l’attention

La quatrième dimension de l’attention concerne le partage de l’attention (ou plutôt le fait de passer rapidement d’une sources d’informations à l’autre parce que le cerveau ne trait pas simultanément deux informations en même temps).

Le contexte, une situation stressante, comme le passage d’un examen, peut influer sur la capacité et la rapidité à passer d’une source d’information à l’autre .

 

Ainsi, on comprend que le maintien d’une qualité d’attention partagée et soutenue, dont les enfants ont besoin pour réussir à l’école, est une habileté neurologique complexe. Selon Joël Monzée, elle ne peut être acquise en dessous de 7 ans et reste difficile durant toute l’enfance et l’adolescence.

Par ailleurs, Joël Monzée rappelle que le raisonnement et la manière de répondre à une question peuvent être perturbés par une multitude de facteurs : un défaut d’audition, une hypersensibilité sensorielle, un désintérêt pour le sujet (dépendant des goûts et des passions), des émotions  qui émergent face à un mot particulier prononcé, des souvenirs ramenés à la conscience par un son…

Même des adultes peuvent éprouver des difficultés d’attention dans les situations suivantes : des tâches peu motivantes, beaucoup de mots à traiter dans un texte, beaucoup d’informations à trier et traiter…

Il est évidemment nécessaire que les enfants apprennent ce qu’ils peuvent ou ne peuvent pas faire (dans un cadre scolaire, familial…) mais ils ont aussi besoin d’un certain temps pour tempérer leurs pulsions naturelles. Par ailleurs, plus il y a perte de plaisir, plus le risque d’une perte d’attention est élevé.

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Source : J’ai juste besoin d’être compris ! de Joël Monzée (éditions Dauphin Blanc)

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