Comment gagner de l’espace dans la mémoire ?

Comment gagner de l’espace dans la mémoire ?

comment gagner de l'espace dans la mémoire

La mémoire de travail est l’endroit du cerveau où la réflexion a lieu. Nous y rassemblons des idées et les transformons en quelque chose de nouveau. Mais notre mémoire de travail est limitée, et si nous essayons d’y entreposer trop d’éléments, la pensée devient confuse et nous perdons le fil du problème que nous essayions de résoudre, de l’histoire que nous tentions de suivre ou encore des différents arguments que nous étions en train d’évaluer avant de prendre une décision complexe.

Les personnes qui ont plus de place dans leur mémoire de travail parviennent mieux à réfléchir. Même si nous ne pouvons pas accroître l’espace disponible dans notre mémoire de travail, nous pouvons réduire l’espace utilisé par les éléments que nous y glissons de deux façons différentes :

  1. en regroupant les informations pour qu’elles prennent moins de place dans la mémoire à court terme. On ne peut en effet maintenir dans la mémoire à court terme que + ou – 7 éléments à la fois. C’est pour cette raison qu’on regroupe les chiffres des numéros de téléphone pour les retenir par exemple.
  2. en automatisant le processus qui permet de faire glisser les informations de la mémoire de travail à la mémoire de long terme. L’entraînement a des effets positifs sur l’automatisation des processus mentaux, sur la durée du souvenir, le transfert de connaissances à des situations nouvelles.

gagner de l'espace dans la mémoire

1.Regrouper les informations

Regrouper les informations augmente l’espace disponible dans la mémoire de travail et facilite donc l’association d’idées, cet espace mental pouvant servir à lier des informations entre elles.

Quand on doit apprendre une liste, on peut regrouper les mots de la liste en sous catégories cohérentes. Quand on regroupe les mots qui vont ensemble, cela permet d’optimiser la mémorisation.

Ces catégories peuvent prendre différentes formes :

  • même thème (exemple : les fruits d’un côté, les légumes de l’autre)
  • même première lettre (par exemple, tous les mots qui commencent par A d’un côté, ceux qui commencent par S de l’autre…)
  • même racine (exemple : les racines grecques d’un côté, les racines latines de l’autre)
  • même couleur

On pourra aussi travailler en “poupées russes” :

  • d’abord classer en plusieurs catégories (fruits et légumes)
  • puis subdiviser chaque catégorie en plusieurs autres catégories (parmi les fruits, les rouges, les jaunes, les verts, les oranges)
  • et ainsi de suite…

 

Je me rappelle par exemple d’un cours d’Histoire au sujet des avancées et découvertes de la Renaissance. Nous les avions regroupées en catégories : peinture, sculpture, sciences, architecture, transports. Puis chaque catégorie était divisée par pays (Italie, Espagne, France, Pays-Bas) puis par artiste. Ce travail de mise en catégorie est déjà un premier travail de mémorisation car il demande de réfléchir à des points communs et à une structure cohérente.

 

2.Automatiser les processus

La seule manière d’automatiser les processus est de s’entraîner, de refaire des exercices, des gestes. L’entraînement ne sert pas seulement à aller plus vite mais également à rendre une action automatique de manière à libérer de l’espace dans la mémoire de travail.

Quand des processus comme la lecture, les résultats des tables d’addition ou de multiplication, la connaissance de la structure de problèmes mathématiques…  sont devenus automatiques, les élèves peuvent pousser leur réflexion au degré supérieur.

Travailler régulièrement est efficace contre l’oubli. Plus on travaille sur des leçons, plus on y pense, plus on s’entraîne, plus on fait des exercices. Ce n’est pas le niveau qui va être le plus déterminant dans ce que nous retiendrons d’un sujet à long terme mais le temps passé à l’étudier. Il apparaît alors qu’il est plus efficace d’espacer les révisions et de les planifier sur une longue période de temps (plutôt que bachoter au dernier moment).

L’entraînement est nécessaire pour acquérir des compétences et les améliorer (grâce à un meilleur transfert des connaissances d’une situation à une autre, de l’abstrait au concret). Il est bénéfique de continuer à s’entraîner même quand on a l’impression de ne plus progresser. Mais l’inconvénient de l’entrainement est l’ennui.

 

3 pistes pour tirer profit de l’entraînement sans trop s’ennuyer

Daniel T. Willingham propose 3 pistes pour tirer profit de l’entraînement sans trop s’ennuyer :

  • prioriser les processus mentaux qui doivent absolument devenir automatiques

Puisque la pratique rend les processus mentaux automatiques, il faut alors identifier ceux qui doivent le devenir : connaître par coeur les tables d’opération, les exceptions en grammaire,  les règles d’orthographe, les tableaux de conjugaison…

  • espacer les révisions et réactiver les connaissances régulièrement

Pour Daniel T. Willingham, il n’y a aucun gain à s’entraîner intensément sur une courte durée quel que soit le domaine. Quand les entraînements sont espacés, les élèves ont plus de temps pour réfléchir à la manière dont ils peuvent mettre en application ce qu’ils ont appris. Si les entraînements dans tel ou tel domaine sont trop regroupés et rapprochés, les élèves sauront que tous les problèmes qu’ils tentent de résoudre sont uniquement là pour illustrer la théorie qu’ils viennent d’apprendre. Mais si on inclut des informations qu’ils ont vues une semaine, un mois ou trois mois auparavant, les élèves vont devoir réfléchir et retrouver tous seuls les connaissances nécessaires pour résoudre le problème posé.

Il est donc toujours mieux de faire des révisions disséminées au cours de l’année que de travailler à fond un sujet puis de le laisser de côté jusqu’à l’année d’après.

  • proposer un contenu intéressant et varié 

L’entraînement n’a pas besoin de se faire au détriment d’un contexte intéressant. Tous les moyens imaginables d’entraîner les élèves sont bons en prendre. Ils sont encore plus efficaces quand les enfants y prennent du plaisir : les jeux sont d’excellents supports d’entraînement.

Quelques exemples sur des compétences à automatiser :

Lecture :

Conjugaison :

Grammaire :

Tables d’addition :

Tables de multiplication :

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Source : Pourquoi les enfants n’aiment pas l’école ! de Daniel T. Willingham (éditions La librairie des Ecoles). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.

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