10 citations inspirantes de Paolo Freire (pour une pédagogie de l’autonomie et de l’éthique)

10 citations inspirantes de Paolo Freire (pour une pédagogie de l’autonomie et de l’éthique)

10 citations inspirantes de Paolo Freire (pour une pédagogie de l'autonomie et de l'éthique)

Si je suis un pur produit de la détermination génétique, culturelle ou de classe, je suis irresponsable pour ce que je fais dans mon cheminement dans le monde et si je manque de responsabilité, je ne peux parler d’éthique. Cela ne signifie pas nier les conditionnements génétiques, culturels, sociaux auxquels nous sommes soumis. Il s’agit de reconnaître que nous sommes des êtres conditionnés, mais non des êtres déterminés, programmés. Reconnaître que l’Histoire est un temps de possibilité et non de déterminisme.

Enseigner exige l’incarnation des paroles par l’exemple. Penser juste est aussi faire juste. Que peuvent penser des élèves sérieux à l’égard d’un professeur qui, voilà deux semestres, parlait presque avec ardeur de la nécessité de la lutte pour l’autonomie des classes populaires et qui, aujourd’hui, affirmant qu’il n’a pas changé, tient un discours pragmatique contre les rêves et pratique le transfert magistral du savoir professoral vers l’élève ? Le professeur ne peut pas croire qu’il pense juste et, en même temps, demander à l’élève de se soumettre docilement à l’autorité.

Rien ne sert, sauf pour irriter l’étudiant et discréditer le discours hypocrite de l’éducateur, de parler de démocratie et de liberté tout en imposant à l’étudiant la volonté arrogante du maître.

Quand j’entre dans une salle de cours, je dois demeurer un être humain ouvert aux questions, à la curiosité, aux demandes des élèves, à leurs inhibitions. Je dois rester un être à l’esprit critique et interrogateur, inquiet en face de la tâche qui m’incombe – celle d’enseigner et non celle de transférer des connaissances.

Penser juste est une posture exigeante, difficile, parfois pénible, que nous devons assumer par-devant les autres et avec les autres, en face du monde et des faits, face à nous-mêmes. C’est difficile entre autre choses par la vigilance constante que nous devons exercer sur nous-mêmes pour éviter les simplissimes, les facilités et les incohérences grossières.

J’aime être humain car, inachevé, je sais que je suis un être conditionné, mais conscient de l’inachèvement, je sais que je peux aller plus loin. Telle est la différence profonde entre l’être conditionné et l’être déterminé, la différence entre l’inachevé, qui ne se sait pas comme tel, et celui qui, historiquement et socialement, s’est élevé jusqu’à la possibilité de se connaître incomplet.

Le respect de l’autonomie et de la dignité de chacun est un impératif éthique et non une faveur que nous pouvons ou non concéder aux uns ou aux autres. Le professeur transgresse les principes fondamentaux éthiques de notre existence quand il ironise sur l’élève, qu’il l’infériorise, qu’il lui enjoint de “rester à sa place” au moindre signe de sa rébellion légitime. Il les transgresse tout autant quand il se décharge de l’accomplissement de son devoir de poser des limites à la liberté des élèves, d’enseigner ou d’être respectueusement présent dans l’expérience formatrice de l’apprenant. C’est dans ce sens que le professeur autoritaire qui étouffe la liberté de l’apprenant en portant un regard mesquin sur son droit d’être curieux et inquiet, autant que le professeur permissif, rompt avec la radicalité de l’être humain – celle de son inachèvement assumé dans lequel s’enracine sa dimension éthique.

On ne peut pas respecter les apprenants dans leur dignité, en tant qu’êtres se formant, et dans leur identité en construction, si on ne prend pas en considération les conditions matérielles dans lesquelles ils vivent, si on ne reconnaît pas l’importance des “connaissances faites par l’expérience” avec lesquelles ils arrivent à l’école. Le respect dû à la dignité des apprenants ne me permet pas de sous estimer, pire de se moquer du savoir dont ils sont porteurs en arrivant à l’école.

Enseigner exige joie et espérance. Il y a une relation entre la joie nécessaire à l’activité éducative et l’espérance : l’espérance de ce que, professeur et élèves, nous pouvons ensemble apprendre, enseigner, nous inquiéter, produire, et ensemble également résister aux obstacles à notre allégresse. L’espérance fait partie de la nature humaine.

Je crois qu’une des qualités essentielles que l’autorité de l’enseignant démocratique doit révéler au travers de ses relations avec les libertés des élèves est la confiance en lui-même. C’est l’assurance qu’on exprime la fermeté avec laquelle on agit, décide, respecte les libertés, et avec laquelle on discute de ses propres positions et on accepte de se remettre en question. L’autorité démocratique exercée avec cohérence est convaincue que la véritable discipline n’existe ni dans la stagnation ni dans le mutisme de ceux qui sont réduits au silence, mais bien dans l’agitation des inquiets, dans le doute qui stimule, dans l’espérance qui réveille. L’autorité de l’enseignant rigide ne prend aucunement en compte la créativité de l’apprenant. Cela ne fait nullement partie de sa façon d’être. Il n’attend même pas que l’apprenant révèle le goût de s’aventurer.

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Source : Pédagogie de l’autonomie de Paolo Freire (éditions érès)